La Commissaire européenne à la Concurrence menace de démanteler Google
Si la société américaine continue d'abuser de sa position dominante
Le 2018-03-27 03:25:52, par Coriolan, Expert éminent sénior
Après Standard Oil et AT&T, c’est au tour de Google d’être menacé de démantèlement, mais cette fois en Europe où le géant de la recherche est en plein déboires avec la Commission européenne.
Cette possibilité de démanteler Google, c’est Margrethe Vestager qui l’a évoquée au journal britannique The Telegraph. Cette déclaration survient après que le géant de la recherche a été condamné à payer une amende record de 2,42 milliards d’euros pour abus de position dominante sur le marché des moteurs de recherche. La Commission européenne reproche à Google d’avoir systématiquement favorisé son propre service de comparaison de prix et rétrogradé ceux de ses concurrents.
Si Google a fait appel de la décision, la firme continue de faire face à d’autres contentieux, notamment en ce qui concerne son service de publicité en ligne (AdSense) et la dominance d’Android sur le marché du mobile. Selon Vestager, au vu de ces dossiers, l’option de scinder Google reste valable et pourrait se voir appliquée.
« Je pense qu’il est important de garder cette question ouverte et marquée sur l’agenda » répond-elle à la question de savoir si la seule solution à cette dominance est de démanteler la société.
« Nous ne sommes pas encore arrivés là, mais il est important de garder un œil ouvert. » Elle a aussi prévenu que le moteur de la recherche pourrait devenir si géant, qu’il deviendrait indispensable pour les entreprises et l’économie. Mais n’est-il pas le cas aujourd’hui avec ses 91,5 % de parts de marché ?
Un contentieux qui remonte à 2010
Pour saisir cette affaire, il faut remonter à 2010, l’année où la Commission européenne a ouvert une enquête sur Google pour abus de position dominante. En effet, plusieurs concurrents de la société, dont le comparateur de prix Foundem, venaient de déposer plainte contre le géant de la recherche, l’accusant de favoriser ses propres services dans les résultats de recherche.
Cinq ans plus tard, Margrethe Vestager a accusé Google formellement d’abus de position dominante, des accusations rejetées par Google qui estime que ses services ne nuisent pas à la concurrence
En 2014, Google s’est plié à la pression et a accepté de montrer des services concurrents aux côtés de ses services, mais les autorités de la concurrence en Europe n’ont pas été impressionnées par ce changement. En 2016, l’UE ajoute deux autres accusations d’abus de position dominante concernant Android et AdSense. Enfin, en 2016, La Commission européenne a infligé une amende record de 2,42 milliards d’euros à l’entreprise technologique américaine au titre de l’enquête ouverte sur le comparateur de prix, les deux autres enquêtes restent en cours.
Avec plus de 90 % de parts de marché, Google est contraint par la loi européenne de ne pas utiliser sa position dominante pour favoriser ses autres services. Or, depuis 2008, la CE estime que le moteur de la recherche a fait en sorte de promouvoir son propre service de comparateur de prix dans les résultats de recherche. Ce service développé par la société lui permet de percevoir un pourcentage sur chaque vente. Avant le lancement de ce service, c’est d’autres sites web comme Kelkoo ou Foundem qui étaient mis en avant.
La CE n’a pas souhaité imposer un remède à Google et a laissé à la société américaine la liberté de trouver la solution la plus adaptée à cette situation. Google a présenté un plan d’action pour remédier à son comportement anticompétitif, un plan que les responsables antitrust continuent d’examiner, mais un groupe d’opposants à Google ont informé le mois dernier que les actions entreprises par l’entreprise ont été « essentiellement futiles » sans démantèlement du géant d’internet. Si Google échoue à convaincre, une autre procédure pourrait être lancée contre la firme, et lui coûter près de 5 % du chiffre d’affaires réalisé dans le monde par sa société mère Alphabet.
La Commissaire européenne à la Concurrence a récemment reçu les éloges à Bruxelles pour sa prise de position contre les géants américains comme Google, Apple et Amazon. Elle a été notamment qualifiée de « l'Eurocrate qui fait trembler les sociétés américaines. »
Mais Vestager se défend de vouloir anéantir les sociétés à succès en Europe. « Il n’y a pas de moratoire de succès en Europe, » dit-elle. « Vous avez le droit de devenir dominant et vous prenez la responsabilité spéciale qui consiste à ne pas détruire une compétition déjà affaiblie. »
Pour le cas de Google, la commissaire européenne a informé que leur dominance dans le marché de la recherche a été prouvée, et l’enquête a trouvé qu’ils ont exploité cette dominance pour promouvoir leurs services et rabaisser la concurrence.
