Twitter en a d'ailleurs profité pour lancer une pique à Facebook : « Par exemple, il n’est pas crédible pour nous de dire: "Nous travaillons fort pour empêcher les gens de jouer avec nos systèmes pour diffuser des informations trompeuses, maiiiiiiiis si quelqu'un nous paye pour cibler et forcer les gens à voir leur publicité politique ... eh bien ... ils peuvent dire ce qu’ils veulent ! " »
« Une critique de notre approche pendant une grande partie de la dernière décennie était que, parce que nous voulions être aimés, nous ne communiquions pas toujours aussi clairement notre point de vue parce que nous craignions d'offenser les gens », a déclaré Zuckerberg lors d'un appel aux analystes. Et de souligner que son objectif pour la prochaine décennie « n'est pas que nous soyons aimés, mais que nous soyons compris ». Il a estimé que, pour que des individus puissent avoir confiance en vous, il est indispensable qu'ils « sachent où vous en êtes ».
Le commentaire intervient alors que Facebook revendique des positions qui frustrent les gens des deux côtés de l'allée politique, notamment en permettant aux politiciens de mentir dans des publicités sur la plateforme et en déployant le chiffrement de bout en bout sur l'ensemble de ses services. En effet, en novembre, Facebook a déclaré que les « normes » de sa communauté ne s’appliquent pas à l'ensemble de la communauté ; les discours des politiciens sont officiellement exemptés des normes de vérification des faits et de décence de la plateforme, a précisé la société, à quelques exceptions près.
Le vice-président des communications de Facebook, Nick Clegg, lui-même un ancien membre du Parlement britannique, a présenté la politique dans un discours et publié sur le blog de Facebook comme le témoigne quelques passages de son discours :
« Nous nous appuyons sur des vérificateurs de données tiers pour nous aider à réduire la propagation de fake news et autres types de désinformation virale, tels que des mèmes ou des photos et vidéos manipulées. Cependant, nous ne pensons pas que le rôle d'arbitre des débats politiques nous revienne, ce qui reviendrait à empêcher ainsi le discours d’un homme politique d’atteindre le public et de faire l’objet d’un débat et d’un examen minutieux. C’est pourquoi Facebook exempte les politiciens de notre programme de vérification des faits par une tierce partie. Cette politique est inscrite dans les livres depuis plus d'un an et a été publiée sur notre site, conformément à nos directives en matière d'admissibilité. Cela signifie que nous n'enverrons pas de contenu organique ni d'annonces de responsables politiques à nos partenaires tiers chargés de la vérification des faits pour examen. Cependant, lorsqu'un politicien partage un contenu précédemment démystifié, notamment des liens, des vidéos et des photos, nous prévoyons de rétrograder ce contenu, d'afficher des informations connexes issues de vérificateurs de faits et de rejeter son inclusion dans les publicités ».
Vice-président des communications de Facebook, Nick Clegg
Une croissance des revenus qui s'essouffle
Mercredi, Facebook a annoncé que son année 2019 s'est soldée avec 2,5 milliards d'utilisateurs mensuels dans le monde, soit une augmentation de 8 % par rapport à l'année précédente, même si la société a continué de faire l'objet de critiques de la part du public. La société a déclaré un chiffre d'affaires d'environ 21 milliards de dollars au cours des trois derniers mois de 2019, une augmentation de 25 % par rapport à la même période un an plus tôt. Facebook a enregistré un bénéfice de 7,3 milliards de dollars, ce qui représente une croissance en pourcentage à un chiffre pour l'entreprise.
« Malgré toutes les inquiétudes qui ont tourbillonné autour de l'entreprise au cours des deux dernières années, elle a dépassé les attentes en matière de revenus et a démontré une croissance continue de sa base d'utilisateurs », a déclaré Debra Aho Williamson, analyste principale chez eMarketer, dans un communiqué après la publication des résultats. « Il s'agit d'une entreprise qui a montré qu'elle pouvait résister à la critique continue de ses pratiques tout en réalisant des gains de revenus et d'utilisateurs ».
