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Un bogue logiciel de l'Airbus A350 oblige les compagnies aériennes à redémarrer les avions

Toutes les 149 heures

Le 2019-07-27 01:49:52, par Bill Fassinou, Chroniqueur Actualités
L’agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) a réédité cette semaine une consigne de navigabilité obligatoire (AD) qui exhorte les compagnies aériennes à éteindre et rallumer leurs A350 afin de prévenir « la perte partielle ou totale de certains systèmes ou fonctions avioniques », exprimée pour la première fois il y a deux ans. En effet, En 2017, l’EASA avait émis une directive sur un éventuel problème des avions de la série A350. Le risque viendrait selon elle d’une panne du système de refroidissement pouvant entraîner une surchauffe de l'appareil et un incendie dans les réservoirs. Airbus avait prévenu les compagnies aériennes et a annoncé qu’il préparait une mise à jour logicielle pour corriger le problème.

La nouvelle version de l’AD n’implique pas les nouveaux modèles A350-941 dont le correctif logiciel est installé depuis la chaîne de production. Les anciens modèles A350-941 par contre doivent être complètement mis hors tension par les compagnies aériennes et remis sous tension toutes les 149 heures. Le problème de l’Airbus A350 a été répertorié comme étant similaire à celui rencontré par le Boeing 787 Dreamliner en 2015. En effet, un problème de débordement de mémoire avait été découvert, ce qui provoquait l'arrêt des générateurs des modèles 787 Dreamliner après 248 jours. Un compteur logiciel dans le micrologiciel des générateurs déborderait après cette période de temps précise.

Dans le cas du A350 d’Airbus, le problème a été identifié pour la première fois en 2017 et l’AESA avait aussitôt proposé une solution. Le bogue n’est pas nouveau, car le premier avertissement à cet égard a été émis par l’agence de la sécurité aérienne de l’UE il y a deux ans. Elle a déclaré que certains modèles d’Airbus A350 devaient être redémarrés après exactement 149 heures. L’ASEA a émis cet avertissement après avoir observé quelques fois une perte de communication survenue entre certains systèmes avioniques et le réseau avionique.


L'impact des défaillances allait de la perte de redondance à la perte complète d'une fonction spécifique hébergée sur des concentrateurs de données distants et des modules d'entrées/sorties de traitement communs. Il existe depuis lors un correctif élaboré par Airbus destiné à régler le problème, mais les compagnies aériennes semblent l’ignorer. Ainsi, l’AESA a déclaré que le remède au problème de l’Airbus A350-941 est très simple. Il faut, soit installer les mises à jour logicielles fournies par l’avionneur Airbus pour un durcissement permanent, ou soit éteindre et rallumer l’avion toutes les 149 heures.

La nouvelle version de l’AD notifie que seuls les nouveaux modèles A350-941 sont exemptés de cette directive, car ils reçoivent le logiciel corrigé depuis la chaîne de production. Autrement dit, il existe déjà un correctif et comme souligné un peu plus haut, il est appliqué à tous les nouveaux aéronefs. Les autres A350-941 quant à eux doivent être complètement mis hors tension par les compagnies aériennes et remis sous tension avant que les avions atteignent 149 heures de temps de mise sous tension continue. Les compagnies aériennes ne sont pas empêchées d’appliquer le correctif, mais ces dernières semblent ne pas être disposées à l’appliquer.

En effet, les aéronefs sont régulièrement laissés allumés lorsqu'ils sont garés dans des aéroports afin que les ingénieurs puissent effectuer des contrôles de routine du système. La seule chose qui oblige les compagnies aériennes à redémarrer l’avionique de leur avion toutes les 149 heures, c’est que les compagnies aériennes elles-mêmes ne souhaitent pas mettre leurs avions hors service assez longtemps pour appliquer la mise à jour du constructeur. Cela signifie logiquement que si les anciens modèles de l’Airbus A350-941 souffrent encore de ce bogue logiciel, c’est typiquement de la faute des compagnies aériennes et non de l’avionneur.

