
Les États-Unis sont allés jusqu'à demander à leurs alliés de boycotter les équipements télécoms du Chinois Huawei. Certaines puissances n'ont pas suivi le mot d'ordre, mais d'autres l'ont fait et la France semble elle aussi être en train de prendre des mesures assez subtiles pour contrôler Huawei.
En effet, le gouvernement français souhaite limiter le déploiement de l'équipementier télécoms chinois Huawei et pense profiter de la loi Pacte pour y parvenir. Pour ceux qui ne le savent pas, il s’agit du projet de loi relatif au Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises. Il souhaite répondre à des enjeux et obstacles que rencontrent très souvent, pour ne pas dire quotidiennement, les entreprises françaises. Cette loi a été votée par l'Assemblée nationale en première lecture en octobre dernier.
L'une des mesures que voudrait donc prendre la France consisterait en une extension du pouvoir d'agrément de l'agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI). En clair, le gouvernement français souhaite faire passer un amendement anti-Huawei en se servant de la loi Pacte sans déclarer ouvertement la guerre à la Chine. Cet amendement a été présenté le 16 janvier 2019 lors d'une réunion à Bercy regroupant des entreprises françaises et organismes gouvernementaux du secteur technologique. Avec cet amendement, les opérateurs devront fournir leur plan avant de déployer de nouveaux équipements et les autorités auront ensuite deux mois pour valider ou pas le matériel. Le gouvernement pourra donc désormais par le biais de l'ANSSI, limiter le déploiement de Huawei dans le pays en prétextant effectuer des contrôles sur ses produits et par la suite, les invalider sans que cela ne passe pour une censure ciblée.
Jusqu'à présent en France, les opérateurs ne peuvent installer sur leurs réseaux que des équipements qui ont été préalablement approuvés par l'ANSSI. En donnant donc plus de pouvoir à cette agence, le gouvernement lui permettra d'avoir un contrôle plus poussé sur un éventail beaucoup plus large de produits des différents fabricants tels que Nokia, Ericsson ou encore bien évidemment Huawei. L'ANSSI sera donc en mesure d'effectuer des contrôles et d'interdire si nécessaire les produits Huawei qui seront désormais installés, mais également ceux installés lors des précédentes générations mobiles (3G, 4G).
Il s'agit donc là d'une manœuvre assez subtile du gouvernement français pour garder le contrôle sur l'entreprise chinoise en faisant peser la responsabilité sur les opérateurs télécoms français. D'ailleurs ces opérateurs qui s'opposent à cet amendement, s'inquiètent sur les répercutions que cela pourrait avoir comme le fait que la France pourrait prendre du retard dans la 5G.
La stratégie du gouvernement est rusée, mais peut-être pas la plus adaptée. Il serait probablement plus judicieux d'opter pour une autre alternative, mais encore faudrait-il qu'elle soit adaptée au contexte de la France.
Source : Les Echos
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