Toutefois, la croissance des revenus de Facebook continue de ralentir ; Facebook a observé une augmentation annuelle de 30 % au quatrième trimestre 2019 contre une croissance de 47 % au quatrième trimestre 2018. Cela ne peut que mettre plus de pression sur Facebook pour prouver aux investisseurs qu'il peut gagner plus d'argent à partir de ses autres plateformes, notamment Instagram et WhatsApp. Ce dernier peut s'avérer être plutôt compliqué : Facebook aurait annulé son intention de vendre des publicités sur WhatsApp suite aux différentes réactions des gendarmes européens des protections des données. C'est le cas par exemple de l'Allemagne, plus précisément de l'Autorité de protection des données de la ville État de Hambourg (nord), où est installé le siège allemand de Facebook et dont les décisions valent pour l'ensemble du territoire, a émis une injonction administrative interdisant « dès maintenant à Facebook de rassembler et d'enregistrer les données des utilisateurs allemands de WhatsApp ». L'autorité a également demandé à Facebook « d’effacer les données déjà transmises » au réseau social via WhatsApp.
L’organisme a rappelé que lorsque Facebook avait racheté WhatsApp, les deux entreprises avaient promis de ne pas partager de données entre elles. « Le fait que cela se produise aujourd’hui est non seulement une tromperie envers les utilisateurs et le public, mais constitue aussi une infraction à la loi sur la protection des données », a estimé Johannes Caspar, qui est à la tête de l’office.
Dans sa suite d'applications, qui comprend Instagram et WhatsApp, Facebook a déclaré avoir 2,89 milliards d'utilisateurs actifs par mois, soit une augmentation de 9% par rapport à l'année dernière. L'entreprise n'a pas pris le soin de répartir les chiffres d'affaires de ses filiales.
Un pouvoir de Mark Zuckerberg qui devrait être « considérablement réduit » suite à l'accord avec la FTC
Facebook continue également de faire face à un examen antitrust accru de la part des législateurs et à des inquiétudes sur la façon dont il traite les données des utilisateurs. L'année dernière, la Federal Trade Commission a annoncé un accord de 5 milliards de dollars avec Facebook pour résoudre une enquête approfondie des régulateurs sur la façon dont la grande enseigne technologique avait perdu le contrôle des données personnelles des utilisateurs. C'est la plus grosse amende de l'histoire de la FTC.
Trois membres sur les cinq de la commission se sont prononcés en faveur de ce règlement. Les démocrates Rebecca Kelly Slaughter et Rohit Chopra, les membres qui ont voté contre l’adoption de ce règlement, ont déclaré que celui-ci n’allait pas assez loin, laissant ainsi à Facebook une marge de manoeuvre suffisante pour faire face à des méfaits à l’avenir.
« Tant que nous n'aborderons pas les principales incitations financières de Facebook pour mettre en péril notre vie privée et notre sécurité nationale, nous ne pourrons pas empêcher ces problèmes de se reproduire », a déclaré Chopra. L'autre commissaire démocrate, Rebecca Slaughter, a déclaré que la FTC aurait dû poursuivre en justice Facebook et Zuckerberg. Elle a également critiqué la décision de la FTC d’accorder à Facebook et à ses dirigeants une décharge de responsabilité pour toute réclamation selon laquelle elle aurait violé le règlement antérieur de la FTC.
Slaughter a estimé que la FTC n’avait « pas imposé de restrictions substantielles à la collecte et à l’utilisation par Facebook de données provenant d’utilisateurs ou concernant leurs utilisateurs ».
Cependant, dans le cadre de l'accord, le conseil d'administration de Facebook créera un comité indépendant sur la confidentialité qui enlèvera « le contrôle absolu du PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, sur les décisions affectant la confidentialité des utilisateurs ». Facebook a également accepté d'exercer une surveillance accrue sur les applications tierces.
La majorité républicaine de la FTC a déclaré que le règlement « réduit considérablement le pouvoir de Mark Zuckerberg - une chose qu'aucune agence gouvernementale, nulle part dans le monde, n'a encore accomplie ». En vertu de cet accord, Zuckerberg et les autres dirigeants de Facebook doivent signer des certifications trimestrielles attestant des pratiques de confidentialité. La FTC a déclaré qu'une fausse certification pourrait entraîner des sanctions civiles et pénales.
Il est également interdit à Facebook de demander des mots de passe de courrier électronique à d'autres services lorsque les consommateurs s'inscrivent. Il est interdit d'utiliser des numéros de téléphone pour la publicité s'ils sont obtenus avec une fonction de sécurité telle que l'authentification à deux facteurs. La société doit également obtenir le consentement de l'utilisateur pour utiliser les données de reconnaissance faciale.
En octobre 2019, le procureur général de New York a annoncé que 47 procureurs généraux des États enquêtaient sur Facebook pour rechercher des preuves de pratiques anticoncurrentielles.
Source : CNN
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