Uber aurait négligé les simulations informatiques de ses véhicules autonomes
Pressé de lancer son taxi sans conducteur
Le 2018-06-20 07:43:59, par Stan Adkens, Expert éminent sénior
Un des prototypes de voiture autonome d’Uber a été impliqué dans une collision mortelle avec une piétonne en mars dernier à Tempe en Arizona, lors d'un essai sur les routes. Les capteurs de la voiture ont bien détecté la piétonne, mais le véhicule ne l’a pas évitée. Le logiciel d’Uber n’a pas réagi à temps et a percuté la femme qui est décédée des suites de ses blessures.
La cause probable identifiée par la société était la conséquence d’un mauvais réglage du logiciel de conduite autonome. Selon sa configuration, le logiciel d’Uber comme d'autres systèmes de véhicules autonomes peut ignorer les « faux positifs » ou des objets qui ne seraient pas des obstacles pour le véhicule comme un sachet plastique volant.
Cependant, selon The Information, certains dirigeants et membres de l’équipe véhicule autonome d’Uber ont reconnu que le problème provient de la course effrénée au développement d’un taxi autonome, négligeant la simulation par ordinateur au profit des tests pratiques sur des routes privées. Cette raison n’est pas établie de façon précise, selon les sources d’information, mais cet accident pourrait être évité avec un logiciel bien amélioré si les simulations avaient été correctement menées, ont dit les informateurs.
Depuis l’accident mortel, Uber a arrêté les essais sur les routes pour focaliser son équipe sur la simulation par ordinateur. La société a, par ailleurs, considérablement augmenté ses dépenses en technologie de simulation ces derniers mois, selon The Information.
Les simulations informatiques de véhicule autopiloté avant les tests réels de validation
La sécurité routière s’est accrue grâce à la simulation numérique. Le prix d’un crash test en conditions réelles étant extrêmement coûteux, il est possible aujourd’hui de simuler de nombreuses situations de collision avant d’aller réaliser le vrai test de validation.
Les simulations par ordinateur des scénarios de conduite sont conçues pour détecter les problèmes avant que les prototypes de véhicules autonomes soient mis dans des situations réelles et pour évaluer ensuite comment les voitures autonomes ont géré des situations risquées sur la route, afin que des améliorations puissent être apportées.
Des logiciels de jeu vidéo 3D sont utilisés pour alimenter certains simulateurs, l’objectif étant de tester dans un environnement virtuel des manœuvres particulières, dans des millions de variations différentes, beaucoup plus qu'une voiture peut tester dans le monde réel. Les ingénieurs ont besoin pour cela de rassembler des données très détaillées sur les routes et les panneaux de signalisation, ainsi que les comportements des autres véhicules sur les routes capturés à partir des capteurs d'un prototype de voiture autonome afin d’améliorer le logiciel de conduite.
Les difficultés rencontrées avec la simulation informatique chez Uber
Problèmes de financement
La faiblesse du programme de simulation est en partie le fait d’un manque d’investissement, selon The Information. C’était tout le contraire chez d’autres grandes entreprises de développement de véhicule autonome tel que Waymo, où les tests de simulation étaient une priorité absolue. Jusqu’en fin 2017-début 2018, les ingénieurs étaient sous-payés, selon The Information. Ce qui n’encourageait pas de nouveaux talents à intégrer l’équipe ni les anciens à rester. Le logiciel actuel a été développé en 2018 après que l’équipe se soit battue pour obtenir une amélioration des rémunérations.
Problèmes de personnes
Les défaillances dans les simulations d’Uber sont, également, en partie dues aux problèmes de personnes au sein de l’équipe. En effet, en mi-2016, l’équipe, renforcée par de nouveaux ingénieurs, était dirigée par Anthony Levandowski, qui travaillait auparavant dans l'équipe des voitures autonomes de Google. Bien que M. Levandowski ait poussé Uber à investir dans la simulation, elle n’est pas devenue une partie importante du processus de développement de logiciel chez Uber en partie à cause des incompréhensions entre le nouveau dirigeant de l’équipe et les anciens. Aussi, une poursuite engagée contre M. Levandowski par Google pour vol de secrets commerciaux a conduit à son renvoi en mi-2017.
