« Nous avons la responsabilité de protéger vos données, et si nous ne le pouvons pas alors nous ne méritons pas de vous servir », avait-il dit la semaine dernière. C'est d'ailleurs ces mêmes termes que le patron de Facebook a utilisés ce weekend, comme titre d'une annonce, dans des journaux britanniques et américains, pour présenter ses excuses.
« Vous avez peut-être entendu parler d'une application de quiz construite par un chercheur universitaire qui a permis la fuite des données Facebook de millions de personnes en 2014, c'était un abus de confiance, et je regrette que nous n'ayons pas fait plus à ce moment », dit-il dans l'annonce affichée sur une page entière, avant d'insister sur le fait que des mesures sont prises que cela ne se reproduise plus.
Après avoir présenté ses excuses, Mark Zuckerberg profite pour mettre en avant ce qui a été déjà fait et revenir sur les mesures annoncées par Facebook. « Nous avons déjà empêché les applications comme celle-ci d'obtenir autant d'informations. Maintenant, nous limitons les données que les applications obtiennent lorsque vous vous connectez sur Facebook. » Comme autre mesure, « nous étudions également chaque application ayant accès à de grandes quantités de données avant que nous ayons résolu ce problème », dit-il. « Nous nous attendons à en trouver d'autres. Et quand nous les trouverons, nous les bannirons et informerons tous ceux qui sont touchés. » Et « enfin, nous allons vous rappeler les applications auxquelles vous avez donné accès à vos informations, de sorte que vous puissiez supprimer celles dont vous ne voulez plus », peut-on lire dans l'annonce de Mark Zuckerberg.
Cela ne serait peut-être pas arrivé si Mark Zuckerberg avait suivi les conseils de Steve Jobs
Terminant avec les annonces dans les journaux britanniques et américains, Facebook a ainsi passé toute la semaine dernière à essayer de gérer le scandale Cambrigde Analytica, et n'est pas encore au bout de ses peines. La firme doit témoigner devant le Congrès américain et faire face à de nombreuses poursuites, y compris de certains de ses actionnaires. Bon nombre d'utilisateurs semblent maintenant réaliser qu'ils pourraient être le produit de Facebook et ont donc commencé à quitter le réseau social, comme le recommande d'ailleurs l'un des fondateurs de WhatsApp, filiale de Facebook.
Le chemin que l'entreprise a emprunté dès le début était pourtant un signe annonciateur de ce genre de scandale, et Mark Zuckerberg en avait bien conscience, puisqu'en 2010, il a eu l'occasion d'entendre directement Steve Jobs mettre en garde sur la manière dont Facebook et Google et bien d'autres dans la Silicon Valley géraient la confidentialité des utilisateurs. Comme le cofondateur d'Apple, le PDG de Facebook était invité cette année-là à la conférence D8 du Wall Street Journal. Mark Zuckerberg attendait, dans l'audience, son tour d'être interviewé, pendant que Steve Jobs abordait la question de la vie privée.
Comme le rapporte le média américain Quartz, Facebook venait d'être critiqué de forcer les utilisateurs à partager des données et Google enregistrait littéralement des informations privées de WiFi. Interrogé sur la vision de la confidentialité dans la Silicon Valley, Steve Jobs a répondu qu'elle « n'est pas monolithique », et qu'Apple a « toujours eu une vision de la vie privée très différente » de celle d'autres firmes de la Silicon Valley. Pour lui, il ne faut pas par exemple laisser aux développeurs le soin d'avertir les utilisateurs que leurs données de localisation sont collectées par leurs applications, mais il faut plutôt forcer des pop-up pour avertir les utilisateurs qu'une application les piste et leur permettre de désactiver cette application s'ils ne veulent pas être suivis ; une approche qu'Apple utilise. « Beaucoup de gens dans la Silicon Valley pensent que nous sommes vraiment démodés à ce sujet », a déclaré Jobs dans l'interview. « Et peut-être que nous le sommes, mais nous nous inquiétons de choses comme ça. »
Steve Jobs présentait ainsi comment les géants de la technologie devraient gérer la confidentialité de leurs utilisateurs : faire en sorte que les utilisateurs sachent exactement les applications qu'ils utilisent et être transparent en ce qui concerne les données que ces applications collectent en donnant la possibilité aux utilisateurs de les supprimer facilement. Si Facebook a ignoré cet avertissement à l'époque, il semble que c'est exactement ce que le réseau social promet de faire aujourd'hui, maintenant que ce scandale a éclaté : « nous allons vous rappeler les applications auxquelles vous avez donné accès à vos informations, de sorte que vous puissiez supprimer celles dont vous ne voulez plus », a annoncé Mark Zuckerberg. Cette mesure, qui va entrer en vigueur le mois prochain, consistera plus exactement à afficher en haut de votre flux d’actualités, un outil qui vous permettra de savoir les applications que vous avez utilisées et qui vous donnera un moyen facile de révoquer les autorisations de ces applications sur vos données. Cet outil est déjà disponible dans les paramètres de confidentialité, mais Facebook veut maintenant le placer en haut du flux d’actualités afin qu’il soit bien vu par tous les utilisateurs.
