Quelques heures après que Eric Schmidt, le président d’Alphabet, ait fait part des intentions de son groupe envers les deux sociétés de média russes Russia Today (RT) et Sputnik, le Kremlin monte aux créneaux et exige des clarifications. C’est par la voix d’Alexandre Jarov, le responsable de ROSKOMNADZOR, l’agence de supervision des communications et des technologies de l’information russe, que les autorités russes ont réagi.
Alexandre Jarov a rapporté que son agence a envoyé une lettre à Google ce mardi pour réclamer des clarifications sur les propos d’Eric Schmidt ainsi que sur la manière dont Google compte traiter les sites russes concernés. Il dit espérer que les actions que souhaite entreprendre Google ne seront pas « ;discriminatoires ;» dans la réalité. Mais il souhaite surtout que « [son] opinion soit prise en compte et qu’il ne soit pas nécessaire d'envisager quelque chose de plus sérieux ;». Pour assurer la protection de ses médias, le Kremlin envisagerait, en effet, de prendre des mesures de répression à l’encontre d’Alphabet ou de sa filiale Google si les articles des sites d’information russes Sputnik et Russia Today venaient à être placés trop bas dans les résultats de recherche.
Tout a commencé avec l’interview d’Eric Schmidt, le patron d’Alphabet, lors du forum international sur la sécurité qui se tenait à Halifax, au Canada. Pendant cet évènement, Eric Schmidt a déclaré que les médias russes RT et Sputnik feraient l’objet d’un « ;déclassement ;» sur le service d’actualités de Google, et ce, malgré le fait que Google ait révélé devant le Congrès qu’il n’existe, à l’heure actuelle, aucune preuve de « ;manipulation de la part de Russia Today et des autres médias russes ;».
Les deux sites d’informations russes se seraient retrouvés dans le viseur d’Alphabet parce qu’ils sont notamment suspectés de promouvoir de « ;fausses informations ;». Schimdt estime que Google News accorde déjà beaucoup trop de visibilité aux médias RT et Sputnik et qu’il est important de freiner la machine « ;à propagande russe ;».
Il faut rappeler que, bien avant que Google ne commence à s'en prendre à ces deux sociétés de média russes, les entreprises de réseaux sociaux américaines Facebook et Tweeter avaient déjà adopté une série de mesures visant à diminuer le potentiel d'influence de Russia Today et Sputnik sur leurs plateformes respectives.
Pour remédier à cette situation, la firme de Mountain View serait en train de mettre au point un algorithme qui permettra de déclasser « ;ce genre de sites [RT et Sputnik] ;». Ce système devrait mettre en avant certains sites et écarter d’autres, sans qu’il ne soit nécessaire de recourir à la censure ou au bannissement que Schimdt dit vouloir à tout prix éviter. Pour le patron de la maison mère de Google, le nouvel algorithme de Google doit être capable de détecter les informations « transformées en armes ».
Plus tôt cette année, les services secrets US ont publié un rapport qui accablait RT et Sputnik. Ils les accusaient de pratiquer la désinformation et d’avoir publié des articles négatifs à l’égard d’Hillary Clinton lors de la campagne présidentielle américaine de 2016. D’après les renseignements US, ces deux sociétés de média seraient des pions à la solde du Kremlin qui sont utilisés pour influencer la politique des pays occidentaux en se servant des ressources disponibles sur Internet (Google News, YouTube les réseaux sociaux, etc.).
D’après Andrea Faville, la porte-parole de Google, Schmidt pendant son interview faisait allusion aux efforts amorcés par la firme de Mountain View pour rétrograder les résultats de recherche liés à un contenu de mauvaise qualité, délibérément trompeur ou falsifié. La filiale d’Alphabet n’attribue pas manuellement de classements aux sites Web, mais se contente d’analyser les attributs d’un site Web pour lui octroyer automatiquement une position dans les résultats, a déclaré M. Faville.
Source : Reuters, Motherboard Vice
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