Problèmes de compatibilité entre logiciel d’autopilotage et logiciel de simulation
L’incompatibilité entre le code développé par l’équipe de base de la conduite autonome et celui qui alimentait le programme de simulation rendait difficile l’exécution des simulations par les ingénieurs. Par manque de temps, l’équipe de développement du logiciel de conduite autonome ne pouvait pas répondre aux requêtes d’adaptation du logiciel de base formulées par l’unité de simulation. À cause de cette incompatibilité, l’unité de simulation ne pouvait pas contribuer significativement à la préparation des ambitions d’Uber de se lancer dans le développement d’un véhicule commercial autopiloté, selon The Information.
Course au lancement de taxi sans chauffeur
La course au développement du véhicule commercial sans conducteur impliquait plus de charges pour l’équipe de simulation qui travaillait déjà avec un logiciel à capacité réduite. Mais au lieu d’aider son unité de simulation à améliorer les possibilités de son logiciel pour des tests informatisés plus avancés, Uber a préféré se concentrer sur des tests pratiques, espérant accélérer l’apprentissage de son véhicule autonome pour rattraper son retard sur Waymo, qui a déjà des robots taxis en circulation.
Cependant, un ancien cadre de conduite autonome d'Uber pouvait dire : « Vous ne pouvez pas simuler les données du monde réel ». « Mais en créant des environnements virtuels avec relativement peu d'obstacles, les simulateurs peuvent identifier les problèmes de base, à la fois avant et après que les voitures commencent à être testées dans les rues publiques ». C’est le simulateur qui permet de tester les changements apportés par une amélioration du logiciel de conduite en l’exécutant en milieu virtuel tout en évitant les crashs réels. Des millions de kilomètres de tests physiques ne suffisent pas à avoir une meilleure voiture autonome, mais une simulation approfondie est aussi nécessaire, a rapporté The Information.
Source : The Information
Et vous ?
Que pensez-vous de cette expérience d’Uber ?
Selon vous, est-il possible d’investir dans un projet de voiture autopilotée et négliger les simulations informatisées ?
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Cependant, selon The Information, certains dirigeants et membres de l’équipe véhicule autonome d’Uber ont reconnu que le problème provient de la course effrénée au développement d’un taxi autonome, négligeant la simulation par ordinateur au profit des tests pratiques sur des routes privées. Cette raison n’est pas établie de façon précise, selon les sources d’information, mais cet accident pourrait être évité avec un logiciel bien amélioré si les simulations avaient été correctement menées, ont dit les informateurs.
Depuis l’accident mortel, Uber a arrêté les essais sur les routes pour focaliser son équipe sur la simulation par ordinateur. La société a, par ailleurs, considérablement augmenté ses dépenses en technologie de simulation ces derniers mois, selon The Information.
Les simulations informatiques de véhicule autopiloté avant les tests réels de validation
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Les simulations par ordinateur des scénarios de conduite sont conçues pour détecter les problèmes avant que les prototypes de véhicules autonomes soient mis dans des situations réelles et pour évaluer ensuite comment les voitures autonomes ont géré des situations risquées sur la route, afin que des améliorations puissent être apportées.
Des logiciels de jeu vidéo 3D sont utilisés pour alimenter certains simulateurs, l’objectif étant de tester dans un environnement virtuel des manœuvres particulières, dans des millions de variations différentes, beaucoup plus qu'une voiture peut tester dans le monde réel. Les ingénieurs ont besoin pour cela de rassembler des données très détaillées sur les routes et les panneaux de signalisation, ainsi que les comportements des autres véhicules sur les routes capturés à partir des capteurs d'un prototype de voiture autonome afin d’améliorer le logiciel de conduite.
Les difficultés rencontrées avec la simulation informatique chez Uber
Problèmes de financement
La faiblesse du programme de simulation est en partie le fait d’un manque d’investissement, selon The Information. C’était tout le contraire chez d’autres grandes entreprises de développement de véhicule autonome tel que Waymo, où les tests de simulation étaient une priorité absolue. Jusqu’en fin 2017-début 2018, les ingénieurs étaient sous-payés, selon The Information. Ce qui n’encourageait pas de nouveaux talents à intégrer l’équipe ni les anciens à rester. Le logiciel actuel a été développé en 2018 après que l’équipe se soit battue pour obtenir une amélioration des rémunérations.
Problèmes de personnes
Les défaillances dans les simulations d’Uber sont, également, en partie dues aux problèmes de personnes au sein de l’équipe. En effet, en mi-2016, l’équipe, renforcée par de nouveaux ingénieurs, était dirigée par Anthony Levandowski, qui travaillait auparavant dans l'équipe des voitures autonomes de Google. Bien que M. Levandowski ait poussé Uber à investir dans la simulation, elle n’est pas devenue une partie importante du processus de développement de logiciel chez Uber en partie à cause des incompréhensions entre le nouveau dirigeant de l’équipe et les anciens. Aussi, une poursuite engagée contre M. Levandowski par Google pour vol de secrets commerciaux a conduit à son renvoi en mi-2017.