Facebook pourrait aussi avoir enregistré les métadonnées de vos appels et SMS
Facebook semble aujourd'hui déterminé à tout réparer, malheureusement son histoire nous montre que la firme est habituée à ce genre de scandales, et ce n'est pas le dernier. Alors que l'entreprise peine à calmer la tempête provoquée par ce que son PDG a désigné par « un abus de confiance entre Aleksandr Kogan, Cambridge Analytica et Facebook », elle devait encore répondre, cette fois, à un abus de confiance entre les utilisateurs et Facebook. Oui, certains utilisateurs pourraient avoir une raison supplémentaire de ne pas faire confiance au réseau social. Cette fois, ce n'est pas une partie tierce, mais Facebook, qui a collecté les données privées de ses utilisateurs Android sans que probablement la plupart s'en aperçoivent.
Il a été découvert que la société a enregistré les métadonnées des appels téléphoniques et SMS des utilisateurs d'Android. Après avoir téléchargé ses archives Facebook, Dylan McKay, un utilisateur du réseau social a en effet été surpris de découvrir que près de deux ans de logs d'appels et SMS de son téléphone Android étaient inclus. D'autres utilisateurs ont confirmé que les informations sur leurs communications ont également été enregistrées. Les données enregistrées pour chaque appel incluent l'heure et la date à laquelle l'appel a été effectué, le type d'appel (entrant, sortant, manqué), le contact impliqué et la durée de l'appel.
Dans un communiqué publié hier, Facebook a reconnu les faits, mais assure que la faute en incombe aux utilisateurs, puisqu'ils auraient expressément autorisé l'enregistrement de ces données. « Vous avez peut-être vu des rapports récents selon lesquels Facebook a enregistré l'historique des appels et des SMS (texte) des personnes sans leur permission. Ce n'est pas le cas », affirme la société dans son communiqué, avant d'expliquer que la fonctionnalité est optionnelle.
« La journalisation de l'historique des appels et des textes fait partie d'une fonctionnalité optionnelle pour les utilisateurs de Messenger ou de Facebook Lite sur Android. Elle a été introduite dans Messenger en 2015, et plus tard offerte en option dans Facebook Lite, une version allégée de Facebook pour Android. Les gens doivent expressément accepter d'utiliser cette fonctionnalité. Si, à tout moment, ils ne souhaitent plus utiliser cette fonctionnalité, ils peuvent la désactiver… et tous les historiques d'appels et de textes précédemment partagés via cette application seront supprimés. »
Cela dit, vous ne devriez pas vous inquiéter si vous êtes minutieux et faites attention à ce qu'on vous demande ou à ce que vous faites sur Facebook. Si vous avez un doute, n'hésitez pas à aller vérifier vos comptes. Facebook précise également que cette fonctionnalité ne collecte pas le contenu de vos appels ou messages texte. La société assure enfin que si vous avez activé cette fonctionnalité, vos informations sont stockées « en toute sécurité » et qu'elle ne vend pas ces informations à des tiers.
Sources : Daily Mail, Quartz Media, Facebook
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