Selon un nouvel article publié sur le SSRN (Réseau de recherche en sciences sociales), le niveau de lisibilité moyen des accords passés en revue par les chercheurs était comparable à celui des articles de revues spécialisées.
« Alors que les consommateurs sont légalement censés ou présumés lire leurs contrats, les entreprises ne sont pas obligées d’en écrire des lisibles. Cette asymétrie - et ses conséquences potentielles - nous a rendus perplexes », a écrit le coauteur Samuel Becher, professeur de droit à l'Université Victoria de Wellington.
Valider les conditions sans les lire, une habitude très répandue
Nous sommes tous passés par là et nous nous sommes inscrits à un nouveau service numérique, tel qu'Amazon ou Facebook, et nous avons été invités à cocher la case pour indiquer que nous acceptons les conditions de service. Ces accords incluent généralement des clauses sur la propriété intellectuelle, les interdictions et la résiliation, entre autres.
La plupart d'entre nous acceptons les conditions sans se soucier de lire les petits caractères. Mais avec ces types de contrats relativement nouveaux, connus sous le nom d’accords de signature, il est dangereux de cliquer sur «accepter» sans les lire ni les comprendre - ils sont valables juridiquement.
Prenons Fteja v. Facebook, affaire de tribunal de district de New York en 2012, dans laquelle un utilisateur de Facebook a allégué que son compte avait été fermé en raison de sa religion et de son appartenance ethnique.
Ce que le réclamant ignorait, parce qu’il n’avait pas lu le contrat, c’était que Facebook avait une clause stipulant que toute réclamation contre la société devait être résolue dans le comté de Santa Clara, en Californie.
En fin de compte, le juge a transféré l'affaire, affirmant que « le fait de ne pas lire un contrat avant d'accepter ses termes ne dispense pas une partie de ses obligations en vertu du contrat ».
Le test de lisibilité appliqué aux contrats d'utilisation
Jusqu'à présent, la lisibilité des accords de signature automatique n'avait jamais été officiellement analysée.
Becher et Uri Benoliel, de la faculté de droit et des affaires de Ramat-Gan, en Israël, ont sélectionné 500 des sites Web les plus populaires présentant ces types de contrats et ont appliqué à leurs conditions générales deux tests de lisibilité largement acceptés.
Un test de lisibilité ou formule de lisibilité ou mesure de lisibilité est une analyse statistique de la lisibilité d'un texte, c'est-à-dire l'évaluation de « degré de difficulté éprouvé par un lecteur essayant de comprendre un texte ». Ce type d'analyse est généralement réalisée en comptant les syllabes, les mots, les phrases et par la comparaison de la fréquence des mots par rapport à d'autres textes. Les tests de lisibilité sont souvent utilisés comme alternative à une étude statistique sur des lecteurs humains (sondage) du texte à analyser :
- Le premier est le test de Flesch-Kincaid (F-K). Ce test évalue le texte en fonction des niveaux scolaires américains. Ainsi, une note de 8,0 signifie qu’un élève de huitième, ce qui correspond à la deuxième année du collège en France, peut comprendre le document.
- Le second est le Flesch-Reading-Ease, lui aussi un outil de mesure jugeant de la lisibilité des textes. Il s’agit d’un test de lisibilité dont le résultat est une valeur numérique entre 0 et 100. Le test repose sur l’hypothèse que les mots courts et les phrases courtes sont plus simples à comprendre pour les lecteurs. Le niveau de difficulté d’un texte est décrit en se basant sur sa structure, de telle manière que de hautes valeurs Flesch constituent un indicateur d’intelligibilité et de lisibilité. Les subdivisons suivantes sont également effectuées, cependant exclusivement pour la langue anglaise :
- 100 = Le texte est très simple à lire et à comprendre
- 65 = Le texte est relativement simple à lire et à comprendre
- 30 = Le texte est difficile à comprendre
- 0 = Le texte est très difficile à comprendre
Conclusions
La plupart des études sur la lisibilité suggèrent que les textes destinés au consommateur devraient être rédigés à un niveau de lecture qui ne va pas au-delà de 8.0 en se servant du test F-K, ou avoir un score inférieur à 60 sur le test FRE. Il faut noter qu’aux États-Unis les tests F-K et FRE sont déjà utilisés par certains organismes fédéraux et étatiques pour garantir la lisibilité des documents tels que les formulaires fiscaux et les régimes de soins de santé.
Pourtant, selon Becher et Benoliel, seuls deux des contrats analysés respectaient cette norme, les 498 autres ayant un score FRE inférieur à 60 et 14.0 sur le test F-K.
Certaines entreprises ont tenté de simplifier les choses pour les consommateurs.
Seulement 4,8% des sites analysés, y compris Tumblr, présentent des versions plus accessibles de leurs contacts, à côté du jargon juridique habituel. Pour Becher et Benoliel, cela soulève d’autres préoccupations : « Quelles parties du texte sont contraignantes ? En cas de litige, les tribunaux devraient-ils préférer un type de texte à un autre ? »
Source : SSRN
Et vous ?
Lisez-vous systématiquement les conditions d'utilisation ?
S'il vous arrive de le faire, y comprenez vous quelque chose généralement ?
Avez-vous déjà participé à la création de ce genre de texte lorsque votre entreprise a proposé des services en ligne ?
Votre entreprise gère-t-elle ce genre de texte en interne ou fait-elle appel à des juristes ?
Vous êtes-vous déjà servi d'un test de lisibilité pour vos documents ? Quels types de documents ? Quel test ?
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