Problèmes de compatibilité entre logiciel d’autopilotage et logiciel de simulation
L’incompatibilité entre le code développé par l’équipe de base de la conduite autonome et celui qui alimentait le programme de simulation rendait difficile l’exécution des simulations par les ingénieurs. Par manque de temps, l’équipe de développement du logiciel de conduite autonome ne pouvait pas répondre aux requêtes d’adaptation du logiciel de base formulées par l’unité de simulation. À cause de cette incompatibilité, l’unité de simulation ne pouvait pas contribuer significativement à la préparation des ambitions d’Uber de se lancer dans le développement d’un véhicule commercial autopiloté, selon The Information.
Course au lancement de taxi sans chauffeur
La course au développement du véhicule commercial sans conducteur impliquait plus de charges pour l’équipe de simulation qui travaillait déjà avec un logiciel à capacité réduite. Mais au lieu d’aider son unité de simulation à améliorer les possibilités de son logiciel pour des tests informatisés plus avancés, Uber a préféré se concentrer sur des tests pratiques, espérant accélérer l’apprentissage de son véhicule autonome pour rattraper son retard sur Waymo, qui a déjà des robots taxis en circulation.
Cependant, un ancien cadre de conduite autonome d'Uber pouvait dire : « Vous ne pouvez pas simuler les données du monde réel ». « Mais en créant des environnements virtuels avec relativement peu d'obstacles, les simulateurs peuvent identifier les problèmes de base, à la fois avant et après que les voitures commencent à être testées dans les rues publiques ». C’est le simulateur qui permet de tester les changements apportés par une amélioration du logiciel de conduite en l’exécutant en milieu virtuel tout en évitant les crashs réels. Des millions de kilomètres de tests physiques ne suffisent pas à avoir une meilleure voiture autonome, mais une simulation approfondie est aussi nécessaire, a rapporté The Information.
Source : The Information
Et vous ?
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Et encore, dans certains coins si tu fais ça tu peux attendre 3 bonnes heures sur le bord de la route, sans exagérer. Perso, dans ces endroits merveilleux (typiquement, le passage piéton à la sortie des ronds points dans les zones industrielles -- qui doivent être peintes à la peinture seulement visible par les piétons) je fais preuve de la plus élémentaire des impolitesses en regardant la tête conducteur voir s'il m'a vue et s'il n'a pas une tête suffisamment énervée pour m'écraser si je m'avise de passer. Puis je croise les doigts et je passe. Pas le choix.
Dans le même genre, il y avait ce piéton qui s'est fait écraser sur la route à 4 h du matin. Route mal éclairée et tout le toutim. Tout le monde a d'emblée estimé que le piéton n'a pas à être sur la route à 4 h du matin (et qu'il était sûrement bourré à cette heure-là). Jusqu'à ce qu'en fait, on se rende compte que le mec rentrait du boulot chez PSA, après s'être fait chourer son vélo sur son lieu de travail, et n'avait pas d'autre choix que de marcher sur le bord de la route, puisqu'il n'y a pas de trottoir sur la route qui mène à PSA.
Bref, tout ça pour dire qu'en France en tout cas (et je suppose qu'aux US c'est pareil), on manque cruellement d'aménagements sécurisés pour les piétons comme pour les cyclistes. Et qu'il faut prendre en compte cet état de fait (de même que le point soulevé plus haut, on ne peut pas se concentrer sur la route si on ne fait rien), et ajuster le tir avant de mettre les voitures autonomes en circulation. Et dans tous les cas, voitures autonomes ou pas, il faut le faire.le 27/06/2018 à 14:55 -
UtherExpert éminent séniorAlors que pour s'exprimer sur une affaire dont on ignore les tenants et aboutissants, y'a toujours du monde.le 09/03/2019 à 7:10
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kain_tnExpert éminentPas si autonome que ça, ce véhicule, puisqu'il faut un "conducteur de secours" attentif pour éviter de tuer des gens autour... Et pour rendre ce conducteur de secours plus attentif, on lui propose de ne rien faire en attendant... Encore un beau mensonge du marketing.le 09/08/2023 à 21:11
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JipétéExpert éminent séniorRien compris du tout.
Faut dire aussi que vu la quantité de fautes à la ligne, ce texte est parfaitement incompréhensible pour le commun des mortels...
