En décembre dernier, la France a révélé son intention de demander à la présidence argentine du G20 d’organiser un débat à l’occasion du sommet d’avril 2018 sur la régulation du bitcoin. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a fait savoir qu'il comptait proposer à la prochaine présidence du G20 d'avoir une discussion tous ensemble sur cette question du bitcoin, sur l’évaluation des risques et sur les possibilités de régulation du bitcoin et autres monnaies cryptographiques. « C'est une proposition que portera la France à l'occasion du prochain sommet des ministres des Finances du G20. Je suis là pour garantir la sécurité aux épargnants », avait-il lancé. Outre la protection des épargnants, Bruno Le Maire a également évoqué le risque que cette cryptomonnaie serve au trafic de drogue, au financement du terrorisme ou à d’autres activités illégales ; des points qui avaient d’ailleurs déjà été relevés par l'Union européenne.
D'après Reuters, la France vient de lancer son plan, et avec son fidèle partenaire, l'Allemagne. Paris et Berlin ont officiellement demandé vendredi au G20 de se saisir du dossier des cryptomonnaies et autres actifs financiers numériques et de leur impact économique et monétaire. Dans un courrier adressé au ministre des Finances argentin, dont le pays occupe la présidence tournante du G20, les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des deux pays réclament un débat sur le sujet qui pourrait, selon eux, déboucher sur des initiatives harmonisées au niveau international. Ils suggèrent également d'y associer le Fonds monétaire international (FMI) à qui serait demandé une « analyse quantitative des flux internationaux et des problèmes de stabilité financière » relatifs aux cryptomonnaies.
Les deux pays soulignent que l'émergence des actifs financiers numériques (tokens) et des technologies qui les sous-tendent peut présenter de nouvelles opportunités, mais aussi des « risques substantiels pour les investisseurs » et devenir une source de délits financiers si aucune mesure de régulation n'est prise. « Dans le long terme, des risques potentiels dans le domaine de la stabilité financière pourraient également émerger », disent-ils. Ils appellent donc le G20 à discuter dans un premier objectif de clarifier la nature de ces nouveaux instruments qui, selon eux, sont qualifiés, à tort, de « monnaies » dans les médias et sur internet. Les discutions vont également porter sur les moyens de « surveiller les implications de l'exposition croissante des acteurs de marché aux actifs financiers numériques en termes de stabilité financière et d'intégrité de marché ». Il s'agira ici également d'analyser l'impact de l'émission de cryptomonnaies, envisagée par certaines banques centrales. Leur démarche vise encore à offrir une meilleure protection aux investisseurs non professionnels en les informant des risques qu'ils encourent.
Enfin, il s'agira de réfléchir sur une approche commune à adopter au niveau international en matière de lutte contre le blanchiment d'argent sale et de financement du terrorisme. Ils estiment en effet que « les actifs numériques et les possibilités qu'ils offrent pour des innovations financières ne doivent pas être laissés à ceux qui en font le pire usage. »
Les signataires de la lettre proposent qu'une première discussion sur ces sujets ait lieu à l'occasion du G20 Finances des 19 et 20 mars à Buenos Aires puisque des organismes comme le Conseil de stabilité financière, le Gafi (Groupe d'action financière sur le blanchiment de capitaux) et la Banque des règlements internationaux (BRI) travaillent sur le sujet en vue d'un rapport proposant des lignes d'action à l'occasion du G20 Finances suivant, en juillet.
Rappelons que récemment, le directeur général de la BRI – qui est la « banque centrale des banques centrales » – a appelé les autorités à prendre des mesures préventives contre le bitcoin et les autres cryptomonnaies. Il estime en effet que le bitcoin est devenu la combinaison d'une « bulle, un système de Ponzi et une catastrophe environnementale » qui risque de miner la confiance du public dans les banques centrales. Agustín Carstens a donc invité les autorités à agir de manière préventive afin de contenir le bitcoin et autres monnaies cryptographiques. « Si les autorités n'agissent pas de manière préventive, les cryptomonnaies pourraient devenir plus interconnectées avec le système financier traditionnel et devenir une menace pour la stabilité financière », a-t-il déclaré à l'université Goethe de Francfort. Cela donne une idée du soutien dont pourraient bénéficier Paris et Berlin, et ce à quoi l'on doit s'attendre dans leur rapport sur les cryptomonnaies.
Source : Reuters
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La France et l'Allemagne appellent officiellement le G20 à se saisir du dossier des cryptomonnaies
Et de leur impact économique et monétaire
La France et l'Allemagne appellent officiellement le G20 à se saisir du dossier des cryptomonnaies
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Le , par Michael Guilloux
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