Lors d’un discours prononcé au Forum international de la cybersécurité à Lille dans le nord de la France, Florence Parly, ministre française des Armées, a déclaré que les forces militaires françaises utiliseront leurs armes numériques au même titre que toutes les armes traditionnelles pour répondre aux offensives ou en mener de sa propre initiative. « Nous avons montré notre volonté. Notre capacité à nous mettre en ordre de marche, vite. Et vendredi, à Paris, avec le chef d’état-major des Armées, nous avons encore franchi une étape supplémentaire. J’ai annoncé devant le Commandement cyber, notamment, que la France revendiquait d’utiliser l’arme cyber au même titre que toutes les armes conventionnelles. J’ai pu énoncer les grands principes de notre nouvelle doctrine cyber offensive et le renforcement de notre défense cyber. L’arme cyber n’est pas seulement pour nos ennemis ou nos fictions. Non. Nous aussi, en France, pouvons défendre, répliquer et attaquer », a-t-elle déclaré.
« Depuis quelques années le cyberespace est devenu un lieu de confrontation comme un autre, un lieu où des milliers de hackers avancent masqués. Un lieu d’impunité où certaines nations se cachent pour mieux attaquer. Sous couvert d’anonymats, certains groupes, certains États se croient tout permis », avait déclaré Florence Parly, en officialisant le volet offensif de la doctrine cybermilitaire française. « Aujourd'hui nous nous dotons d'un cadre clair et nous l'assumons : oui, la France emploie et emploiera l'arme cyber dans ses opérations militaires », a-t-elle ajouté devant le général François Lecointre, chef d’état-major des armées, et de nombreux journalistes présents pour l’occasion.
Florence Parly a publié le vendredi dernier, la première doctrine militaire de lutte informatique offensive (LIO) du pays, en évoquant le potentiel d’attaque et de défense de l’Hexagone dans la nouvelle ère numérique. Son discours cadrait avec les propos tenus en 2015 par Jean-Yves le Drian, à l’époque ministre de la Défense, lorsqu’il déclarait que « ;le cyber n’est pas seulement défensif, c’est un nouveau champ de bataille. La France dispose de capacités offensives ;». Dans sa déclaration qui intervient après la réforme de structure et l’accroissement des moyens, la ministre a averti : « ;Nous serons prêts à employer en opérations extérieures l’arme cyber à des fins offensives, isolément ou en appui de nos moyens conventionnels, pour en démultiplier les effets. […] Nous considérons l’arme cyber comme une arme opérationnelle à part entière ;».
« La guerre cyber a bel et bien commencé », a déclaré la ministre lors de son discours. « ;Nous devons agir ensemble pour la cybersécurité de nos réseaux. Nous devons, ensemble, concevoir et échanger les bonnes méthodes et les bonnes pratiques. Nous devons bâtir pour chaque entreprise, chaque ministère, chaque personnel, une culture et une hygiène cyber irréprochable. [...] Chaque système doit être conçu en pensant à sa cybersécurité. Chaque réseau doit être pensé dès l’origine en se demandant comment le protéger », a dit la ministre. Pour donner les raisons pour lesquelles la France prend une telle mesure, la ministre précise qu'en « 2017, les réseaux de la défense ont subi 700 événements de sécurité, dont 100 cyberattaques. En 2018, les chiffres ont encore augmenté et dès septembre, nous dépassions ce chiffre de 700. Mon petit doigt me dit que cela ne va pas baisser en 2019 ».
Les propos de Mme Parly détonnent avec la position généralement adoptée par les autorités nationales, qui consiste à aborder les questions de cybersécurité d’un point de vue défensif. La position de la France pourrait faire l’objet de discussions à l’international au cours des prochains mois, la France étant un membre influent de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de l’Union européenne. Florence Parly a profité de l’occasion pour annoncer que la France allait mettre sur pied un programme de chasseurs de bogues, qui vise à récompenser les experts en sécurité informatique lorsqu’ils rapportent la découverte d’une vulnérabilité au gouvernement. « Nous allons lancer fin février le premier "bugbounty" du ministère des armées. Des hackers éthiques, recrutés au sein de la réserve opérationnelle cyber, pourront se lancer à la recherche des failles dans nos systèmes et s’ils en découvrent en être comme il se doit, récompensés », a-t-elle annoncé dans son discours.
Source : Discours de Florence Parly
Et vous ?
Que pensez-vous des déclarations du ministre de la défense ?
Voir aussi
L'armée française passe à la cyberoffensive avec la publication de la première doctrine militaire de lutte informatique offensive du pays
L'armée française lance un Bug bounty pour muscler sa cyberdéfense et appelle à la mutualisation des forces de tous les acteurs de ce secteur
Cybersécurité : la menace numérique est en augmentation de 32 % en France, 245 millions d'euros par an sont détournés sur Internet
France : L'Anssi se fixe comme priorité la cybersécurité de l'industrie, des OIV, etc. et veut concentrer ses actions sur les plus graves attaques
Les salaires des professionnels de la cybersécurité connaitront une nette hausse cette année, selon une nouvelle étude sur le sujet
« La France emploie et emploiera l'arme cyber dans ses opérations militaires »,
A déclaré la ministre française de la Défense
« La France emploie et emploiera l'arme cyber dans ses opérations militaires »,
A déclaré la ministre française de la Défense
Le , par Bill Fassinou
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !