Californie : un sénateur propose une loi imposant aux bots de révéler qu'ils ne sont pas des humains
Mais elle suscite la controverse
Le 2018-07-22 06:29:31, par Bill Fassinou, Chroniqueur Actualités
Depuis quelques années, une nouvelle tendance est apparue sur Internet : les bots informatiques. Ils sont de plus en plus exploités sur Internet. Sur les réseaux sociaux par exemple, Facebook a mis un magasin de bots à la disposition des utilisateurs pour que ceux-ci puissent s’en servir. L’évolution de la technologie faisant son petit effet, les bots sont devenus plus rapides et plus efficaces, et sont parfois difficiles à distinguer des humains. C'est ainsi que lors des dernières élections présidentielles aux USA et en France par exemple, les bots ont été utilisés sur les réseaux sociaux pour diffuser les fake news, dans le but d'influencer les opinions politiques.
C’est donc en réponse à ce problème que le sénateur américain Robert Hertzberg a émis une proposition de loi qui imposera aux bots de révéler aux personnes avec qui ils interagissent qu’ils ne sont pas des humains. Précisons que seuls les bots destinés à vendre des biens et des services ou à influencer les votes lors d’une élection sont concernés par la proposition de loi. Le texte de loi a été rédigé par Common Sense Media, un organisme à but non lucratif qui donne son avis sur l'âge minimal pour regarder des films et des émissions de télévision, en collaboration avec le Center for Humane Technology, un groupe d'anciens employés de grosses firmes technologiques.
Le fait que les bots soient si simples à créer et que les entreprises n’aient aucune obligation légale de s’en débarrasser justifie le fait qu’ils soient encore autant utilisés. Une loi sanctionnant leur utilisation pourrait s’avérer utile, mais les experts n’ont aucune idée des effets que celle proposée par le sénateur Hertzberg pourrait avoir.
Oren Etzioni, directeur général de l'Institut Allen pour l'intelligence artificielle, a fait remarquer qu’il approuvait entièrement l’esprit de la loi, mais que le texte en lui-même était très perfectible. « C'est une législation révolutionnaire », a-t-il déclaré. « Nous sommes sur une trajectoire où la réalité, le tissu même de l'information que nous voyons, peut être modifiée de façon inédite. Quand cela est fait, comme le dit la loi, avec l'intention de tromper, c'est un énorme problème », a-t-il poursuivi. Ajoutant cependant qu’on ne devait ni « faire deux poids, deux mesures » ni « mettre de mauvaises lois aux conséquences inconnues dans les livres », le directeur de l’institut Allen a mis en lumière le fait que le texte de la loi était problématique.
Madeline Lamo, une ex-laborantine du Tech Policy Lab de l’université de Washington, a déclaré que le libellé du projet de loi sur les bots « influençant un vote lors d'une élection » se heurtait au même problème qui a empoisonné les règlements sur le financement des campagnes et les lois sur les discours liés aux élections. « Dans la mesure où les bots ont eu une emprise sur les opinions politiques, ils ont agi à grande échelle, avec des milliers de comptes automatisés travaillant pour diffuser une gamme diversifiée de messages ». Il est difficile d'imaginer, a-t-elle dit, que l’obligation d’identification de quelques comptes dans un seul Etat aurait un effet remarquable sur les bots à l’échelle mondiale.
Interrogés sur la question, ni le sénateur Hertzberg ni le directeur général de Common Sense Media n’ont semblé trop préoccupés par les critiques que leur proposition de loi essuyait. Mais il faut préciser qu’après qu’ils aient été interviewés et que les comités de l’assemblée aient examiné le projet, le contenu de celui-ci a considérablement changé. La définition de « bot » s’est faite plus précise passant de « compte en ligne » à « compte en ligne automatisé sur une plateforme en ligne ». Cette loi est encore un autre symbole de la difficulté que cela représente pour les législateurs d’élaborer des lois répondant efficacement aux problèmes auxquels les utilisateurs sont confrontés sur Internet.
Source : Brisbane Times, California legislative information
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ?
Quel effet une telle loi pourrait-elle avoir sur l'utilisation des bots ?
Cela va-t-il contribuer à lutter efficacement contre les fake news ?
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C’est donc en réponse à ce problème que le sénateur américain Robert Hertzberg a émis une proposition de loi qui imposera aux bots de révéler aux personnes avec qui ils interagissent qu’ils ne sont pas des humains. Précisons que seuls les bots destinés à vendre des biens et des services ou à influencer les votes lors d’une élection sont concernés par la proposition de loi. Le texte de loi a été rédigé par Common Sense Media, un organisme à but non lucratif qui donne son avis sur l'âge minimal pour regarder des films et des émissions de télévision, en collaboration avec le Center for Humane Technology, un groupe d'anciens employés de grosses firmes technologiques.
