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Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange condamné à 11 mois de prison par les Britanniques

En attendant une éventuelle extradition vers les USA

Le 2019-05-01 19:35:06, par Patrick Ruiz, Chroniqueur Actualités
Ce mercredi, Julian Assange comparaissait devant un tribunal londonien pour sa soustraction à la justice après l’obtention, en 2012, de l'asile dans l'ambassade d’Équateur à Londres pour éviter de se présenter aux autorités britanniques en charge de dire le droit. Le tribunal de Southwark vient de le condamner à 50 semaines de prison pour avoir rompu les termes de sa liberté provisoire.


11 mois de prison, c’est 1 mois de moins que la peine maximale que le fondateur de WikiLeaks risquait pour les charges retenues contre lui par la justice britannique. La période passée en détention depuis le 11 avril sera prise en compte et Assange pourra demander sa libération provisoire après avoir effectué la moitié de sa peine. Tous calculs faits, il ne devrait y rester que 22 semaines, soit près de 6 mois. « La peine de Julian Assange, pour avoir demandé et reçu l'asile, est deux fois plus lourde que celle prévue par les lignes directrices en matière de détermination de la peine », commente WikiLeaks.



Les points saillants de l’audience de ce jour …

Julian Assange, qui est détenu à la prison de Belmarsh, dans l'Est de Londres, a fait valoir qu'il ne devrait pas être emprisonné pour cette infraction, car il a été effectivement emprisonné à l'ambassade. Ce mercredi premier mai, à Southwark Crown Court à Londres, la juge Deborah Taylor a rejeté cet argument.

« Il est difficile d'envisager un exemple plus sérieux de ce délit. En vous cachant dans l'ambassade, vous vous êtes mis de façon délibérée hors de portée, tout en restant au Royaume-Uni », rapportent des médias anglais des propos de la juge à l’intention de Julian Assange.

Avant sa condamnation, le tribunal a eu lecture d'une lettre d'excuses de Julian Assange dans laquelle il déclarait qu'il était aux prises avec des circonstances difficiles. « J'ai fait ce que je pensais à l'époque être la meilleure ou peut-être la seule chose que j'aurais pu faire. Je regrette la tournure actuelle des événements », rapportent des médias anglais des propos de Julian Assange lors de l’audience.

Cet argumentaire a été réitéré par son avocat lors des échanges devant la cour britannique. Selon son conseil, Assange s'est réfugié dans l’ambassade d’Équateur car se sachant recherché par les autorités américaines. Il lui fallait un refuge où il ne pourrait pas « être kidnappé et ramené de force aux États-Unis. » Son avocat a également expliqué qu'Assange craignait une extradition vers les USA car les relations entre le pays et la Suède pouvaient impliquer des processus d'extradition.

Dans un document de 9 pages, l’équipe Assange revient en détail sur les raisons qui expliquent son choix de se réfugier à l’ambassade d’Équateur à Londres ainsi que sur les conditions de son séjour.

« Il a passé près de sept ans dans des conditions d'isolement, sans accès à des soins médicaux adéquats, à l'espace et à la lumière naturelle, circonstances dans lesquelles sa santé physique et psychologique s'est considérablement détériorée. Dans le délai qui s'est écoulé depuis qu'il a été avisé de l'inscription de cette affaire sur la liste, il n'a pas été possible de fournir des preuves médicales à jour. Nous joignons pour l'arrêt de la cour des informations sur des preuves médicales antérieures du Dr Michael Korzinski décrivant les conséquences psychologiques [onglet 16] et du Dr Tim Ladbrooke décrivant les conséquences physiques [onglet 17]. Nous espérons que le tribunal acceptera de ses avocats que, depuis son admission à HMP Belmarsh, l'accusé fait actuellement l'objet d'une batterie de tests et d'interventions médicales », lit-on.

« En juin 2012, lorsque l’ordre d’extradition vers la Suède est devenu définitif, sa mise à disposition de ce pays était désormais inévitable. A l'époque des faits, la Suède avait des antécédents bien documentés de refoulement direct de personnes vers des États où elles risquaient d'être victimes de mauvais traitements, notamment de torture et de mort », peut-on encore souligner.

D’après WikiLeaks, la défense d'Assange a fourni de nombreux éléments de preuve à l'audience concernant les mesures d'atténuation pour la détermination de la peine prononcée ce jour, mais le juge n'en a pas tenu compte.



Que va-t-il arriver ensuite ?

L’audience de ce jour marque le début d’une nouvelle chaîne d’ennuis légaux pour Julian Assange. Jeudi 2 mai, il fera une nouvelle fois face au tribunal pour des échanges relatifs à une demande d’extradition vers les USA. Une publication du Washington Post parue à mi-parcours du mois d’Avril de l’année en cours confirme cette crainte du fondateur de WikiLeaks. Y faisant suite, les États-Unis ont dévoilé un acte d’accusation contre à l’encontre du fondateur de WikiLeaks.

Dans l'acte d'accusation, le gouvernement affirme qu'Assange a travaillé avec Chelsea Manning (ex-analyste du renseignement américain) pour obtenir des documents classifiés. Les procureurs ont déclaré que Manning avait accédé à des fichiers gouvernementaux classifiés, les avait fournis à Assange et avait ensuite collaboré avec Assange pour tenter de déchiffrer le mot de passe d'un réseau gouvernemental classé. L'acte d'accusation décrit les communications entre Manning et Assange à partir du printemps 2010. WikiLeaks a par la suite publié une cache importante des télégrammes du département d'État, et Manning a été inculpé. Elle a été condamnée à une peine de prison, mais sa peine a été commuée par le président Obama. Le mois dernier, elle a de nouveau été emprisonnée pour avoir refusé de témoigner au sujet de WikiLeaks.

