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Brian Acton, le cofondateur de WhatsApp, maintient qu'il faut quitter Facebook.

Il reste sceptique quant à l'engagement de Mark Zuckerberg en matière de chiffrement

Le 2019-11-11 14:39:10, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
En 2009, Jan Koum et Brian Acton, deux anciens ingénieurs de Yahoo, ont fondé l’entreprise WhatsApp, responsable du développement et de la maintenance de l’application de messagerie du même nom. L’application a connu un tel succès qu’elle n’a pas manqué d’attirer la convoitise de Facebook qui se l’est appropriée en février 2014 pour un montant de 19 milliards de dollars dont une grande partie a été versée sous forme d’actions Facebook et une autre payée en cash. L'accord prévoyait le versement de la somme de 3 milliards de dollars en actions sous réserve du bouclage du rachat. Cette dernière somme a été versée aux fondateurs et salariés de l'application de messagerie.

La popularité de WhatsApp n’a eu de cesse de croître, en 2016, l’application était utilisée par un milliard de personnes dans le monde chaque mois. En juillet 2017, elle a annoncé qu’elle était utilisée par un milliard de personnes dans le monde… chaque jour.

Mais Brian Acton n'a pas apprécié l’évolution de ce mariage entre Facebook et WhatsApp. Le jumelage Facebook-WhatsApp a été un casse-tête chinois dès le départ. Facebook possède l’un des plus grands réseaux publicitaires au monde ; les fondateurs de WhatsApp détestaient les publicités. La valeur ajoutée de Facebook pour les annonceurs est ce qu’il sait de ses utilisateurs ; les fondateurs de WhatsApp étaient des zélotes pro-vie privée qui estimaient que leur chiffrement tant vanté avait été essentiel à leur croissance mondiale presque sans précédent.

Il n'a d'ailleurs pas hésité à faire savoir son mécontentement après la succession de scandales qui ont éclaboussé Facebook depuis l'affaire Cambridge Analytica. Son message était clair : « il est temps. #deletefacebook ».


Le cofondateur de WhatsApp est revenu à la charge. Durant le sommet Wired, une conférence qui a pour but d'explorer les idées et de parler des innovations technologiques pour construire un meilleur avenir, il a maintenu sa déclaration. « Si vous voulez être sur Facebook et que vous voulez avoir des annonces dynamiques devant vous, allez en ville », a-t-il ajouté.

Le journaliste Steven Levy a demandé à Acton pourquoi il avait décidé de faire part au public de sa perspective. « À l'époque, Facebook était sous pression », a expliqué Acton. « Je me suis dit, peut-être que le moment est venu. Mais ensuite, je me suis rendu compte que Facebook avait un défaut fatal: ils n’ont pas de pierres tombales. Quand tu disparais, tu disparais. J'ai donc laissé ma pierre tombale sur Twitter. Mon cri de cœur était beaucoup plus public et visible ».

Acton est loin d'être le premier dirigeant de Facebook à dénoncer la société après son départ. En 2017, Chamath Palihapitiya, ancien responsable de la croissance, a fait des vagues en déclarant : « Nous avons créé des outils qui déchirent le fonctionnement du tissu social ».

Acton est devenu le président de la Signal Foundation en 2018 après l'avoir financé à hauteur de 50 millions de dollars. Signal est l’application de messagerie chiffrée qui a contribué à démocratiser le chiffrement de bout en bout. L’objectif annoncé de cette fondation est de « soutenir, accélérer et agrandir la mission de Signal, qui souhaite rendre les conversations privées accessibles et omniprésentes ». La fondation aura pour mission d’évangéliser sur les bienfaits de Signal et du chiffrement des communications, de recruter une équipe de développeurs pour enrichir l’application. En tant que fondation au sens américain, Signal pourra ainsi recevoir des dons et continuer à servir l’intérêt du public sans se compromettre.


Logo Signal

D'ailleurs, le fondateur de Signal, Moxie Marlinspike a expliqué :

« Bien avant que nous sachions qu'il s'appellerait Signal, nous savions ce que nous voulions qu'il soit. Au lieu d'enseigner la cryptographie au reste du monde, nous voulions voir si nous pouvions développer une cryptographie qui fonctionnerait pour le reste du monde. À l'époque, le consensus de l'industrie était largement que le chiffrement et la cryptographie resteraient inutilisables, mais nous avons commencé Signal avec l'idée que la communication privée pourrait être simple.

« Depuis lors, nous avons fait des progrès. Nous avons développé un service utilisé par des millions et des logiciels utilisés par des milliards. Les histoires qui nous reviennent et nous font vivre sont les histoires de gens qui se découvrent dans des moments où ils ont pu parler librement sur Signal, de gens qui tombent amoureux de Signal, de gens qui organisent des projets ambitieux sur Signal. Lorsque nous demandons à des amis qui, sur leur lieu de travail, sont sur Signal et qu'ils répondent "tous les cadres ainsi que le personnel de cuisine”. Lorsque nous recevons une assignation pour les données d'utilisateur et n'avons rien à renvoyer en dehors d’une feuille de papier vierge. Lorsque nous apercevons le "Signal bleu" sur le téléphone d'un banlieusard, nous sourions.

