
Et l’Homme fusionne avec l’IA : aberration ou fiction ?
Neuralink est une entreprise américaine de biotechnologie spécialisée en neuro-ingénierie et basée à San Francisco, en Californie. La société a été fondée en 2016 par le milliardaire Elon Musk (également actuel PDG du groupe) qui estime que les progrès rapides observés dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) ne laisseront, à un moment donné, que deux options aux êtres humains : fusionner avec l’IA ou devenir obsolètes.
Sous l’impulsion de son patron, Neuralink travaille activement sur un projet qui vise à développer des neuroprothèses pouvant être utilisées comme des interfaces cerveau-machine à très haut débit afin de connecter le cerveau humain et des ordinateurs via des implants cybernétiques et de permettre à l’esprit humain de s’interfacer avec des gadgets et des programmes.
À court terme, Neuralink a pour objectif de concevoir des dispositifs qui traiteraient initialement des maladies cérébrales et des lésions cérébrales graves. À long terme, la société projette de développer des technologies susceptibles d’améliorer les êtres humains, en s’inspirant notamment d’un concept de science-fiction appelé « Neural Lace ».
Le « Neural Lace » fait référence à une interface cerveau-ordinateur permettant de relier le cerveau humain à des ordinateurs sans avoir besoin de connexion physique. Cette technologie donnerait aux humains la possibilité de fusionner avec l’intelligence artificielle et d’améliorer ainsi leur mémoire et leurs facultés cognitives. Elle leur permettra surtout de bénéficier directement (capacité d’accès, de traitement, de stockage ou d’intégration) des connaissances qu’ils ont confiées aux machines depuis des années.
À l’instar de la technologie de neuro-ingénierie exploitée par Néo, Morphéus ou encore Trinity dans la saga culte « The Matrix » pour acquérir instantanément de nouvelles connaissances sans entrainement, le « Neural Lace » devrait permettre à ses utilisateurs d’échanger des données en temps réel (upload, download, mise à jour) avec un système informatique.
L’exploitation effective de cette technologie pourrait débuter à l’horizon 2029, lorsque les recherches dans le domaine de l’ingénierie inverse auront été complétées. Ces dernières devraient accélérer les opérations visant à modéliser les différentes régions du cerveau humain et à simuler de façon précise les fonctions et aptitudes de chacune d’entre elles. Les partisans de cette théorie comme le futuriste Ray Kurzweil estiment, par ailleurs, que l’apogée de la civilisation homme-machine pourrait débuter à l’horizon 2045, matérialisant ainsi une singularité technologique. Un clin d’œil à la saga Mass Effect (I, II et 3) ?
D’après Elon Musk « nous sommes tous des cyborgs » et il y a de fortes chances que, comparés à l’IA, nous devenions l’équivalent intellectuel du chat domestique si rien n’est fait. Lorsqu’on lui demande pourquoi il a créé Neuralink, il répond que « le risque existentiel est trop élevé pour ne pas le faire ».
Quoi qu’il en soit, cette technologie ô combien attrayante soulève néanmoins de nombreuses interrogations. Qui pourra garantir l’intégrité et la crédibilité des données qui seront implantées dans la tête des gens ? Comment être certain que les souvenirs d’une personne sont vraiment les siens ou reflètent vraiment ce qu’elle désirait ?
L’esprit humain semble encore représenter l’un des rares espaces qui puissent être considérés comme une limite à ne pas franchir afin de préserver l’identité et le libre arbitre au sein de l’espèce humaine. Violer ce cadre privé ultime pourrait être perçu comme la pire des folies. Cette technologie pourrait ouvrir la voie à des pratiques délétères d’une ampleur sans précédent puisqu’elle affecterait instantanément et durablement des cibles qui ne disposent d’aucun verrou de sécurité ou de moyen leur permettant de se rendre compte qu’elles ont été dupées.
Cette technologie pourrait notamment être utilisée non pas pour informer, mais pour augmenter les capacités d’un système permettant de contrôler des individus (implantation de données falsifiées, de suggestions tendant à modifier sournoisement le comportement…), sans parler de l’accès direct et en temps réel aux données de l’esprit dont pourraient profiter les entreprises d’Internet et les services d’espionnage. On ne parlera probablement plus de piratage informatique, mais plutôt de piratage de l’esprit humain avec l’application des incidents IT au genre humain (bogues, plantage, redémarrage inopiné, formatage, intrusions d’un malware, etc.). Seriez-vous prêts à vivre dans un tel monde ?
Source : Interesting engineering
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