Si Vestager semble déterminée à poursuivre Google, certains estiment que les actions entreprises par l’UE pourraient coûter cher à l’innovation et pousser les géants de la tech à s’installer dans des pays hors de l’UE. D’autres estiment que la raison de la domination de Google en Europe résulte de la stagnation et le manque d’innovation. Pour cette raison, l’UE voudrait que les utilisateurs se tournent vers des moteurs de recherche moins performants.
En tout cas, cette déclaration de la commissaire européenne est venue dans un moment crucial pour les géants américains de la tech. Ces entreprises font face à une vague de contestation sans précédent après plusieurs événements ; le dernier a vu l’implication de Facebook dans une vaste fuite de données affectant 50 millions de personnes, et exploitée par une firme britannique (Cambridge Analytica) alors qu’elle travaillait pour le compte de la campagne de Trump.
La proposition de scinder Google ne date pas d’aujourd’hui, elle remonte à 2010, mais le fait qu’elle refait surface en ce moment suggère que l’idée de la voir appliquée se renforce. Il reste à savoir si l’UE a le pouvoir de démanteler un géant comme Google, surtout que cette entreprise est américaine, ce qui risque de créer un problème diplomatique avec les États-Unis.
Source : The Telegraph
Et vous ?
Pensez-vous que cette menace va pousser Google à revoir sa position ?
Selon vous, démanteler Google constitue-t-elle la sanction adéquate ou bien il s'agit d'une mesure disproportionnée ?
Voir aussi :
L’amende de 2,42 milliards d’euros infligée à Google par l’UE devait avoir un effet dissuasif, mais des experts la jugent excessive et inadéquate
Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la Concurrence
Cette possibilité de démanteler Google, c’est Margrethe Vestager qui l’a évoquée au journal britannique The Telegraph. Cette déclaration survient après que le géant de la recherche a été condamné à payer une amende record de 2,42 milliards d’euros pour abus de position dominante sur le marché des moteurs de recherche. La Commission européenne reproche à Google d’avoir systématiquement favorisé son propre service de comparaison de prix et rétrogradé ceux de ses concurrents.
Si Google a fait appel de la décision, la firme continue de faire face à d’autres contentieux, notamment en ce qui concerne son service de publicité en ligne (AdSense) et la dominance d’Android sur le marché du mobile. Selon Vestager, au vu de ces dossiers, l’option de scinder Google reste valable et pourrait se voir appliquée.
« Je pense qu’il est important de garder cette question ouverte et marquée sur l’agenda » répond-elle à la question de savoir si la seule solution à cette dominance est de démanteler la société.
« Nous ne sommes pas encore arrivés là, mais il est important de garder un œil ouvert. » Elle a aussi prévenu que le moteur de la recherche pourrait devenir si géant, qu’il deviendrait indispensable pour les entreprises et l’économie. Mais n’est-il pas le cas aujourd’hui avec ses 91,5 % de parts de marché ?
Un contentieux qui remonte à 2010
Pour saisir cette affaire, il faut remonter à 2010, l’année où la Commission européenne a ouvert une enquête sur Google pour abus de position dominante. En effet, plusieurs concurrents de la société, dont le comparateur de prix Foundem, venaient de déposer plainte contre le géant de la recherche, l’accusant de favoriser ses propres services dans les résultats de recherche.
Cinq ans plus tard, Margrethe Vestager a accusé Google formellement d’abus de position dominante, des accusations rejetées par Google qui estime que ses services ne nuisent pas à la concurrence
En 2014, Google s’est plié à la pression et a accepté de montrer des services concurrents aux côtés de ses services, mais les autorités de la concurrence en Europe n’ont pas été impressionnées par ce changement. En 2016, l’UE ajoute deux autres accusations d’abus de position dominante concernant Android et AdSense. Enfin, en 2016, La Commission européenne a infligé une amende record de 2,42 milliards d’euros à l’entreprise technologique américaine au titre de l’enquête ouverte sur le comparateur de prix, les deux autres enquêtes restent en cours.
