Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, la ville de Nice a annoncé plusieurs mesures pour limiter les déplacements et dissuader les personnes qui seraient tentées de ne pas respecter les règles du confinement durant la période de Pâques. Vendredi dernier, la municipalité avait annoncé la prise d’un arrêté interdisant « toutes activités de locations de type Airbnb, sauf pour les logements déjà occupés dans le cadre du confinement, et les hébergements hôteliers à des fins de villégiature ». Le maire de la ville, Christian Estrosi, a d’ailleurs demandé à ce que cette mesure soit étendue au niveau national.
Mais l’édile ne s’arrête pas là et souhaite même le suivi de la non-occupation des résidences secondaires. « J’ai sensibilisé les autorités de l’État afin qu’elles puissent solliciter Enedis pour vérifier que les résidences secondaires ne sont pas occupées pendant la période des vacances, afin de faire respecter la période de confinement », a-t-il déclaré sur Twitter.
Dans ce cas, Enedis pourrait donc consulter la consommation des compteurs électriques, dont Linky, qui compte actuellement plus de 243 000 installations à Nice et environ 23,4 millions dans toute la France. Le déploiement de ce compteur communicant est inscrit dans la loi relative à la « transition énergétique pour la croissance verte », en application de deux directives européennes datant de 2006 et 2009. D’ailleurs, Enedis vise à poser 35 millions de compteurs Linky à l’horizon 2021.
Selon Enedis, Linky « transmet des données de consommation et reçoit des ordres à distance ». Pour ce faire, il utilise comme premier niveau de communication le réseau basse tension. Un deuxième niveau de communication est ensuite assuré via le réseau de téléphonie mobile GPRS ou Edge entre un concentrateur et le système central.
Ce compteur communicant a suscité la polémique depuis son déploiement. Ses détracteurs dénoncent en effet les éventuelles menaces qu’il représenterait sur la vie privée des utilisateurs puisqu’il peut envoyer systématiquement les données de consommation des foyers vers Enedis.
D’ailleurs, en mars 2018, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) avait décidé de mettre le fournisseur d’électricité Direct Energie, « en raison d’une absence de consentement à la collecte des données de consommation issues du compteur communicant Linky », dans un communiqué aujourd’hui supprimé. La CNIL avait également dénoncé la manière dont est présentée la collecte des données tout en précisant que « la cadence précise de la remontée des données de consommation, par demi-heure, n’est pas indiquée au client ».
De son côté, le collectif Stop Linky & 5G, qui s’oppose à l’installation de ces compteurs communicants depuis plusieurs années, n’a pas tardé à réagir à l’annonce de Christian Estrosi. « De par sa capacité, à comptabiliser en temps réel la consommation d’électricité dans une habitation, et à envoyer en continu les informations à Enedis, le compteur Linky confirme ce que ses opposants dénoncent depuis plusieurs années : il s’agit bien d’un compteur espion, un véritable « Big Brother » qui fait peser un très grave danger sur les libertés publiques », s’insurge Stéphane Lhomme, conseiller municipal de Saint-Macaire, dans le département de la Gironde, et animateur du site Web du collectif.
« Aujourd'hui, les apprentis dictateurs comme M. Estrosi prétendent qu'il ne s'agit là que de s'assurer du respect des règles de confinement face au Coronavirus, ce qui est déjà une méthode totalement contestable. Mais il est évident que cette façon de surveiller la présence ou non des habitants dans leur maison ouvre la porte, dans un avenir pouvant être très proche, à des méthodes relevant du totalitarisme », ajoute-t-il.
Stéphane Lhomme conclut que « les opposants au compteur Linky dénoncent depuis des années, outre les risques sanitaires (incendies, ondes), les désagréments techniques (disjonctions continuelles, appareils grillés, etc.) et les conséquences sociales (coût du programme, augmentation des factures), le fait que les compteurs communicants mettent gravement en danger les libertés publiques. M. Estrosi vient de confirmer de façon tonitruante ce grave problème qui ne sera réglé que par l'éradication des compteurs Linky, Gazpar et cie… »
Sources : Twitter, Stop Linky & 5G, Enedis
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Voir aussi :
Compteur Linky : La CNIL juge que le consentement des clients n'est pas recueilli dans des conditions conformes
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Christian Estrosi souhaite que les données envoyées par les compteurs Linky à Enedis soient examinées par l'État,
Pour vérifier la non-occupation des résidences secondaires
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Le , par Axel Lecomte
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