
L’Internet Archive - un organisme à but non lucratif basé à San Francisco qui est chargé de l’archivage du Web et de la création/gestion d’une bibliothèque numérique constituée de clichés instantanés de pages Web, logiciels, livres et divers contenus multimédias - a récemment reçu une série de courriels qui émaneraient de l’Internet Referral Unit (IRU) Française. Ces notifications identifieraient à tort des centaines d’URL (environ 550) hébergées sur archive.org, le site Web de l’organisation, comme de la « propagande terroriste ». La plupart concerneraient uniquement des éléments conservés et publiés directement par l’Internet Archive, d’autres seraient liés au contenu mis en ligne par des utilisateurs.
Une de ces URL au moins — elle renvoyait vers un article qui traite du Coran — aurait été identifiée comme du contenu terroriste dans un avis de retrait indépendant envoyé par l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (ou OCLCTIC) à l’Internet Archive. Signalons au passage que l’OCLCTIC est une branche de la direction centrale de la Police judiciaire française qu’on appelle aussi la Sous-direction de la lutte contre la cybercriminalité (SDLC).
Rappelant que le Parlement européen devrait se prononcer sur une législation exigeant que les sites hébergeant des contenus générés par les utilisateurs bloquent ou suppriment les contenus rapportés comme terroristes dans un délai d’une heure, l’Internet Archive estime que cette situation illustre les limites d’un projet de loi qui « nuirait au libre partage de l’information et à la liberté d’expression que l’Union européenne s’engage à protéger ». D’après l’Internet Archive, cette « exigence d’une heure signifie essentiellement que nous devrions supprimer automatiquement les URL signalées et faire de notre mieux pour les réviser après coup ».
« Ce serait déjà assez grave si les URL erronées dans ces exemples visaient un ensemble d’éléments relativement obscurs sur notre site, mais les listes de l’IRU française incluent certaines des pages les plus visitées sur archive.org et des documents qui ont évidemment une grande valeur éducative et scientifique », a confié l’Internet Archive à ce propos.
Précisons enfin que l’association AccessNow qui milite pour la protection des droits fondamentaux sur Internet estime que l’EU IRU agit « en dehors de l’état de droit sur plusieurs plans », car la justice étatique doit primer face aux illégalités. AccessNow assure en outre que « reléguer le traitement des contenus illicites à un tiers, et lui laisser la discrétion de l’analyse et de la poursuite, n’est pas juste paresseux, mais extrêmement dangereux ».
Bien que les courriels de l’IRU française aient été envoyés avec une adresse « @europol.europa.eu », le UE IRU aurait confié qu’il ne participait pas aux critères d’évaluation du contenu terroriste des IRU. Devrait-on en déduire que l’IRU française n’est en réalité qu’un trompe-l’œil démocratique ?
Source : Archive
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