Cela dit, y aurait-il tant à perdre à clouer l’avion au sol pour le réparer une fois pour de bon que de le redémarrer continuellement ? Sur les sites communautaires, certains pensent plutôt que l’AESA n’a pas donné le bon ordre aux compagnies aériennes qui préfèrent redémarrer les aéronefs au lieu de choisir la méthode radicale. Selon eux, l’AESA aurait dû donner un ultimatum aux compagnies aériennes pour exécuter le correctif logiciel sous peine de voir leurs modèles A350 cloués au sol comme c’est le cas depuis plus de cinq mois déjà pour le Boeing 737 MAX.

Les nombreux correctifs apportés au système MCAS du 737 MAX ne résolvent toujours pas le problème de l’avion. Selon les résultats des dernières analyses réalisées par des pilotes de la FAA, le correctif logiciel de Boeing pour le problème du 737 MAX submerge l'ordinateur de bord de l'avion. Ainsi, il est apparu cette semaine que l’avionneur américain Boeing pourrait suspendre la production du 737 MAX, en raison de répercussions économiques de la crise qui dure depuis cinq mois.

Source : AESA

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  Discussion forum
10 commentaires
  • CoderInTheDark
    Membre émérite
    Ca prend combien de temps une mise à jour sur l'avion ?
    Est-ce si compliqué et long à faire ?
  • 6carbon
    Membre averti


    Je me demande plutôt comment ça se fait qu'on n'arrête jamais les avions.
    Ils sont en fonctionnement 24h/24 (au moins les parties électriques) ?
    Je suis un vrai béotien en avionique

    149 heures c'est moins d'une semaine.
    Imaginons un long courrier comme un A350, qui fait des vols de 10 ou 12 heures, plus 5-6 heures au sol de chargement/déchargement. En 149 heures il peut ne faire que 8 rotations, voire moins. Si a chaque fois l'avion reste à la gate, alors les circuits électriques seront en permanence alimentés par le "ground power" de l'aéroport.
    Et même si une des rotations prend un peu plus de temps, comme dit dans l'article les techniciens ont pour consigne de laisser les avions alimentés pour la télémaintenance.

    Pour moi cette situation est typique de l'industrie en générale. Ça fait presque deux ans qu'un collègue dois mettre à jour une machine (une grue), mais à chaque fois le client nous dit que le chantier tourne à fond et il ne peut pas la libérer.
  • rawsrc
    Expert éminent sénior
    Non, les avions sont arrêtés régulièrement.
    Sauf que redémarrer un A350, ça doit bien prendre une heure (dû probablement au temps pour charger les drivers des joysticks ).
  • Jipété
    Expert éminent sénior
    Envoyé par alexetgus
    Moi qui suit un fada des gros chiffres d'uptime,
    Va falloir s'accrocher !
    L'uptime le plus élevé d'une machine OpenVMS est de 17 ans, aux chemins de fer irlandais.
    source (fin du 2e §).

    Et en suivant le lien, on trouve des pépites comme
    "True story: You know you're running VMS when a customer calls and wants to pay you to help them reboot the system because it's been so long they forgot how."
    —Rick Wells, United States
  • glad33bx
    Membre régulier
    Je me demande plutôt comment ça se fait qu'on n'arrête jamais les avions.
    Ils sont en fonctionnement 24h/24 (au moins les parties électriques) ?
    Je suis un vrai béotien en avionique
  • Jon Shannow
    Membre extrêmement actif
    J'sais pas vous, mais ça m'a fait penser à LOST !
  • Matthieu76
    Membre éclairé
    Une fuite mémoire ?
  • LittleWhite
    Responsable 2D/3D/Jeux
    Bonjour,

    Bon, certes, c'est loin d'être plaisant, mais...
    Y a eu un bogue dans l'ordinateur de bord de la fusée emmenant les premiers hommes sur la lune :
    https://youtu.be/xx7Lfh5SKUQ?t=3459

    Par contre, eux, ils avaient pas le choix de la mise à jour, ils se prenaient régulièrement l'alarme à désactiver.
  • jmsei
    Membre régulier
    Comme toujours, l'enfer des fuites mémoires.
  • alexetgus
    Membre averti
    Moi qui suit un fada des gros chiffres d'uptime, cet avion me rendrait fou.
    Un down toutes les 149 heures ?! Ah non alors !