Les procureurs ont également affirmé qu'Assange avait activement encouragé Manning à consulter des dossiers. À date, Assange est accusé d'avoir accéder sciemment à un ordinateur, sans autorisation, pour obtenir des informations qui ont été déterminées par le gouvernement américain comme protégées contre toute divulgation non autorisée pour des raisons de défense nationale et relations publiques. Notamment, des documents relatifs à la défense nationale classés "Secret Défense" avec des raisons de penser que, si de telles informations étaient révélées, cela pourrait être utilisé pour faire du tort aux États-Unis. Il est également accusé de complot en vue de commettre une intrusion dans un ordinateur. Il risque jusqu'à 5 ans de prison.

WikiLeaks s’est avancé sur le terrain de ce qui pourrait être l’issue du procès à venir et exprime ses craintes sur ceci que la messe semble dite. « Nous sommes très inquiets de savoir s'il bénéficiera d'un procès d'extradition équitable au Royaume-Uni », lit-on.



Sources : NYT, Notes sur les mesures d’atténuation, WikiLeaks

Et vous ?

Qu’en pensez-vous ?

Quelles chances pour que la décision d’extradition de julian Assange vers les USA ne soit pas prononcée dans l’audience à venir ?

Voir aussi :

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  Discussion forum
134 commentaires
  • seedbarrett
    Membre éclairé
    C'est dingue quand même, tout le monde sait tout ça depuis des années, là c'est officiel et ça pose de problème à personne on dirait. Et depuis tout ce temps, j'ai toujours honte que la France ne l'ai pas accueilli, malgré les informations stratégique qu'il ai publiées, comme le fait que depuis Chirac tout nos présidents sont mis sur écoute.
  • Mingolito
    Membre extrêmement actif
    Non seulement les USA étaient dans leur tord, et Julian Assange avait parfaitement raison de dénoncer ce délire, mais en sus la CIA a pété un câble et est devenu une simple agence de tueur à gage pour assassiner illégalement des civils innocents.
    Voila le nouveau slogan de la CIA : "Un lanceur d'alertes dans ton pays ou dans ton entreprise ? Fait appel à la CIA pour commanditer un assassinat !"
  • Neckara
    Inactif
    il encourt la peine de mort et 175 ans de prison
    Dans quel ordre ?
  • BleAcheD
    Membre confirmé
    De quoi faire peur à ceux qui seraient tentés de faire comme lui.
  • Cpt Anderson
    Membre émérite
    T'imagines si ca avait été en Russie...ca aurait fait la une des journaux. Là, tout le monde s'en cogne !

    Ca me rappel l'affaire Vanunu.
  • tanaka59
    Inactif
    Bonjour,

    Qu'en pensez-vous ?
    1) Les USA et les autres organisations dans le viseur de Wikileaks se font en malin plaisir à faire porter le chapeau à Julian Assange ... Puis pourquoi s'en priver quand ils ont déjà une tartine ?

    2) Comme dans l'affaire Snowden , ici on cherche un "bouc émissaire".

    3) Manque de bol Julian Assange a collaboré avec des membres genre de Anonymous, la encore les USA veulent leur peau ... Argument de plus pour enfoncer Julian Assange.

    4) Quand on voit tout le linge sale et les secrets révélés, on comprend que CIA, NSA,FBI ... soient fou de rage ... en même temps les activités révélés ni espionnages c'est open bar et pas tout rose non plus.

    L’hôpital se moquerait il de la charité ?
  • ddoumeche
    Membre extrêmement actif
    Ils vont demander au MI6 de leur fournir du Novitchok, le poison mortel qui ne tue personne, et accuser les russes
  • marc.collin
    Membre émérite
    ce qui fait encore plus peur c'est que la majorité des pays rampent devant eux encore... et après ça tente de faire la morale à la chine, russie...
  • fredinkan
    Membre expérimenté
    Envoyé par Ryu2000
    snip
    Fleur en plastique est un troll (et qui fait rire lui) bien connu des vieux du site et toi tu cours...
  • Envoyé par air-dex
    Au bout d'un moment il faudrait peut-être ouvrir les yeux sur WikiLeaks. C'est avant tout un site ouvertement anti-américain, très loin d'être neutre concernant ses positions politiques. Ils ne sont pas là pour le Bien ou le Mal mais avant tout pour taper sur les USA. Je me rappelle d'une réaction officielle de WikiLeaks suite à une fusillade terroriste aux USA. Quelle était cette réaction ? "Non à ceux qui tuent car ils sont contre la liberté " ? Perdu ! C'était "bien fait pour ta gueule l'Oncle Sam !" On a vu plus neutre et objectif que ça comme défenseur des libertés.

    La soi-disante sainte-nitouche d'après lui-même devra désormais répondre de ses actes.
    Néanmoins, cela reste leur droit d'être anti-américains, comme d'autres en Europe ont été anti-russes à une époque, et c'était justifié...
    Les USA ne sont pas du côté de la Liberté mais du côté de leurs intérêts économiques et stratégiques. Comme tout le monde.