Avec plus de 90 % de parts de marché, Google est contraint par la loi européenne de ne pas utiliser sa position dominante pour favoriser ses autres services. Or, depuis 2008, la CE estime que le moteur de la recherche a fait en sorte de promouvoir son propre service de comparateur de prix dans les résultats de recherche. Ce service développé par la société lui permet de percevoir un pourcentage sur chaque vente. Avant le lancement de ce service, c’est d’autres sites web comme Kelkoo ou Foundem qui étaient mis en avant.
La CE n’a pas souhaité imposer un remède à Google et a laissé à la société américaine la liberté de trouver la solution la plus adaptée à cette situation. Google a présenté un plan d’action pour remédier à son comportement anticompétitif, un plan que les responsables antitrust continuent d’examiner, mais un groupe d’opposants à Google ont informé le mois dernier que les actions entreprises par l’entreprise ont été « essentiellement futiles » sans démantèlement du géant d’internet. Si Google échoue à convaincre, une autre procédure pourrait être lancée contre la firme, et lui coûter près de 5 % du chiffre d’affaires réalisé dans le monde par sa société mère Alphabet.
La Commissaire européenne à la Concurrence a récemment reçu les éloges à Bruxelles pour sa prise de position contre les géants américains comme Google, Apple et Amazon. Elle a été notamment qualifiée de « l'Eurocrate qui fait trembler les sociétés américaines. »
Mais Vestager se défend de vouloir anéantir les sociétés à succès en Europe. « Il n’y a pas de moratoire de succès en Europe, » dit-elle. « Vous avez le droit de devenir dominant et vous prenez la responsabilité spéciale qui consiste à ne pas détruire une compétition déjà affaiblie. »
Pour le cas de Google, la commissaire européenne a informé que leur dominance dans le marché de la recherche a été prouvée, et l’enquête a trouvé qu’ils ont exploité cette dominance pour promouvoir leurs services et rabaisser la concurrence.
Si Vestager semble déterminée à poursuivre Google, certains estiment que les actions entreprises par l’UE pourraient coûter cher à l’innovation et pousser les géants de la tech à s’installer dans des pays hors de l’UE. D’autres estiment que la raison de la domination de Google en Europe résulte de la stagnation et le manque d’innovation. Pour cette raison, l’UE voudrait que les utilisateurs se tournent vers des moteurs de recherche moins performants.
En tout cas, cette déclaration de la commissaire européenne est venue dans un moment crucial pour les géants américains de la tech. Ces entreprises font face à une vague de contestation sans précédent après plusieurs événements ; le dernier a vu l’implication de Facebook dans une vaste fuite de données affectant 50 millions de personnes, et exploitée par une firme britannique (Cambridge Analytica) alors qu’elle travaillait pour le compte de la campagne de Trump.
La proposition de scinder Google ne date pas d’aujourd’hui, elle remonte à 2010, mais le fait qu’elle refait surface en ce moment suggère que l’idée de la voir appliquée se renforce. Il reste à savoir si l’UE a le pouvoir de démanteler un géant comme Google, surtout que cette entreprise est américaine, ce qui risque de créer un problème diplomatique avec les États-Unis.
Source : The Telegraph
Et vous ?
Voir aussi :
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Cpt AndersonMembre émériteTu raisonnes comme si l'UE avait la moindre velléité d'indépendante via-à-vis des US alors que c'est le contraire de la logique européenne. On parle d'indépendance militaire par rapport aux GPS US, mais il faut se réveiller monsieur, l'indépendance militaire est déjà perdue que ce soit au niveau des véhicules, des armes ou des munitions, tout est déjà produit hors de France ou avec des pièces étrangères.
Il faudrait des années pour récupérer tout ce qui a été vendu (ou plutôt bradé) et récupérer toute l'expérience de fabrication. La France s'est faite Hara-kiri. On a déjà passé le point de non retour. Aujourd'hui, on en est à espérer qu'un groupe Ukrainien sauve une entreprise française (Doux). La faute à 40 ans de politique ultra-libérales de la part de gens dont l'idéologie mondialiste va à l'encontre de l'interet des français. Et aujourd'hui, on te parle de fake news et d'extreme droite pour masquer la triste réalité. Pauvre France.le 27/03/2018 à 10:49 -
Cpt AndersonMembre éméritele 27/03/2018 à 8:55
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toutwdMembre actifSauf erreur de ma part mais Mr TRUMP est tout sauf un diplomate, alors on peut y aller à fond non ?
Non, blague mise à part, la meilleure façon de ne plus être sous la coupe des GAFAM est de les contrer, il faut en créer des géants du numérique Européen.