Le fait que les bots soient si simples à créer et que les entreprises n’aient aucune obligation légale de s’en débarrasser justifie le fait qu’ils soient encore autant utilisés. Une loi sanctionnant leur utilisation pourrait s’avérer utile, mais les experts n’ont aucune idée des effets que celle proposée par le sénateur Hertzberg pourrait avoir.
Oren Etzioni, directeur général de l'Institut Allen pour l'intelligence artificielle, a fait remarquer qu’il approuvait entièrement l’esprit de la loi, mais que le texte en lui-même était très perfectible. « C'est une législation révolutionnaire », a-t-il déclaré. « Nous sommes sur une trajectoire où la réalité, le tissu même de l'information que nous voyons, peut être modifiée de façon inédite. Quand cela est fait, comme le dit la loi, avec l'intention de tromper, c'est un énorme problème », a-t-il poursuivi. Ajoutant cependant qu’on ne devait ni « faire deux poids, deux mesures » ni « mettre de mauvaises lois aux conséquences inconnues dans les livres », le directeur de l’institut Allen a mis en lumière le fait que le texte de la loi était problématique.
Madeline Lamo, une ex-laborantine du Tech Policy Lab de l’université de Washington, a déclaré que le libellé du projet de loi sur les bots « influençant un vote lors d'une élection » se heurtait au même problème qui a empoisonné les règlements sur le financement des campagnes et les lois sur les discours liés aux élections. « Dans la mesure où les bots ont eu une emprise sur les opinions politiques, ils ont agi à grande échelle, avec des milliers de comptes automatisés travaillant pour diffuser une gamme diversifiée de messages ». Il est difficile d'imaginer, a-t-elle dit, que l’obligation d’identification de quelques comptes dans un seul Etat aurait un effet remarquable sur les bots à l’échelle mondiale.
Interrogés sur la question, ni le sénateur Hertzberg ni le directeur général de Common Sense Media n’ont semblé trop préoccupés par les critiques que leur proposition de loi essuyait. Mais il faut préciser qu’après qu’ils aient été interviewés et que les comités de l’assemblée aient examiné le projet, le contenu de celui-ci a considérablement changé. La définition de « bot » s’est faite plus précise passant de « compte en ligne » à « compte en ligne automatisé sur une plateforme en ligne ». Cette loi est encore un autre symbole de la difficulté que cela représente pour les législateurs d’élaborer des lois répondant efficacement aux problèmes auxquels les utilisateurs sont confrontés sur Internet.
Source : Brisbane Times, California legislative information
Et vous ?
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Ryu2000Membre extrêmement actifle 25/07/2018 à 16:18
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A voir la qualité de certains tchats en ligne, il faudra aussi une loi imposant aux humains de révéler qu'ils ne sont pas des bots
-VXle 25/07/2018 à 16:16 -
pmithrandirExpert éminentDans ton exemple de google bot, on a un robot qui communique avec un serveur.
C'est assez different d'un bot déstiné à communiquer avec des humains.le 23/07/2018 à 15:28 -
SaverokExpert éminentIl faut lire l'article en entier :
Les bots d'indexations ne sont donc pas concernés par cette proposition de loi.le 23/07/2018 à 15:31 -
joublieMembre confirméCette loi me semble une bonne chose pour aider à mettre en éveil le sens critique des utilisateurs. Mais voyons plus grand : à quand une loi obligeant à se démasquer les personnes physiques payées pour influencer des discussions de toute nature, une loi obligeant à préciser qui emploie ces personnes (entreprises privées, fonction publique, ONG, etc.) ? Ce serait assez instructif.le 03/10/2018 à 21:12
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supergeoffreyMembre expérimentéCe n'est pas une bonne chose.
Quand les boots simulent les comportement humains, c'est pour ne pas se faire piéger.
L'exemple le plus fréquent :
Google boot fait plusieurs appel HTTP une fois en disant que c'est lui, des fois en le cachant.
Il compare fortement les différences entre ses deux appels, afin d'éviter les publicités intempestive...
Dans le cas de cette loi, il ne pourra plus le faire. Du coup les résultats sur google pourront être trompé sur leurs contenu...le 23/07/2018 à 14:03 -
Ryu2000Membre extrêmement actifCe n'est pas sympa d’appeler les journalistes mainstreams des "bots".
Ils sont humain, même si leur job consiste à recopier des articles.
