Pour les besoins de son étude, le cabinet a évalué une population de plus de 30 000 salariés entre mi-janvier 2013 et mi-juin 2017, et travaillant dans de nombreuses entreprises de secteurs d’activité variés.
Cette observation a été orientée sur trois axes, notamment :
- une évaluation des niveaux de stress et en particulier de l’hyperstress des salariés ;
- un repérage des manifestations d’anxiété et de dépression (conséquences souvent fréquentes de l’hyperstress) ;
- une identification des principaux facteurs de stress auxquels sont confrontés les salariés.
Niveaux de stress
Ici, les niveaux de stress ont été évalués au moyen de l’échelle de Mesure du Stress Psychologique (MSP) à 25 ou à 9 items. Les deux versions de cette échelle reconnue par les organismes officiels de santé au travail possèdent un étalonnage permettant de distinguer trois niveaux : peu de stress, stress moyen, et hyperstress.
Les femmes sont plus touchées que les hommes (respectivement 28 % et 20 % de salariés en hyperstress et 46 % et 55 % avec peu de stress). Cadres et non-cadres sont également touchés par l’hyperstress (respectivement 24 % et 23 %), il en est de même pour avoir ou ne pas avoir de responsabilités d’encadrement.
Les taux d’hyperstress varient selon les secteurs d’activité. Ainsi les secteurs de « la santé humaine et des actions sociales », des « arts, spectacles et activités récréatives », des « services » et des « activités financières et d’assurance » (avec respectivement 42 %, 31 %, 29 % et 28 % de salariés en hyperstress) apparaissent souffrir davantage du stress. À l’opposé, les secteurs des « transports et entreposages », du « commerce », de « la production et distribution d’eau, assainissement, gestion des déchets et dépollution » et de « l’industrie manufacturière » (avec respectivement 20 %, 21 %, 21 % et 21 % d’hyperstress) connaissent moins de stress.
Sur une population un peu plus réduite de 8876 salariés issus de 17 entreprises, le cabinet note l’influence de la tranche d’âge sur le niveau de stress. Les « 40–50 ans » et les « plus de 50 ans » sont les plus touchés par le stress (avec respectivement 27 % et 26 % d’hyperstress). Les « moins de 30 ans » sont moins stressés (20 % d’hyperstress). Les salariés ayant plus de 25 ans d’ancienneté dans leur poste sont plus concernés par le stress (28 % d’entre eux sont en hyperstress) alors que ceux ayant moins de cinq ans d’ancienneté souffrent moins de stress (19 % d’hyperstress).
Manifestation d’anxiété et de dépression
Elles sont évaluées au moyen de l’« Hospital Anxiety and Depression Scale » (ou HAD), questionnaire internationalement validé. Les scores obtenus permettent de distinguer quatre états pour chacune des deux dimensions anxieuse et dépressive : pas de symptômes, symptômes légers, symptômes importants et probabilité d’une pathologie.
52 % des salariés présentent un niveau élevé d’anxiété (manifestations importantes d’anxiété ou probabilité de pathologie) et 16 % ont probablement un trouble anxieux, au sens médical du terme. Les femmes sont nettement plus concernées que les hommes (57 % avec un niveau élevé d’anxiété contre 47 %, et 18 % de pathologie anxieuse contre 14 %). Il n’y a pas de différence significative dans les manifestations anxieuses entre cadres et non-cadres, tout comme entre le fait d’avoir ou pas de responsabilités d’encadrement.
De légères différences s’observent selon l’âge des salariés. Les moins de 30 ans et les plus de 50 ans sont un peu moins anxieux (respectivement 50 % et 51 % de niveaux élevés d’anxiété). Les salariés âgés de 30 à 50 ans sont un peu plus anxieux (54 % de niveaux élevés d’anxiété).
Selon les secteurs d’activité, les niveaux d’anxiété élevés varient fortement : 63 % pour le secteur de « la santé et de l’action sociale » et de 60 % pour le secteur du « commerce » contre 48 % pour le secteur de « l’industrie manufacturière » et de 49 % pour le secteur de « l’administration publique ».
Les facteurs de stress
Le questionnaire évaluant les facteurs de stress est le FRPS33 ou questionnaire des « Facteurs de risques psychosociaux en 33 items ». Il a été élaboré à partir des cinq recommandations de l’Insee 3 . Ce questionnaire comprend 33 items explorant plusieurs catégories de facteurs de stress :
- l’organisation du travail ;
- les changements survenant au travail ;
- l'autonomie dont on dispose ;
- les ressources à sa disposition ;
- les exigences et diverses contraintes ;
- la reconnaissance dont on bénéficie ;
- les relations avec les autres ;
- l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ;
- le soutien qui est fourni ;
- l’environnement de travail.
