Les vidéos de la fusillade se sont rapidement répandues sur Internet. Microsoft, dans l'optique de stopper la propagation de ces vidéos, a procédé à des améliorations des outils existants pour identifier et classifier les contenus violents extrémistes ainsi qu'à des modifications du processus permettant aux utilisateurs de signaler ces contenus. La société a affirmé qu'une collaboration entre les entreprises du secteur technologique, les gouvernements et les organisations non gouvernementales permettrait de franchir des étapes plus importantes dans le processus d'éradication de ce genre de vidéos sur internet. Microsoft a également expliqué les 3 domaines fondamentaux sur lesquels les acteurs impliqués dans cette collaboration devront se concentrer afin que celle-ci soit plus efficace.
Du côté des gouvernements, l'Australie pourrait devenir le premier pays au monde à introduire des peines de prison et des amendes de plusieurs millions de dollars aux géants des médias sociaux qui n'enlèvent pas rapidement les contenus violents.
Pendant ce qui devrait être la dernière semaine du parlement avant les élections fédérales, le gouvernement cherche à introduire deux nouvelles infractions dans le code pénal.
Le fait de ne pas retirer rapidement du matériel violent et odieux pourrait constituer un délit pour les plateformes de médias sociaux qui seraient tenues d’informer la police fédérale australienne si elles se rendent compte que leur service diffuse un comportement violent odieux en Australie.
La rapidité de la suppression serait déterminée par un jury
Manquer à supprimer ces contenus dans le délai déterminé par le jury serait punissable d’une peine de trois ans de prison pour les dirigeants australiens ou étrangers et d’une amende pouvant atteindre 10% du chiffre d’affaires annuel global de la plateforme.
Les lois proposées couvriraient « la diffusion ou le streaming du terrorisme, des meurtres, des tentatives de meurtre, des actes de torture, des viols et des enlèvements sur les réseaux sociaux », a annoncé le gouvernement ce week-end.
Les plateformes de médias sociaux seraient également tenues d'informer la police fédérale australienne si elles apprenaient que leur site avait été utilisé pour diffuser des crimes violents. En l'absence de notification, des amendes maximales de 840 000 dollars australiens pour les entreprises et de 168 000 dollars australiens pour les particuliers peuvent être imposées.
« Les grandes entreprises de médias sociaux ont la responsabilité de prendre toutes les mesures possibles pour que leurs produits technologiques ne soient pas exploités par des terroristes meurtriers », a déclaré le Premier ministre Scott Morrison au cours du week-end.
Morrison a ajouté qu'un nouveau groupe de travail, dont les membres seront issus du gouvernement fédéral et des entreprises de médias sociaux, sera créé pour « refuser aux terroristes la possibilité d'utiliser les médias sociaux dans le cadre de leur haine et de leur violence ».
« Ces réponses constitueront la base d'une approche modèle que l'Australie peut adopter pour faire en sorte que nos partenaires mondiaux associent les entreprises de médias sociaux à notre réseau collectif de responsabilité et de responsabilisation. Nous travaillons déjà à cette fin avec nos partenaires du G20 et des Five Eyes, y compris la Nouvelle-Zélande ».
Le Criminal Code Amendment (Unlawful Showing of Abhorrent Violent Material) Bill 2019 serait inspiré des dispositions existantes exigeant que les sites informent la police s'ils étaient utilisés pour accéder à de la pornographie mettant en scène des enfants, a déclaré le procureur général, Christian Porter.
Les lois donneront également au commissaire à la sécurité électronique le pouvoir d'émettre des avis qui porteront ce type de matériel à l'attention des sociétés de médias sociaux.
Dès qu’elles recevront un tel avis, il sera considéré que les sociétés ont pris connaissance du matériel et le compte à rebours va commencer à se déclencher pour que la plateforme d’hébergement supprime le matériel ou fasse face à des pénalités.
Les lois veilleront toujours à ce que les médias d'information puissent rendre compte de manière appropriée des événements d'intérêt public, sans montrer le contenu violent de la violence.
Pour Porter,
Envoyé par Porter
Envoyé par Morrison
Chris Sonderby, vice-président et avocat général adjoint, avait expliqué concernant la vidéo de cette attaque que
- La vidéo a été visionnée moins de 200 fois au cours de la diffusion en direct. Aucun utilisateur n'a signalé la vidéo lors de la diffusion en direct. En incluant les vues pendant la diffusion en direct, la vidéo a été visionnée environ 4000 fois au total avant d’être retirée de Facebook.
- Le premier rapport d'utilisateur sur la vidéo d'origine est arrivé 29 minutes après le début de la vidéo et 12 minutes après la fin de la diffusion en direct.
- Avant que nous ayons été alertés par la vidéo, un utilisateur de 8chan a posté un lien vers une copie de la vidéo sur un site de partage de fichiers.
- Nous avons désigné les deux fusillades comme des attaques terroristes, ce qui signifie que tout éloge, soutien et représentation des événements enfreint les normes de notre communauté et n'est pas autorisé sur Facebook.
- Nous avons supprimé les comptes personnels du suspect identifié de Facebook et Instagram, et nous identifions et supprimons activement tous les comptes imposteurs qui font surface.
- Nous avons supprimé la vidéo d'origine Facebook Live et l'avons hachée de sorte que les autres partages visuellement similaires à cette vidéo soient ensuite détectés et automatiquement supprimés de Facebook et Instagram.
- Certaines variantes telles que les enregistrements d'écran étaient plus difficiles à détecter. Nous avons donc étendu notre gamme de systèmes à d'autres systèmes de détection, notamment l'utilisation de la technologie audio.
- Au cours des premières 24 heures, nous avons retiré environ 1,5 million de vidéos de l'attaque dans le monde. Plus de 1,2 million de ces vidéos ont été bloquées lors du téléchargement et n'ont donc pas pu être visionnées sur nos services.
Notons également que plusieurs sites Web, dont Voat, ZeroHedge, Archive.is, LiveLeak et d’autres, ont été bloqués en Australie et en Nouvelle-Zélande, en violation directe des libertés civiles que les citoyens sont supposés avoir. Le plus important de ces fournisseurs d’accès à Internet, Telstra, a publié un billet de blog dans lequel il défendait son action de censure, reconnaissant même que la liberté de parole avait été sacrifiée par décision de la société :
Envoyé par Telstra
1984 vient de frapper l'Australie. @zerohedge bloqué !! (mais pas @InfoWarsChannel), @liveleak bloqué (mais pas @youtube), @4chan bloqué par @Telstra. Également des rapports de @VodafoneAU de @zerohedge. Quoi d'autre a été censuré par nos maîtres du gouvernement ? Perdons-nous des points de crédit social? #auspol
Source : The Guardian, Facebook
Et vous ?
Censurer ou pas censurer ? Telle est la question
Voir aussi :
Les FAI en Australie ont commencé à censurer Internet, bloquant des sites Web pour avoir hébergé des images de l'attaque terroriste à Christchurch
Microsoft appelle à un plan de modération sectoriel après la fusillade de la Nouvelle-Zélande et explique comment le mettre en place