
Les motifs de la France sont évidents : mettre ses hauts fonctionnaires et élus à l'abri à la surveillance d'un pays étranger. En effet, l'État ne fait plus confiance aux messageries chiffrées populaires telles que WhatsApp et Telegram, qui sont de moins en moins crédibles dans le contexte de sécurité actuel. WhatsApp porte par exemple l'image de Facebook et Telegram serait également truffé de portes dérobées en plus de faire face actuellement à la pression de la Russie.

Le projet pour remplacer ces messageries privées est piloté par la direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État (DINSIC). Il reçoit aussi les contributions de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI), des DSI du ministère des Armées et du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.
Dans une note rendue publique il y a quelques jours, la DINSIC a confirmé que l'État est en train d'adopter sa propre messagerie instantanée sécurisée. Elle s'appuie sur le logiciel de messagerie open source Riot qui est lui-même basé sur le protocole de communication Matrix. Matrix est un standard ouvert pour la communication interopérable, décentralisée et en temps réel sur IP. Il peut être utilisé dans la construction d'une messagerie instantanée, la signalisation VoIP/WebRTC et la communication IdO (Internet des objets). Porté par une startup franco-britannique (New Vector) et bénéficiant de nombreuses contributions, Matrix a déjà retenu l'attention d'autres États tels que les Pays-Bas et le Canada, avec qui la DINSIC dit collaborer étroitement. Ce qui pourrait donc justifier ce choix. L'État met également en avant un très faible coût de développement pour la mise en œuvre de sa messagerie sécurisée.
Le gouvernement estime que sa messagerie instantanée sécurisée « garantira des échanges sécurisés, chiffrés de bout en bout, sans dégradation de l'expérience utilisateur » et « sera compatible avec n'importe quel terminal mobile ou poste de travail, d'État ou personnel. » Il rappelle en effet que jusqu’à maintenant « l’installation d'applications comme WhatsApp ou Telegram n’était pas possible sur les téléphones mobiles professionnels, ce qui ne permettait pas une fluidité parfaite de l’information et des partages de documents. »
L'outil est en cours d’expérimentation au sein du Secrétariat d’État au Numérique, de la DINSIC et dans les DSI de différents ministères. Il devrait être déployé au courant de l’été dans les administrations et les cabinets.
Sources : Blog Matrix, Communiqué de presse de la DINSIC
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