De nombreuses données socioprofessionnelles et démographiques ont aussi été recueillies, tout en garantissant l’anonymat, afin d’effectuer des analyses plus ciblées en sous-populations.
Dans la population étudiée, tous les facteurs de risques psychosociaux n’ont pas la même fréquence. Si certains touchent une très grande majorité de salariés, d’autres ne concernent qu’une petite minorité d’entre eux. De plus, indépendamment de leur importance quantitative, certains de ces facteurs génèrent beaucoup de stress et d’autres beaucoup moins. C’est ce double aspect que le cabinet a trouvé important d’analyser : le « taux d’exposition » à un facteur de stress d’une part et d’autre part le « degré de danger » que représente ce facteur.
Ce sont, dans cette double optique, les exigences liées au travail qui arrivent en tête. « Devoir traiter des informations complexes et nombreuses » et « manquer de temps » concerne respectivement 72 % et 62 % des salariés et leur impact en termes de stress est très fort. Si un peu moins de salariés trouvent que « les objectifs au travail sont difficiles à atteindre » (41 %), il s’agit d’un élément source d’un grand stress.
Les changements touchent aussi un nombre important de salariés. 88 % estiment ainsi que « leur métier nécessite de s’adapter sans cesse » et 76 % qu’il leur est « impossible de prévoir leur travail dans deux ans ». Mais ces changements apparaissent moins une source de stress que les exigences précédemment citées.
Le manque d’autonomie et en particulier « la non-participation aux décisions touchant à mon travail », bien que ne touchant que 56 % des salariés est une importante cause de stress.
Les difficultés relationnelles concernent un nombre limité de salariés. Ainsi 15 % ont une « mauvaise relation avec leurs supérieurs » et 18 % ont des « contacts non satisfaisants avec les gens ». Ces situations sont donc moins fréquentes, mais aussi moins source de stress que d’autres facteurs de risques psychosociaux. À une double exception cependant. « Être en contact avec des gens impolis » et « avoir des personnes au travail qui prennent plaisir à me faire souffrir » sont des situations qui ne touchent que respectivement 21 % et 14 % des salariés, mais leur capacité à générer un fort stress est considérable.
Les différences entre les hommes et les femmes sont assez faibles, et, étonnamment, pour les deux sexes la « difficulté à mener de front une vie professionnelle et une vie personnelle » apparaît de même importance (22 % dans les deux cas). Les facteurs de stress d’ordre relationnel sont un peu plus marqués chez les femmes.
Certains facteurs de stress sont de même importance, quelle que soit la tranche d’âge. Il en est ainsi du « manque de temps », de la « difficulté à mener de front une vie professionnelle et personnelle ». Les moins de 30 ans sont un peu moins concernés par certaines sources de stress, comme « l’absence de reconnaissance » ou le « manque de soutien des supérieurs ». À l’opposé les plus de 50 ans se plaignent davantage d’avoir « un conflit entre leurs valeurs et celles de leur entreprise ».
Rappelons que l’entreprise de conception de solutions en sécurité informatique GFI a mené un sondage dans le mois de mars aux USA et au Royaume-Uni afin de mieux comprendre le stress subi par les administrateurs IT ainsi que les conséquences résultant de cet état. 78 % du panel des USA a affirmé être dans une condition de stress. Les facteurs de stress n'étaient pas forcément les mêmes :
- 28 % ont évoqué la gestion ;
- 23 % ont parlé des utilisateurs qu’ils doivent supporter ;
- 19 % de l’insuffisance de budget pour les mises à jour et les projets ;
- 16 % du manque d’effectif ;
- 14 % des délais impartis très courts.
De plus, dans un précédent sondage, vous avez fait valoir que ce qui pourrait rendre un développeur moins heureux (dans l'ordre) est :
- la pression du temps ;
- le sentiment de ne pas être assez bien payé ;
- de mauvaises qualité de code et pratiques de codage ;
- les mauvaises prises de décision ;
- les tâches banales ou répétitives ;
- les limites imposées par les technologies de développement ;
- la sous-performance d’un collègue ;
- être bloqué dans la résolution d'un problème ;
- un code qui ne marche plus sans raison ;
- avoir le sentiment d’être sous-qualifié pour un travail ;
- les problèmes personnels.
Source : résultats de l'étude
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ?
Est-ce que votre travail vous stresse ? Si oui qu'est-ce qui vous stresse le plus ?
Que faites-vous pour combattre le stress ?
Voir aussi :
Qu'est-ce qui est susceptible de rendre les développeurs moins heureux au travail ? Une étude met en évidence les dix principaux facteurs
Stress dans l'IT : 47 % d'administrateurs ont envisagé de changer de métier, selon une étude de GFI aux USA et au Royaume-Uni