Ils ont fait des études la dessus ?
Parce qu'il ne me semble pas que quelque chose fasse plus peur aux français que le FN.
C'est quand même l’épouvantail absolu, "ça rappelle les heures les plus sombres de l'Europe" et toutes ces conneries...
Je pense qu'un second tour FN / FI, se terminerai avec une victoire de FI.
Si Melenchon avait accepté de s'allier à Hamon il serait peut être au pouvoir à la place de Macron.
Ce serait un gros chantier de déplacer un pays d'un sous-continent.
Par contre quitter l'UE ça peut se faire.
Bof, c'était déjà la merde dans le monde bien avant l'apparition des bots.
Les bots n'y sont pour rien dans la crise économique de 1907 ni dans la krach de 1929 ni dans la crise de 2008.
Le chômage était déjà là avant l'automatisation.
C'est un progrès technologique, on créera de nouveaux jobs, pour l'instant on a aucune idée de ce que ça pourrait être, mais on finira peut être pas trouver ce que pourront faire les humains dans le futur.le 24/07/2018 à 11:01 -
SaverokExpert éminentFaut pas exagérer non plus.
Il est certains que les bots, comme d'autres facteurs, influencent dans une certaine mesure les élections.
Reste maintenant à mesurer cette influence et là, y a pas 2 études qui avancent les mêmes chiffres donc difficile de savoir le nombre de points attribuables aux bots.
Par contre, croire qu'on est un esprit hermétique à toute influence extérieure est illusoire.
Personne n'est totalement un libre penseur.
Nous sommes tous influencés par une multitude de choses (famille, amis, presse, environnement, réseaux sociaux, etc, etc, etc) et ça n'a rien de mal pour autant car sans cela, il n'y aurait pas de construction d'idées et les gens n'évolueraient jamais car chacun serait persuadé de détenir la seule et unique vérité.
Au contraire, on subit / vit des interactions en permanence qui nous impactent plus ou moins profondément (consciemment ou non) et c'est ainsi qu'on évolue et qu'on se forge nos opinions.
Est-ce que ça fait de nous des moutons pour autant ?le 24/07/2018 à 16:55 -
CoderInTheDarkMembre émériteAu contraire, on subit / vit des interactions en permanence qui nous impactent plus ou moins profondément (consciemment ou non) et c'est ainsi qu'on évolue et qu'on se forge nos opinions.
Est-ce que ça fait de nous des moutons pour autant ?[/QUOTE]
Au sujet de l'Irak et des armes de destructions massives Bush avait déclaré "L'effet du mensonge l'emporte sur la vérité".
Le bot qui va pouvoir faire sonner la bonne corde sensible de ses victimes, qu'il aura bien identifié, classé pour personnalisé sa propagande.
S'il arrive a influencer le petit pourcentage qui peut nous précipiter dans l'abîme c'est dangereux
Ma manipulation ce n'est pa nouveau.
Même si j'espère que nos concitoyens ne sont pas des moutons.
Je désespère de plus en plus de mon prochain
En 2002 comment le FN est passé.
Le PS et le RPR//ULP/Les républicains/bientôt un nouveau nom ont joué avec le feu à savoir le FN
Ils espéraient que le Fn aspirait les voix de l'autre.
Mais très vites la politique de la peur, a profiter à la droite.
Il n'y avait que Jospin pour ne rien voir
Les JT passaient en boucle des reportages sur l'insécurité
Tout le monde se sentait en insécurité, et avait peur et en parlait.
Tout le monde accusait le gouvernement et surtout la gauche d'être trop laxiste, il fallait une réponse forte.
Un boulevard pour le FN
Mais quand on demandait aux gens on se rendait compte que personne n'avait été confronté à un danger , à part à la télévision.
Le coup de grâce a été l'agression de papi Voise la veille des élections
Une affaire arrangé pour faire pencher la balance
Ca c'est de la manipulation à l'ancienne, pas besoin de bots.
Comme Hitler qui accusait les tchèques et les polonais d'opprimer les minorités allemande fragiles.
Le prétexte de vouloir défendre le faible a souvent été efficave.
Les bots ne feront ou ne déferont pas une élection à eux seul, je ne suis pas aussi naïf.
Mais ils sont une arme supplémentaire contre la démocratie
Et c'est pourquoi il faut s'en méfierle 24/07/2018 à 17:24 -
Luckyluke34Membre émériteTrès bonne idée qui aura au moins le mérite de pointer du doigt les marchands qui remplacent un vrai service clientèle par une IA souvent aux fraises. J'espère qu'on y viendra en Europe.le 25/07/2018 à 13:59