
Il n’y a qu’à voir comment le gouvernement fédéral américain lutte depuis des années avec Microsoft – une entreprise citée parmi les GAFA (Google, Amazon, Facebook, etc.) – pour comprendre que tout ce qui est données numériques stockées sur des serveurs à l’étranger est source de maux de tête. Dans cette rixe qui a débuté en 2014, le département américain de la Justice (DoJ) a porté plainte contre Microsoft pour avoir refusé de fournir des informations sur des courriels stockés sur des serveurs en Irlande. Le gouvernement fédéral a fait valoir que Microsoft devrait se conformer au mandat, en vertu du Stored Communications Act, mais le géant du logiciel refuse de satisfaire à sa demande estimant que les mandats de perquisition US ne peuvent pas s'appliquer au-delà des frontières américaines. Donald Trump a donc autorisé la mise en application du CLOUD Act, un cadre juridique permettant aux forces de l’ordre américaines de récupérer des données stockées sur des serveurs situés à l’étranger.
La manœuvre du gouvernement français devient dès lors parfaitement compréhensible, car elle vise un meilleur contrôle des communications sensibles. La dépendance à des services de messagerie comme Telegram ou WhatsApp – dont les serveurs sont situés à l’étranger – pose un problème dans le contexte sécuritaire actuel. Sur un fil de discussion d’une journaliste de la BFMTV, un tweet renforce sérieusement le doute sur la crédibilité de l’application de messagerie russe : « Telegram est déjà truffé de portes dérobées en France (on peut tout lire), c’est un policier qui a publié cette information sur la télévision il y a quelques mois. » Quant à WhatsApp, les liens avec Facebook – empêtré dans la gestion du scandale Cambridge Analytica – ont vite fait de l’éclabousser.
Des propos de Mounir Mahjoubi, rien n’a filtré sur les choix techniques qui gouvernent à la conception de l’application. Reuters rapporte toutefois qu’elle serait basée sur l’offre open source disponible en ligne. Pour ce qui est des certitudes, ce qu’il faut dire c’est que la Dinsic – la direction interministérielle du numérique et du système d'information et de communication – et un prestataire privé externe (non cité par l’équipe Mahjoubi) sont lancés sur le projet.
L’application est déjà testée par une quinzaine de personnes et devrait être ouverte cet été aux ministres puis aux membres de l’administration et des collectivités territoriales. Sur le long terme, les députés et sénateurs devraient prendre le train en marche. Enfin, d’après ce que rapporte Reuters, l’ouverture de l’application pourrait s’étendre à tous les citoyens français.
Sources : Reuters, Le Figaro
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