Lancé en février 2005, Google Maps, le service de cartographie de Google, a su peu à peu s’imposer pour devenir presque incontournable dans le domaine. Le service s’est adapté à l’aire du temps, ne manquant pas certains virages importants comme celui de la réalité augmentée.
Pour mémoire, Google n’a pas inventé la cartographie en ligne, MapQuest ou Michelin (ViaMichelin) étaient déjà présents et le projet OpenStreetMap avait démarré peu de temps avant, mais Google s’est naturellement imposé par ce choix de la gratuité et la possibilité d’intégrer (gratuitement) leurs cartes interactives personnalisables sur n’importe quel site.
Google Maps compte plus d’un milliard d’utilisateurs. Les API de Google Maps sont utilisés par bon nombre de sites Web pour ajouter des informations sur des cartes ou par des internautes pour divers services (place de stationnement, proposition de lieux à visiter, heures d’ouverture et de fermeture des magasins, numéro pour contacter une entreprise, etc.).
Le 2 mai, Google a annoncé une refonte complète de son offre professionnelle Google Maps. Il faut préciser que si Google Maps est gratuit pour les utilisateurs finaux, l’offre ne l’est pas pour les entreprises et les professionnels.
« À compter du 11 juin, vous aurez besoin d'une clé API valide et d'un compte de facturation Google Cloud Platform pour accéder à nos produits principaux. Une fois que vous aurez activé la facturation, vous aurez accès à vos 200 $ d'utilisation mensuelle gratuite à utiliser pour nos produits Cartes, itinéraires et lieux. Au fur et à mesure de la croissance de votre entreprise ou des pics d'utilisation, notre plan évoluera avec vous. De plus, avec l'infrastructure globale de Google Maps, vous pourrez évoluer sans penser à la capacité, la fiabilité ou la performance », a déclaré Google.
Google explique son annonce par la nécessité de simplifier son offre – qui compte 18 produits différents (pour le calcul d’itinéraires, la localisation des adresses, l’utilisation de ses services d’annuaire, etc.) – en la ramenant à trois produits principaux : la carte, le calcul d’itinéraires et les annuaires. Mais derrière cette « simplification » se cache une augmentation des prix qui n’a pas échappée à la communauté des développeurs.
Les représentants de la fondation Open Street Map France ont réagi en étudiant précisément l’évolution des prix pour différents volumes de trafic. Ils rappellent tout d’abord qu’au long de ces 13 années, Google a restreint les usages gratuits en plusieurs étapes :
le premier changement est intervenu en 2012 où une première série de limites sont mises en place (par exemple une limite de 2500 appels quotidiens à l’API de géocodage). Ceci n’a, à l’époque, impacté qu’un nombre restreint de gros services utilisateurs. Certains ont basculé pour d’autres solutions, souvent basées sur les données OpenStreetMap car l’impact financier du changement de politique de Google mettait en péril l’existence même de leurs services et il leur était sûrement préférable d’investir pour acquérir la compétence dans un domaine aussi important pour leur activité.
le second changement a eu lieu en 2015 avec un nombre d’affichages gratuits de cartes sur un site web est désormais limité à 25000 par jour (moyenné sur 90 jours). Passé ce quota gratuit, la carte devient indisponible et un nombre plus important de sites est impacté. Les tarifs hors quota gratuit restent toutefois raisonnables, avec 0.50$ les 1000 appels supplémentaires et ces utilisateurs “moyens” préfèrent souvent payer que d’envisager un changement qui nécessite souvent un nouveau développement important.
le troisième qui aura lieu le 11 juin 2018 prévoit que le quota gratuit de 25000 cartes affichées par jour sur un site web passe à… 28000 par mois (soit environ 1000 par jour) c’est à dire 25 fois moins ! Les tarifs au delà de ce quota réduit de 96% ont aussi augmenté dans des proportions du même ordre… on passe de 0.50$ les 1000 cartes affichées à 7$, soit 14 fois plus cher. Un site qui affiche 10000 cartes par jour passe donc de 0 à 1764$ par mois et pour ceux qui étaient proches de la limite gratuite de 25000 cartes/jour cela leur sera désormais facturé 4704$ par mois ! Un site avec 100 000 cartes affichées par jour voit son coût multiplié par plus de 500.
Même si Google parle de simplification, comprendre cette nouvelle tarification n’est pas chose aisée. Notons par exemple que les « embed », les vignettes cartographiques Google Maps intégrées dans des pages web, peuvent être à « 0 $ » pour 1 000 vues, ou à « 14 $ » pour 1 000 vues dans le cas des « advanced embed ». Néanmoins, Google ne définit pas ce qu’il entend par « advanced embed » et se contente de définir « embed ».
Sources : Google (tarification en vigueur, tarification à venir), annonce Google, analyse Open Street Map France (Christian Quest)
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ?
Cela peut-il représenter, selon-vous, un abus de position dominante ?
Quelles alternatives viables pourrez-vous proposer ?
Qu'est ce qui peut, selon-vous, expliquer ce changement dans la tarification ?
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Le , par Stéphane le calme
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