« Don't be evil » (littéralement, « Ne soyez pas malveillants ») a été la devise informelle de Google. En termes de culture d'entreprise, cette devise est devenue le pilier identitaire central de Google. À ce propos, Larry Page a écrit en 2004 que « Par cette phrase qui est notre devise, nous avons tenté de définir précisément ce qu'être une force bénéfique signifie - toujours faire la chose correcte, éthique ».
Avec la création d’Alphabet comme société-mère de Google, cette devise est devenue « Do the right thing », que l’on peut traduire par « faire ce qu’il faut » ou « choisir la bonne chose à faire ». Cependant, Google a conservé son expression originale « ne soyez pas malveillant » jusqu'à ces dernières semaines.
En creusant dans les archives du 21 avril 2018 d’Internet Machine, nous pouvons voir l'expression présente dans un code de conduite antérieur:
« Ne soyez pas malveillant, les googleurs appliquent généralement ces mots à la façon dont nous servons nos utilisateurs, mais "Ne soyez pas malveillant« représente bien plus que cela. Il s'agit de fournir à nos utilisateurs un accès impartial à l'information, en se concentrant sur leurs besoins. en leur donnant les meilleurs produits et services que nous pouvons, mais il s'agit aussi de faire la bonne chose plus généralement, par exemple en se conformant à la loi, en agissant honorablement et en traitant les collègues avec courtoisie et respect.
« Le code de conduite de Google est l'une des façons de mettre en pratique “Ne soyez pas malveillant”. Il est construit autour de la reconnaissance que tout ce que nous faisons dans le cadre de notre travail chez Google sera, et devrait être, mesuré par rapport aux normes les plus élevées possibles de conduite commerciale éthique. Nous mettons la barre très haut pour des raisons pratiques et idéales: notre engagement à respecter les normes les plus élevées nous permet d'embaucher des gens formidables, de créer de bons produits et d'attirer des utilisateurs fidèles. La confiance et le respect mutuel entre les employés et les utilisateurs sont la base de notre succès, et nous devons les gagner tous les jours ».
Cependant, les mentions « Ne soyez pas malveillant » n’apparaissent pas dans la mise à jour du code de conduite, mise à jour qui semble avoir eu lieu le 5 avril 2018 et qui est présente dans les archives datant du 4 mai 2018.
« Le code de conduite de Google est l'un des moyens de mettre en pratique les valeurs de Google. Il est construit autour de la reconnaissance que tout ce que nous faisons dans le cadre de notre travail chez Google sera, et devrait être, mesuré par rapport aux normes les plus élevées possibles de conduite commerciale éthique. Nous mettons la barre très haut pour des raisons pratiques et idéales: notre engagement à respecter les normes les plus élevées nous permet d'embaucher des gens formidables, de créer de bons produits et d'attirer des utilisateurs fidèles. Le respect de nos utilisateurs, de l'opportunité et de l'un pour l'autre sont les fondements de notre succès et nous devons les soutenir tous les jours.
« Lisez donc le Code et les valeurs de Google, et respectez en à la fois l’esprit et les prescriptions tout en gardant toujours à l'esprit que chacun de nous a la responsabilité personnelle d'incorporer et d'encourager les autres Googleurs à épouser les principes du Code et les valeurs dans notre travail. Et si vous avez une question ou si vous pensez qu'un de vos collègues Googleurs ou l'entreprise dans son ensemble pourrait être en deçà de notre engagement, ne gardez pas le silence. Nous voulons - et avons besoin - d'avoir de vos nouvelles ».
Toutes les mentions de « don’t be evil » ont été supprimées à l’exception d’une seule, reléguée à la toute dernière ligne du long code de conduite qui devient « et n’oubliez pas, ne soyez pas malfaisant ».
Un tel changement pourrait indiquer que cette devise n’est plus aussi importante pour Google qu’elle le fut auparavant.
Un changement qui intervient en pleine crise chez Alphabet
Ce changement intervient alors que plusieurs ingénieurs de Google ont claqué la porte de l’entreprise à cause du projet Maven. Ce dernier vise à améliorer les opérations des drones en utilisant des technologies de reconnaissance d'images. Selon le Pentagone, l'objectif initial est de fournir à l'armée une vision par ordinateur avancée, permettant la détection et l'identification automatique d'objets (classés dans pas moins de 38 catégories) capturés par la caméra d'un drone. Le projet a donc vocation à pister certaines cibles plus aisément.
Depuis le mois de mars 2018, l’équipe dirigeante de Google gère des correspondances de protestations tant de son personnel que d’organisations de défense des libertés sur Internet. 3100 employés (minimum) de la firme ont manifesté leur soutien pour son retrait de ce projet dénommé Maven. Y faisant suite, l’Electronic Frontier Foundation (EFF) a, de façon générale, appelé les entreprises de la technologie à s’extirper des collaborations dans le même genre.
« Nous demandons que le projet Maven soit annulé et que Google prépare, publie et instaure des règles qui stipulent que jamais l’entreprise et ses sous-traitants ne participeront à la construction de matériel de guerre », ont lancé les employés à Sundar Pichai.
Seulement, référence faite à une publication (parue en juillet 2017) du département de la Défense (DoD) des États-Unis, il s’agit de « gagner des guerres en s’appuyant sur les algorithmes et l’intelligence artificielle. » Plus loin dans le papier du DoD, un colonel de l’armée américaine rappelle que « nous [les USA] sommes dans la course aux armes autonomes. » Difficile dans de telles conditions de ne pas entrevoir une utilisation pervertie de l’IA de Google, notamment, pour exceller dans les frappes ciblées. À ce propos, le géant de la Tech. s’est une fois de plus dédouané en arguant que la construction de cette technologie pour aider le gouvernement américain dans la surveillance militaire – avec des résultats potentiellement mortels – n'est pas acceptable, mais il ne peut externaliser la responsabilité morale de ses technologies à des tiers.
Sources : Code de conduite de Google (21 avril 2018, 4 mai 2018)
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Le , par Stéphane le calme
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