Face à la montée en puissance de l’automatisation et le développement rapide de l’intelligence artificielle, beaucoup d’études tentent tant bien que mal d’élucider l’impact social de la robotique et de l’IA sur le marché de travail. En Europe, la Commission européenne a adopté l’année dernière un rapport suggérant de taxer les robots, un rapport adopté également par le parlement européen en vue de mettre en place une législation au niveau européen.
En Grande-Bretagne aussi, la question de l’impact de la robotisation sur le marché de travail fait débat. Une nouvelle étude préconise d’augmenter les impôts sur Amazon, Facebook et Apple pour offrir à chaque citoyen dont l’âge ne dépasse pas 55 ans un revenu universel de base de 10 000 livres sterling. Toujours selon cette étude, cette mesure devrait aider à réduire le risque de perte d’emploi liée à l’automatisation et l’IA.
La Royal Society of Arts propose que le gouvernement britannique augmente les impôts sur les firmes de technologie, d'introduire des impôts sur la fortune, ou bien d’emprunter l’argent des marchés financiers afin de créer un fonds d’investissement souverain dont le but est de financer le revenu universel de base.
Les citoyens pourront demander jusqu’à 5000 £ par an sur une période de deux années, cette somme servira à financer les coûts de formation et d’apprentissage, la protection sociale, ou lancer un nouveau business. En contrepartie, les bénéficiaires devront délaisser d’autres avantages comme l’allocation de demandeur d’emploi et les crédits d’impôt.
L’idée d’un revenu universel de base est de verser sur une base individuelle, un revenu sans conditions de ressources ni obligation ou absence de travail. Cette mesure est soutenue par plusieurs personnalités, notamment Bill Gates et Mark Zuckerberg, pour faire face à la perte en masse d’emplois qui pourrait survenir si les robots remplacent les humains au travail. En Angleterre, la banque centrale estime que 15 millions d’emplois sont menacés de disparaître.
Les partisans du revenu universel de base sont pour la plupart issus de la gauche radicale, bien que l’idée est supportée à droite aussi par des libéraux néoclassiques. Ces derniers estiment que cette mesure pourrait dynamiser l’entrepreneuriat et remplacer les prestations de l’État.
Le revenu de base a été appliqué à titre expérimental dans quelques pays. En Finlande, plus de 2000 personnes sans emploi âgées entre 25 et 58 ans ont été payées 560 euros par mois, le but étant de tester ce mode de fonctionnement économique. De même, le gouvernement écossais a quatre conseils qui œuvrent pour tester la solution, tandis que le parti du travail examine également cette idée.
Selon la Royal Society of Arts, payer une somme de 5000 £ par an pendant deux ans pourrait coûter près de 14,5 milliards de £ par an si la mesure est adoptée pendant dix années et le taux de souscription est au complet. Au total, le coût de l’application du revenu de base s’élèverait à 462 milliards de £, mais si certaines prestations et certains allégements fiscaux sont supprimés, 273 milliards pourraient être épargnés.
Le fonds que cette étude préconise de créer s’appuie sur une solution similaire appliquée par le gouvernement de Thatcher vers la fin des années 1980. En effet, durant cette période, les entreprises qui le souhaitaient avaient reçu des allocations afin de se lancer dans un nouveau business, une aide qui s’élevait à 120 £ par semaine (compte tenu de l’inflation aujourd’hui) et pendant une année.
Selon le rapport, le fait de financer un fonds souverain grâce aux impôts perçus sur les fortunes individuelles ou bien sur les firmes multinationales devrait réduire la dépendance de l’État à l'impôt sur le revenu et l’assurance. Ce modèle une fois appliqué devrait complémenter les autres politiques de bien-être social comme le logement et les prestations d’invalidité.
En plus de payer des dividendes aux citoyens, ce fonds souverain pourrait être exploité de façon similaire à la Norvège et la Nouvelle-Zélande pour investir dans le monde entier ou bien supporter les projets d’infrastructure au Royaume-Uni.
La RSA a dit que la Grande-Bretagne pourrait tirer avantage de ses coûts d’emprunt historiquement bas sur les marchés financiers pour doter le fonds d’obligations dont la valeur est environ 200 milliards de £. Les auteurs de l’étude ont informé que cette somme colossale pourrait être remboursée grâce à la croissance économique issue des dépenses sur le bien-être social des citoyens.
Si le revenu universel de base a plusieurs partisans à gauche comme à droite, notamment pour ses bienfaits supposés sur l’emploi (incitation aux lancements de projets, prise de risque…) et la justice sociale. Certains libéraux eux remettent en cause ce mode de fonctionnement, en posent la mesure du travail par l'emploi comme prérequis indispensable au versement de tout revenu, et jugent donc le revenu de base comme immoral. Ils y voient une remise en cause de la valeur travail. Certains craignent aussi que ce revenu incite ses bénéficiaires à ne pas chercher de travail (ou à moins s’employer). Pour cette raison, ils proposent des versions hybrides du revenu de base pour éliminer la possibilité de recevoir un revenu sans travail, toutefois, l’introduction de conditions augmente considérablement la complexité du dispositif.
Source : The Guardian
Et vous ?
Faut-il augmenter les impôts sur les géants de la tech pour financer un revenu universel de base ?
Voir aussi :
Le Parlement européen adopte le rapport sur la robotique, en écartant les questions d'impôt sur le travail des robots et de revenu universel de base
Mark Zuckerberg s'érige en défenseur du revenu universel lors d'une allocution à l'occasion de la remise des diplômes de Harvard
Une étude en Grande-Bretagne propose d'augmenter les impôts sur les géants de la tech
Pour financer un revenu universel de base
Une étude en Grande-Bretagne propose d'augmenter les impôts sur les géants de la tech
Pour financer un revenu universel de base
Le , par Coriolan
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