Et depuis quand l'argent serait content, ou mécontent ? Triste ou heureux, aussi, tant qu'on y est ?le 26/07/2018 à 22:38 -
fredocheMembre extrêmement actifJuste hallucinant ce rapport
pas conçu pour ça ? pour un cas qui serait juste ultra-courant n'importe où dans le monde
M'enfin on écrit illégal, et dans ce cas l'illégal vaut bien la peine de mort
putain pas de "case else" dans mon switch case c'est con hein.
"malheureusement"
Malheureusement j'avais pris un apéro de plus ce soir là. Ah non en fait
Malheureusement on désactive le système qui aurait peut-être pu lui sauver la vie, parce que évidemment la conduite devient chaotique. Et qu'on a pas le temps de reprogrammer un truc qui marche mieux et qui reste prudent. Pis ça coute des ronds. Et la valeur de l'action les gars ? Non allez on passe en test réel, on verra bien ce que ça donne sans ce système de freinage d'urgence.
Je pense qu'on vit dans un monde de merde où des technophiles s'imaginent sans limite et tout-puissants. Alors que c'est littéralement des courges sur pattes, mais je suis sur qu'en plus ils se pensent suprêmement intelligents avec leurs beaux diplômes. Et ça a pas du empêcher grand monde d'aller en vacances en Thaïlande, faut pas déconner quand même.
J'en pense qu'il y a tellement de pognon investi là-dedans qu'on est pas prêt de dire "stop". M'enfin tout va bien désormais :
l’équipe du Groupe Uber Advanced Technologies a adopté des améliorations essentielles à son programme afin d’accorder la priorité à la sécuritéle 18/11/2019 à 18:32 -
marsupialExpert éminentC'est grave comme information. Pressé par le rendement boursier, Uber n'a pas validé le soft comme il se devrait. Je veux dire, c'est une vie qui est partie pour nous l'apprendre. Pas une erreur dans une base ou dans un algorithme qui a pour conséquence un retard de production à corriger, cela a coûté une vie. Irréparable.le 20/06/2018 à 20:24
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transgohanExpert éminentBref... Si vous comptez traverser en dehors des passages à piétons, armez vous d'une bombe blanche pour le dessiner en dessous de vous en traversant pour éviter d'être renversé par une voiture autonome.le 07/11/2019 à 13:47
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el_slapperExpert éminent séniorEt on appelle ça une IA? C'est un bête système expert, dont l'expertise est d'ailleurs limitée, semble-t-il. a partir du moment ou il ya un truc qui bouge, le système devrait réagir en conséquence. On s'en fout de ce qu'est le truc en question, d'ailleurs. Imaginez un plot de travaux qui bouge, poussé par le vent, ou que sais-je. Il faut l'éviter aussi. Tuer le plot n'est pas grave, mais le choc peut envoyer la voiture autonome(et les gens dedans) dans le décor.
Un conducteur humain qui voit un truc bouger, il se méfie. Avant même d'identifier le truc(piéton, voiture, carton poussé par le vent...). Si l'automate(je refuse à parler d'IA pour un système même pas foutu d'apprendre de ses erreurs) n'en fait pas autant, il est par définition plus vulnérable qu'un conducteur humain.le 07/11/2019 à 14:33 -
ddoumecheMembre extrêmement actifLamentable, toi aussi tu m'as l'air bien défoncé
Sauf si c'est l'IA elle même qui a désactivé les freinages d'urgences pour se donner un Alibi.... un nouveau métier est né, profileur d'IA sérial killeuse.le 20/06/2018 à 22:06 -
xelabMembre expérimentéA priori c'était bien un endroit où on pouvait traverser et les experts disent que la voiture avait largement le temps de s'arrêter ou ralentir (6 secondes c'est énorme, même en admettant que le capteur soit plus efficace que l'oeil humain, un être humain l'aurait vu 5 secondes avant, 1 ou 2 secondes de temps de réaction et ça vous laisse 3 à 4 secondes pour lever le pied). Je ne compte pas le nombre de fois où je traverse en estimant avoir largement le temps de passer en comptant sur le fait que la voiture qui arrive ralentisse un peu (et non continue à rouler à la même vitesse). En regardant la vidéo de l'accident, on voit que si la voiture avait ralenti de 10 ou 20km/h la piétonne passait sans problème (le choc a eu lieu sur le côté droit de la voiture, la piétonne avait presque fini de traverser). Bref, c'est scandaleux de dire que la victime est un peu responsable de sa mort.le 27/06/2018 à 8:36