Elle peut rassembler et transférer trois types d'informations :
- des données, ce qui permet de créer, selon leur nature, un grand registre public ou privé ;
- de la valeur, sous forme de monnaie (comme le bitcoin) ou d'actifs (titres, obligations, propriétés, etc) ;
- des contrats intelligents (ou smart contracts en anglais), qui s'exécutent automatiquement dès que leurs conditions pré-encodées sont remplies par les parties concernées.
En rappel, un service public est un service organisé dans une intention d'intérêt général. Les services publics s'occupent généralement des problèmes sociaux, économiques et politiques d'un pays. Ils ont généralement un énorme volume de données à collecter et à traiter.
Le réseau devient la force
Chaque nouvelle information se voit stockée dans un bloc, qui assure un lien avec le bloc précédent. C'est ainsi que se forme une chaîne de blocs, qui correspondent à autant d'empreintes digitales inaltérables, des plus anciennes aux plus récentes de leur contenu. La mise en réseau de dizaines de milliers d'ordinateurs, assurant le respect des règles. Différent d'une situation classique où toute information est validée par un ou plusieurs tiers de confiance puisque garants en principe de leur intégrité. Il peut s'agir d'une banque, d'une compagnie d'assurances, d'un service public fédéral ou régional, d'une commune, etc. Un tel système ne facilite pas l'échange rapide d'informations. D'une part parce que l'administration A détient rarement une information selon les critères souhaités par l'administration B. D'autre part parce que les parties ne se font pas nécessairement confiance, ce qui dédouble le travail à effectuer ou implique un autre tiers de confiance. Les informations s'avèrent en outre vulnérables, en cas d'attaque informatique ou d'altération accidentelle ou non de leur contenu.
Avec la blockchain, les informations ne sont plus détenues par ces tiers de confiance, mais encryptées dans un gigantesque réseau informatique décentralisé, qui n'appartient à personne. « Il permet non seulement de s'assurer que les informations stockées sont correctes, comme on peut le vérifier par un protocole, mais aussi qu'elles ne disparaîtront pas, puisqu'il en existera toujours une copie », souligne Jean-Luc Verhelst, conférencier et auteur du livre Bitcoin intitulé « the Blockchain and Beyond ».
Une information stockée dans la blockchain est accessible à tous ceux qui sont habilités à la déchiffrer. Dans un tel système, l'administration B peut accéder via une simple requête à l'information encodée dans la blockchain par l'administration A. Toute modification dans la chaîne de blocs serait inévitablement rendue visible.
Une identité blockchain, de la naissance au décès
La blockchain, une fois appliquée à l'identité d'un individu, pourrait offrir un monde de possibilités. Elle pourrait l'accompagner de la naissance au décès, en intégrant tous les faits et événements qui jalonnent son existence. Acte de naissance, déménagements, attestations, permis de conduire, diplômes, dossier médical, parcours professionnel, etc. Chaque nouvelle étape se verrait enregistrée dans la blockchain de manière sûre et inaltérable. Les acteurs publics compétents, de leur côté, pourraient instantanément consulter les informations nécessaires, sans prendre contact avec d'autres administrations ou avec le citoyen concerné.
Au croisement du public et du privé, il y a par exemple l'achat d'une maison. Là encore, la blockchain pourrait révolutionner les procédures, de l'agent immobilier jusqu'au fonctionnaire délégué, en passant par le notaire.
Transparence des subsides
La blockchain offre des perspectives en matière de bonne gouvernance. Prenons l'exemple des subsides qui représentent une somme d'argent versé à titre de secours ou subvention. Les budgets alloués en ce sens par un service public fédéral ou régional seraient transposés virtuellement en jetons, qui seraient eux-mêmes répartis successivement entre différentes directions, entreprises ou associations. Tout arbitrage ou ajustement en cours de route serait inévitablement identifié et enregistré. Les jetons seraient ensuite détruits, une fois que le budget correspondant a effectivement été consommé.
Des projets pilotes
On peut aujourd'hui proposer des services reposant sur la blockchain, souligne Thierry Mortier, associé chez Ernst & Young, en charge des technologies émergentes. Mais pour en retirer de réels bénéfices, il faut d'abord l'appliquer à des cas très spécifiques, avec un nombre limité de parties prenantes. Depuis plusieurs mois, la ville d'Anvers en Belgique teste ainsi le recours à la blockchain pour gérer son registre de la population.
L'expérimentation de la technologie via des projets pilotes, devrait durer deux ans, estime Damien Littré, conseiller scientifique pour Innoviris, l'institut bruxellois pour la recherche scientifique. « Pour les projets de grande ampleur, on sera déjà prêt dans cinq ans. Tout ira très vite », ajoute Jean-Luc Verhelst. La réticence au changement et le déploiement de nouvelles pratiques de travail constitueront néanmoins les deux plus grands freins à son expansion. Cette seule réalité pourrait consumer jusqu'à 80 % du coût nécessaire à la migration vers les solutions blockchain.
Autant d'informations susceptibles d'être intégrées dans un grand registre, ce qui réduirait considérablement les délais et la masse de travail perdue dans les requêtes effectuées de part et d'autre. La traçabilité qu'offre cette technologie pourrait aussi s'appliquer au contrôle des aliments. Une chaîne de blocs permettrait aux organismes de certification d'en connaître instantanément la provenance exacte et le parcours, depuis les matières premières jusqu'aux produits finis.
« Plus vous connaissez la technologie, plus vous serez en mesure de la réguler et d'en cerner les points forts », suggère Thierry Mortier.
Toutefois, tout confier à la blockchain n'est pas aussi à risques ?
Source : Le Vif
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