« Cependant, nous avons toujours voulu faire beaucoup plus, et nos limites se sont souvent transformées en défis. Au cours de la durée de vie du projet, il n'y a eu en moyenne que 2,3 développeurs de logiciels à plein temps et l'équipe Signal n'a jamais compté plus de 7 personnes. Avec trois plateformes client à développer, un service à construire et à exécuter, une liste croissante d'intégrations et des millions d'utilisateurs à supporter, cela nous a souvent laissés sur le carreau.

« Malgré tout, Signal n'a jamais pris de financement par capital-risque ni cherché à investir, car nous estimions que placer le profit au premier plan serait incompatible avec la construction d'un projet durable qui accorderait la priorité aux utilisateurs. En conséquence, Signal a parfois souffert de notre manque de ressources ou de capacité à court terme, mais nous avons toujours pensé que ces valeurs mèneraient à la meilleure expérience possible à long terme ».

Acton reste sceptique quant à l’engagement de Mark Zuckerberg en matière de chiffrement, mais a précisé à Levy: « s’il veut y arriver, il le fera. Toutefois, c'est un champion pour ce qui concerne le changement d'avis ».

La société subit déjà la pression de politiciens inquiets des conséquences du chiffrement des applications Facebook pour la sécurité nationale. Le mois dernier, le procureur général William Barr a envoyé une lettre à Mark Zuckerberg lui demandant de suspendre ses projets de chiffrement, évoquant des préoccupations relatives à la sécurité nationale.

Citant ces difficultés, Acton a déclaré que Zuckerberg était confronté à une bataille difficile.

Source : conférence Wired
  Discussion forum
757 commentaires
  • sinople2000
    Nouveau membre du Club
    mais retirez tout ça, ça rendra les gens moins cons (oui je sais sauf moi diront certains) et on en aura fini avec ces trucs débiles de réseaux sociaux
  • totozor
    Membre expert
    Envoyé par Stéphane le calme
    Meta menace de retirer Facebook et Instagram du marché européen
    Envoyé par Stéphane le calme
    Facebook a immédiatement averti que l'arrêt des transferts de données transatlantiques pourrait avoir un impact dévastateur sur l'entreprise. La société s'appuie sur le traitement des données des utilisateurs pour fournir des publicités en ligne ciblées.
    Je trouve le contraste entre ces deux phrase très intéressant.
    Meta se croit suffisamment important pour que sa mise en danger soit une menace pour son environnement européen. Mais cette phrase souligne aussi sa fragilité. Il y a quelques années ils n'auraient pas parlé de l'impact, il auraient lancé un bras de fer en attendant que les politiques craquent avant eux.

    Envoyé par Stéphane le calme

    Et vous ?
    Cette menace est-elle crédible selon vous ?
    J'ai de gros doutes, Facebook est en perte de vitesse et l'Europe est une part importante de leur marché.
    Ces entreprises réfléchissent en bénéfices/risques, mettre cette menace a exécution montrerait pour moi à quel point facebook n'a plus rien à perdre et tenterait la charge du désespoir.
    Je pense qu'ils n'en sont pas encore là mais me réjouis qu'ils s'en rapprochent.

    Envoyé par Stéphane le calme

    Quels impacts pour les entreprises qui dépendent de Facebook pour leurs activités ?
    J'ai l'impression que c'est de moins en moins le cas.
    J'ai deux amis qui ont lancé leurs entreprises il y a quelques années, ils ont longtemps été extrêmement actifs sur Facebook qui était leur principal média de communication.
    Avec le COVID des petites boites se sont regroupées pour mutualiser leurs communications et leur dépenses.

    Je ne connais aucune entreprise dont l'activité ne dépend que de Facebook.
    Par contre c'est une autre histoire pour les associations mais de celles que je connais elles ont une existence physique suffisante pour qu'à la disparition de Facebook elles se dirigent vers un autre média.
  • philouZ
    Membre chevronné
    Perso je n'ai pas de compte facebook, pas d'instagram, de tik tok...

    Que meta se barre d'Europe ça ne peut faire que du bien. Autour de moi y'a pas mal de gens qui stoppent leur compte parce que ras le bol de tout ça. Si demain il n'ya plus de réseaux sociaux sur internet, les gens retrouveront une façon de vivre plus simple et seront certainement moins stressés dans leur vie de tous les jours.
  • escartefigue
    Modérateur
    Il y a un truc qu'on appelle "le retour à la ligne" bien pratique pour rendre l'écrit plus lisible et agréable.
    il y a un autre truc qu'on appelle "le plan dialectique", qui permet de structurer le propos pour le rendre plus intelligible