Regardez le retard que nous avions pris avec le GPS, outil stratégique (militaire et civil) et absolument indispensable à notre indépendance, GALILEO arrive.
Imaginez que pour une raison diplomatique 'à la TRUMP', les américains nous coupe le GPS, nos Rafales ne pourraient plus guider nos missiles par exemple...
Je ne sais pas se que b... nos politiques, pas de vision à long terme, que des taxes...le 27/03/2018 à 10:31 -
LordMachariusMembre avertiCertes, mais avec une volonté politique suffisamment forte pour pousser cette solution, on arrivera surement à un compromis équitable (ou presque).
Trump ne va pas nous reprocher de faire du protec... de la libéralisation tout de mêmele 27/03/2018 à 10:14 -
Cpt AndersonMembre émériteEn quoi être à la remorque des US empercherait la France de vendre des armes ? Nous sommes passés 3 exportateur mondial, c'est une très mauvaise nouvelle pour ceux qui ne veulent pas de guerre. De plus, il faut aussi se renseigner sur les retro-commissions suite aux ventes des armes...mais ceci est une autre histoire.
De toute façon, étant donnée que les européens ne sont d'accord sur rien et que les lobbys opèrent tranquillement à Bruxelles (voir le reportage Bruxelles Business), on peut etre tranquille pour les GAFA. Ils ne risquent absolument rien.
Quant aux entreprises françaises que tu cites, certes ce sont de belles réussites françaises mais elles ne représentent rien au niveau international.le 27/03/2018 à 14:38 -
weedMembre chevronnéEst ce que du jour au lendemain tu vas utiliser un autre moteur de recherche (en tant que Monsieur tout le monde)?
Il ne suffit pas d'être bon, il faut avant tout être visible, connu de monsieur tout le monde, et ce n'est pas une mince affaire.
Comment peux tu convaincre les gens de ne plus utiliser Amazon ? Je n'arrête pas de voir des liens partout sur le net vers amazon.
Dailymotion, comment fais tu avec le catalogue très pauvre de vidéo? le 27/03/2018 à 23:34 -
toutwdMembre actifPour tout le monde, le ciment de l'Europe c'est le couple Franco Allemand, mais bon je peux me tromper.
Ils n'ont jamais voulu abandonner leur Livre Sterling pour l'Euro, c'est révélateur, ils ont une vision financière et non politique de l'Europe, avec tout ce qui se passe dans le monde aujourd’hui, ils nous faut de vrais alliés, pas des vautours...
C'est passé par l'étape "Le Brexit était une erreur, les jeunes ne sont pas allé voter, mais ils le regrettent maintenant et ils veulent que le référendum soit annulé.
En quittant l'UE ils vont quitter plein de choses.
Si ils sont d'accord pour continuer de payer pour participer au projet, je vois pas le problème.
Plus il y a de pays qui paient, moins la France va payer, donc ne dégageons pas les pays riche trop vite. (enfin si il y a un peu de logique dans le système ça devrait fonctionner de la sorte)
Parce que la part du Royaume Uni ne représente pas la part de la Bulgarie...
UE financièrement, c'est un peu comme une mutuelle, tu cotise et tu peux aller au assemblées générales et/ou particulières et ainsi avoir ton jeton de vote, donc ton jeton d’obstruction.
C'est pour cela qu'ils doivent sortir des grands projets car sinon les lobbyistes sectaires de tout poils qui œuvrent comme UE vont s'en donner à cœur joie...le 28/03/2018 à 9:24 -
weedMembre chevronnéNous faisons le mouton sur les sujets que l'on maitrise peu.
Par exemple, lorsque tu te mets au ski, tu vas vouloir des skis rossignol parce que tu ne vois que cela dans les magasins. Tu as des marques bcp plus sympa mais se vende qu'auprès des connaisseurs. Cela s'appelle la preuve social.
Quand tu te retrouves en face de 2 resto, dont l'un blindé de monde et l'autre personne. Lequel va tu choisir? De très grande chance celui blindé de monde.
Quand on connait peu le sujet, on veut faire comme tout le monde.le 31/03/2018 à 20:56 -
Matthieu VergneExpert éminentMenacer n'est pas agir. Jugeons des paroles une fois qu'on aura les actes.le 14/04/2018 à 10:56
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CoderInTheDarkMembre émériteCe n'est pas demain la veille.
Surtout avec Trump à la maison blanche.le 27/03/2018 à 9:46