Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de passer brièvement sur le CRA (Congressional Review Act). Comme son nom le suggère, le CRA est une loi qui habilite le Congrès à revoir, au moyen d'un processus législatif accéléré, de nouveaux règlements fédéraux publiés par des organismes gouvernementaux et, par l'adoption d'une résolution commune, à renverser un règlement.
Une fois qu'une règle est ainsi abrogée, le CRA interdit également la réémission de la règle essentiellement sous la même forme ou l'émission d'une nouvelle règle qui est essentiellement la même « sauf si la nouvelle loi est spécifiquement autorisée par une loi promulguée après la date de la résolution commune désapprouvant la règle originale » (5 US Code § 801 (b) (2)).
Il faut préciser que le Congrès dispose d'une fenêtre de temps qui dure 60 jours législatifs (c'est-à-dire, les jours de session du Congrès, plutôt que de simples jours civils) pour désapprouver une règle donnée par un vote à la majorité simple. Autrement, la règle va entrer en vigueur à la fin de cette période
Quelque jours après que la FCC (Federal Communication Commission) a publié dans le registre fédéral (le 22 février 2018) son plan pour mettre fin à la neutralité du net aux États-Unis, le sénateur démocrate Edward J. Markey a présenté son CRA intitulé « résolution de désapprobation », enclenchant ainsi un processus visant à défaire le vote de la FCC.
Il a alors déclaré sur Twitter le 27 février 2018 : « Aujourd'hui, nous présentons officiellement la résolution CRA qui annulerait les actions de la FCC et rétablirait la #NetNeutralité.
« Et quand nous passerons ce vote au Sénat, chacun de mes collègues devra répondre à cette simple question : de quel côté êtes-vous? #OneMoreVote »
Les démocrates du Sénat ont pu aligner 50 voix, en comptant celle du sénateur Susan Collins (le seul sénateur républicain à y avoir apporté son soutien). Un nombre qui s’avère plus que suffisant pour forcer un vote sous la CRA, même s’il reste en dessous des 51 nécessaires pour faire passer la résolution.
D’ailleurs, comme Politico note, même si le Sénat venait à adopter la proposition du démocrate, il est peu probable qu'elle soit adoptée dans la Chambre des représentants ou qu’elle reçoive le soutien du président Donald Trump.
Mais, pour le leader de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, ce combat va apporter de la visibilité à un problème qui trouvera un écho auprès des électeurs plus jeunes et qui sont des utilisateurs avertis d’internet :
« Nous sommes à la traîne dans la lutte pour sauver la neutralité du net », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Bientôt, le peuple américain saura de quel côté sont les membres du Congrès : se battent-ils pour les grandes entreprises et les FAI ou pour défendre les propriétaires de petites entreprises, les entrepreneurs, les familles de la classe moyenne et les consommateurs de tous les jours ? »
Comme l’a déclaré hier sur Twitter le sénateur Edward Markey, la date du 9 mai a été retenue pour présenter la pétition afin de forcer le vote qui pourrait défaire la décision de la FCC.
C’est également la même date qu’ont choisis des militants du net et des sites comme Etsy, Tumblr, Postmates, Foursquare et Twilio pour commencer à afficher des « alertes rouges » afin de protester contre la décision de FCC d’abolir la neutralité du Net.
La campagne « Go Red » est dirigée par BattleForTheNet.com, et est soutenue par des groupes tels que Demand Progress, Fight for the Future ou même Free Press Action Fund.
La campagne vise à promouvoir la sensibilisation au vote et à encourager les électeurs à inonder leurs représentants d’appels téléphoniques et de courriels pour soutenir cette résolution. La campagne en ligne débutera donc le 9 mai lorsque la résolution sera officiellement présentée au Sénat et se poursuivra jusqu'au vote.
« Ce vote du Sénat sera le moment le plus important pour la neutralité du Net depuis l'abrogation de la FCC », a déclaré lundi Evan Greer, directeur adjoint de Fight for the Future. « Chaque utilisateur d'Internet, chaque start-up, chaque petite entreprise doit être mobilisé pour sonner l'alarme et sauver la neutralité du net ».
Plusieurs entreprises de technologie, comme Vimeo, Mozilla, Kickstarter, Foursquare et Etsy, ainsi que plusieurs procureurs généraux des États, ont déjà intenté des poursuites pour préserver les protections garanties par la neutralité du Net.
Sources : Politico, Alerte Rouge
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Voir aussi :
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Les Démocrates du Sénat envisagent de lancer une procédure le 9 mai 2018
Pour forcer un vote sur la neutralité du Net
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Le , par Stéphane le calme
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