Depuis le début de cette année, Waymo, la filiale de Google (Alphabet depuis 2015) qui ambitionne de mettre en circulation des véhicules autonomes, est engagée dans un procès contre Uber, l’entreprise de mise en relation de chauffeurs et utilisateurs qui s’est également lancée dans le développement de véhicules autonomes.
La guerre entre les deux entreprises a commencé lorsque Anthony Levandowski, qui travaillait pour Waymo sur la Google car, a démissionné vers la fin du mois de janvier 2016 afin de créer sa propre entreprise nommée Otto Trucking qu’Uber a rachetée quelques mois plus tard. Mais avant de quitter Waymo, Levandowski a téléchargé plus de 14 ;000 documents contenus dans l’ordinateur portable qu’il détenait pendant qu’il travaillait encore pour Google. Les documents parvenus en sa possession contenaient de nombreuses informations confidentielles y compris certaines sur le système de télédétection par laser (LiDAR).
LiDAR est le système de télédétection par laser sur lequel Waymo travaille depuis des années et qui permet de guider ses voitures autonomes. Depuis le mois de février, Waymo a ouvert un procès contre Uber en brandissant des accusations de vol de secrets industriels après qu’Uber avait racheté Otto Trucking. Mais l’entreprise de VTC a toujours nié avoir utilisé les technologies de Waymo dans ses voitures autonomes encore moins avoir participé au vol de secrets technologiques avec Anthony Levandowski.
Depuis cette date, des échanges ont cours devant le tribunal chargé de l’affaire. La semaine dernière, et plus précisément le lundi dernier, les deux entreprises devaient se retrouver devant la Cour fédérale du district de San Francisco pour confronter à nouveau les différents éléments en leur possession. Mais le procès a été retardé d’un jour et a finalement démarré le mardi pour s’achever le mercredi, car le bureau du procureur des États-Unis en Californie du Nord a alerté le juge de l’existence de preuves de dernières minutes composées d’une lettre et d’un email contenant des réclamations accablantes.
À l’ouverture du procès, le New York Times rapporte que les avocats d’Uber ont dû défendre ce que le juge fédéral en charge de l’affaire a décrit comme un effort pour dissimuler les preuves d’un procès pour vol de propriété intellectuelle.
Selon les informations parvenues au public, la lettre qui a retardé le procès a été rédigée par un avocat de Richard Jacobs, un ancien employé de l’équipe de sécurité d’Uber, et a été adressée à Angela Padilla, l’avocate générale adjointe d’Uber. Dans les trente-sept pages de la lettre, l’avocat de Richard Jacobs aurait détaillé une liste de comportements douteux chez Uber, y compris l’espionnage des concurrents et l’utilisation d’ordinateurs portables spéciaux et des applications de messagerie autodestructrices qui masquaient les communications.
Lorsque Angela Padilla a été appelée à la barre pour témoigner ce mercredi dernier, elle a affirmé que cette lettre (dont tout le contenu n’a pas été divulgué) est manifestement de l’extorsion et est remplie d’informations farfelues. En outre, elle aurait souligné qu’Uber avait prévu de renvoyer M. Jacobs parce que son équipe de sécurité l’avait surpris en train de télécharger des informations confidentielles sur son ordinateur personnel. En réponse à cette menace, Mme Padilla continua dans son témoignage en déclarant que M. Jacobs a envoyé un courriel à M. Travis Kalanick, le directeur général de l’entreprise à l’époque, et à d’autres personnes en se plaignant d’un comportement criminel et contraire à l’éthique au sein d’Uber.
Après que M. Jacobs a quitté Uber, son avocat a envoyé la lettre de 37 pages à Mme Padilla dans le cadre des négociations de règlement en mai. Mme Padilla avança que la compagnie n’avait pas partagé cette lettre avec l’équipe juridique chargée de l’affaire Waymo parce qu’Uber n’avait pas voulu compromettre une enquête interne sur ses réclamations. Toutefois, elle aurait soutenu que la compagnie a partagé la lettre avec trois cabinets d’avocats américains différents, parce que M. Jacobs avait menacé de porter ses plaintes devant les procureurs fédéraux tandis qu'Uber voulait garder la face dans cette affaire.
Mais là où les choses semblent se compliquer pour Uber, c’est que le New York Times rapporte que Padilla aurait affirmé qu’Uber a versé 3 millions de dollars à l’avocat de M. Jacobs qui a écrit la lettre. Et M. Jacobs quant à lui aurait perçu 2 millions de dollars comme avance et devait recevoir 1 million de dollars étalés sur 12 mois et 1,5 million de dollars en actions, répartis également sur 12 mois. En plus d’avoir perçu ces sommes, M. Jacobs a obtenu la garantie de travailler toujours chez Uber en tant que consultant en sécurité avec pour mission d’enquêter sur les allégations formulées dans la lettre écrite par son avocat. Toutefois, s’il discutait de ses griefs rapportés dans la lettre avec d’autres personnes, en dehors des forces de l’ordre investiguant sur l’affaire, il devrait immédiatement rendre l’argent perçu, rapporte le New York Times.
Après avoir entendu ces témoignages, le NYT rapporte que le juge William Alsup s’est demandé pourquoi Uber paierait autant d’argent à un employé si ces revendications sont bidon. Selon les informations parvenues au NYT, Mme Padilla aurait soutenu que cela coûterait moins cher de parvenir à un règlement à l’amiable avec ce dernier que de chercher à le combattre devant un tribunal, car les informations en sa possession pourraient nuire à la réputation d’Uber.
Le mercredi, deux autres employés d’Uber ont également comparu à la barre du tribunal. Ces derniers auraient nié plusieurs des allégations contenues dans la lettre de l’avocat de M. Jacobs ainsi que les affirmations de M. Jacobs soutenues la veille. Cependant, ceux-ci auraient reconnu que les employés d’Uber utilisaient une application de messagerie dite éphémère appelée Wickr. Le directeur général actuel d’Uber, Dara Khosrowshahi, aurait noté l’utilisation de Wickr par la société dans un tweet, mais a déclaré que Uber avait cessé de l’utiliser.
Après avoir entendu les différents témoignages, le juge Alsup a reproché aux avocats d’Uber de ne pas être assez ouverts avec les preuves. « ;Je n’ai jamais vu un cas où il y a eu tant de mauvaises choses commises, comme l’a fait Uber dans ce procès ;», aurait-il dit. La sélection du jury qui devait commencer ce mois-ci a été reportée au 31 janvier et le procès également qui devait commencer un peu de temps après la sélection a été reporté au 5 février 2018.
À la sortie de l’audience, Chelsea Köhler, une porte-parole d’Uber, déclara que « l’audience d’aujourd’hui n’a rien changé aux faits de l’affaire Waymo, et n’a pas pu démontrer qu’Uber utilise leurs présumés secrets commerciaux ;». Johnny Luu, un porte-parole de Waymo, aurait déclaré dans un communiqué que « ;les révélations d’aujourd’hui correspondent à la manière dont Uber détruit et retient les preuves afférentes à notre procès de secrets commerciaux, et celles liées au fait que ceux qui étaient au sommet d’Uber étaient conscients de ces pratiques inexcusables ;».
Source : The New York Times
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Le , par Olivier Famien
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