En moyenne, les conducteurs qui transportent des personnes (chez Uber ou Lyft) ou des biens (chez Uber Eats ou Postmates) par le biais d’une application ont gagné 53 % de moins en 2017 qu’en 2013, selon une nouvelle étude du JPMorgan Chase Institute qui s’est basée sur l’examen des paiements en ligne réalisés uniquement par le biais de comptes-chèques Chase pour les opérations de transport (PayPal et apparentés exclus).
Cette enquête s’est focalisée sur les emplois médiés par le biais de plateformes en ligne, sans tenir compte du travail à la pige et du travail sous contrat organisé par des méthodes traditionnelles. Dans le cadre de cette étude, JPMorgan a examiné 39 millions de comptes-chèques Chase entre 2012 et 2018. Au début de cette étude, 42 plateformes étaient incluses ;; elles sont maintenant au nombre de 128. Cette enquête ne s’appuie que sur les gains globaux pour un mois donné.
Les paiements mensuels moyens versés à ceux qui ont travaillé pour une application de transport au cours d’un mois donné sont passés de 1469 USD à 783 USD, tandis que ceux qui travaillaient pour des applications telles que Airbnb, Turo, Parklee et autres applications qui permettent de louer des biens (maison, voiture, espace de stationnement…) ont vu leurs revenus sur ces plateformes augmenter de 69 % en moyenne pour s’établir à 1736 USD.
Cet état des choses serait dû au fait que de plus en plus de gens travaillent pour des entreprises de covoiturage, de livraison ou de VTC entretenant ainsi « ;la gig économie online ;» (économie des petits boulots en ligne), terme qui recouvre une réalité économique dans laquelle des sous-traitants et des freelances accessibles via des plateformes numériques et travaillant pour différents employeurs sont payés à la tâche, et non au mois.
La part de la population active qui a participé à « ;la gig économie ;» tout au long de l’année est passée de moins de 2 % en 2013 à près de 5 % en 2018, ce qui correspond pratiquement à la proportion de travailleurs retrouvés dans le secteur de l’administration publique. À peu près la moitié de cet effectif (2,4 %) a évolué dans le secteur des transports cette année, contre 1 % seulement en 2013.
Selon JPMorgan, les éléments ci-après considérés individuellement ou associés pourraient expliquer cette baisse importante de la rémunération moyenne des conducteurs de la « ;gig économie ;» :
- la baisse du prix des courses ;;
- la baisse du nombre moyen d’heures de travail ;;
- l’asymétrie existant entre une offre importante et une demande qui ne suit pas ;;
- la baisse de la rémunération octroyée aux conducteurs par les plateformes.
Cette étude de JPMorgan tend à prouver que les emplois de la « ;gig économie online ;» ne servent en réalité qu’à compléter les emplois réguliers de type 8 heures par jour plutôt qu’à faire office d’emploi à plein temps, car l’emploi traditionnel ne permet plus de joindre les deux bouts pour de nombreux Américains. Cet apport financier complémentaire ne représente, en moyenne, que 20 % du revenu total observé, selon l’étude JPMorgan.
Chez Lyft comme chez Uber, les plateformes de VTC les plus en vue aux États-Unis, on déplore le fait que, dans son étude, JPMorgan n’a pas opté pour une approche basée sur des gains horaires étant donné la proportion croissante de personnes qui utilisent seulement occasionnellement ce type de plateforme.
« ;Les résultats de l’étude renforcent ce que nous et beaucoup d’autres affirmons depuis un certain temps : que la croissance du travail à la demande est en grande partie le fait de personnes qui utilisent des plateformes comme Uber en parallèle ;», a confié le porte-parole d’Uber. Précisons que les recherches antérieures du groupe ont révélé que même si les prix des trajets ont diminué, le nombre de trajets par heure a augmenté, compensant les variations de salaire.
« ;De plus en plus de conducteurs font le choix d’être rémunérés par Lyft sur la base d’un travail à temps partiel, souvent moins de dix heures par semaine, et ils nous disent apprécier vraiment la flexibilité que Lyft offre ;», a déclaré un porte-parole de Lyft dans un courriel.
Source : JPMorgan
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