    Parce que là on vient de se prendre deux pavés dans la tronche, c'est indigeste
  • pcouas
    Membre éprouvé
    Justement occupons nous de Ticktok aussi
    La chine justement a fait "plier" Facebook et pas l'europe !!,
    Que Facebook se retire, de tout façon Facebook est en perte d'utilisateurs !!!
  • fabverdet
    Membre à l'essai
    Meta réalise presque 40% de son CA en Europe, sans compter les ventes publicitaires auprès de ses clients états-uniens pour le marché européen. Vous connaissez beaucoup de sociétés capables de faire une croix sur 40% de leur chiffre d'affaire, voire plus, par ce qu'elles ne sont pas contentes des lois en vigueur ?...
    C'est un discours déjà entendu qui ne prend plus.
    Si Meta se retirait du continent européen, il y aurait un choc ponctuel mais sans grande conséquence (à par pour les sociétés qui ont basé exclusivement leur business sur eux). D'autres acteurs existent déjà ou émergeront.
    Même Google, bien plus indispensable que Meta ne serait pas capable de faire ça.
    En revanche, Meta ne s'en remettrait pas face à ses concurrents (et ils sont nombreux et méchants...) : partent de confiance des clients, perte de valorisation en bourse, perte du positionnement de premier réseau social mondial, perte d'annonceurs... Ouille !!!

    Le problème de fond, c'est la loi états-unienne, incompatible avec le RGPD. Faut pas lâcher le bout de gras ! Ils nous les brisent, ces américains ! Ils veulent travailler en Europe, ils doivent respecter les lois européennes, comme nous respectons les lois états-uniennes aux états-unis.
  • AoCannaille
    Expert confirmé
    Envoyé par BlueScreenJunky
    Alors je trouve que ça pose une bonne question : Comment finance-t-on le contenu sur internet et le fonctionnement des sites ?
    Vous semblez amalgamer tracking et publicité. On peut faire de la publicité dans tracker les gens. Dans le modèle actuel c'est moins rentable. Mais si les données de tracking disparaissent, les publicités non ciblées reprendront le dessus.

    Honnêtement cette histoire de publicité sur internet est devenue hors de contrôle, le RGPD a fait du bien; voir que le moindre site à 800 à 1000 "partenaires" qui ont besoin de mes données, on marche sur la tête, même en trackant, il doit y avoir moyen d'avoir un modèle financier fiable sans distribuer des données à 900 entreprises.

    Je pense que le pire du pire dans ce domaine, ce sont les sites communautaires avec peu de contraintes techniques, qui ont accumulé leur contenu gratuitement et qui le "revendent" au prix de milliard de pubs, et des fois pire, font des bouquins avec! Oui, marmiton, c'est à toi que je pense.
  • Fleur en plastique
    Membre extrêmement actif
    Envoyé par Stéphane le calme
    Brian Acton, le cofondateur de WhatsApp, maintient qu'il faut quitter Facebook
    Ben alors si Facebook c'est le mal, il fallait pas vendre à Facebook !

    Ah oui mais dès qu'il s'agit de percevoir une belle somme d'argent frais (lors de la vente de WhatsApp), là, tous les principes sont remis au placard. Pourri, va.
  • Anselme45
    Membre extrêmement actif
    Meta menace de retirer Facebook et Instagram du marché européen si le groupe n'est plus autorisé à échanger les données des utilisateurs européens avec les États-Unis
    La totalité, je dis bien la totalité des GAFAM est leur sociétés affiliées nous ont déjà sorti cet argument. Apparemment, elles font toutes appel au même bureau de conseil

    Quand un pays se propose de réguler leur comportement, voilà qu'elles menacent de partir... Et bien partez! Les seuls qui vont y perdre quelque chose, ce sont vos propres bénéfices!

    Pour rappel:

    Quand la Suisse a déclaré que les travailleurs Uber n'étaient plus des indépendants mais des salariés normaux qui devaient bénéficier de charges sociales (assurance vieillesse, assurance accident, assurance chômage, etc...), Uber a menacé de quitter la Suisse.

    Et bien aujourd'hui, Uber suisse ne peut faire appel plus qu'a des salariés et... Uber n'a pas quitté le marché suisse!!!

    Suisse - Uber: 1 - 0

    Ethique - Uber: 1 - 0

    Travailleurs - Uber: 1 - 0
  • kain_tn
    Expert éminent
    Envoyé par Bruno

    À votre avis, Meta serait-elle la victime dans l'affaire antitrust l'opposant à l'UE ?
    Bien sûr que non. Elle est bien bonne, celle-là! Ils possèdent l'intégralité des réseaux sociaux mainstream (Facebook, Whatsapp, Instagram, ...) en dehors de Twitter, et beaucoup d'applications mobile/site webs utilisent leurs servicent et leur envoient de l'information sur les utilisateurs (comme pour Google, d'ailleurs). Et par dessus le marché, ils viennent nous inonder de publicité plus ou moins déguisée pour leur métavers à travers différents canaux de communication et à différentes entreprises... La victime? Vraiment?

    Envoyé par Bruno

    « La Commission a aspiré tous les fonds marins dans l'intention de voir plus tard quelles espèces de poissons rares elle trouve dans ses vastes filets », que pensez-vous de cette déclaration de Daniel Jowell, avocat de Meta ?
    Ah ben c'est sûr que si l'avocat dit "notre business se fait sur le pillage des données personnelles, pour vendre de la publicité ciblée", ça fait moins défendable. Alors le gars a recours à des métaphores pour "noyer le poisson"