Afin de se conformer aux nouvelles directives de la Commission européenne visant à lutter contre les pratiques antitrust sur le marché des technologies d’Internet, il semble que Google, la filiale d’Alphabet, se soit décidée à remanier en partie le fonctionnement de sa plateforme de recherche en ligne. D’après les informations fournies par le média Bloomberg, la firme de Mountain View envisagerait désormais de séparer son service de shopping en ligne de son moteur de recherche en ligne afin de créer une nouvelle entité automne.
Pour ce faire, Google devrait mettre en place une division spécifique qui sera entièrement dédiée à la gestion des activités de comparaison des prix et de shopping en ligne. Cette division sera uniquement réservée au marché européen. Au vu de l'historique de la société technologique américaine, ce sera tout sauf une surprise. En effet, la multinationale Alphabet a été créée à l’occasion de la restructuration de Google, afin de recentrer les activités de l’entreprise liées à Internet tout en permettant l’exploration « avec un minimum de risques » d’autres domaines via des filiales au sein d’Alphabet. Cette initiative a permis de regrouper plusieurs marques indépendantes capables de fonctionner et de se gérer de manière autonome. L’entreprise Google en elle-même compte déjà plusieurs divisions comme YouTube, sa division Hardware, Android ou encore sa division dédiée au Cloud Computing Business qui opèrent indépendamment les unes des autres. Google pourrait se servir de la même recette pour mettre en place sa division européenne dédiée à la comparaison de prix et au shopping en ligne qui fonctionnera avec ses fonds propres.
Il faut rappeler qu’au terme d’une bataille juridique longue de plusieurs années, la Commission européenne a décidé d’infliger à la firme de Mountain View une amende record de 2,42 milliards d’euros pour abus de position dominante sur le marché des moteurs de recherche parce qu’elle favorisait son propre service de comparaison de prix en ligne (Google Shopping) au détriment des autres (ses concurrents). La Commission avait donné 60 jours à Google pour lui dire comment elle comptait mettre fin aux pratiques dénoncées et 30 jours supplémentaires pour mettre fin à ces pratiques. Passé ce délai de 90 jours, Google écoperait chaque jour d’une amende équivalant à 5 % du revenu quotidien d’Alphabet (environ 12 millions USD par jour) jusqu’à ce que l’entreprise se conforme aux recommandations de l’UE. Google avait jusqu’au 28 septembre 2017 pour se conformer aux demandes des régulateurs européens avant d’être frappée par les sanctions suscitées.
Plutôt que de s’afficher directement en tête de liste, Google propose que son service de shopping soit intégré dans un système d’enchères collectives avec les autres comparateurs de prix. La proposition consiste à permettre aux concurrents de faire une offre à n’importe quel endroit du service de shopping du moteur de recherche, une offre connue sous le nom de Product Listing Ads. Les enchères entre Google Shopping et ses concurrents concerneraient un bloc d’images (avec liens) au-dessus des résultats de recherche. Les emplacements prévus à cet effet devraient afficher les résultats pour différents comparateurs de prix en fonction du niveau des enchères. En principe, c’est celui qui proposera l’offre avec le prix le plus élevé qui devrait bénéficier d’une meilleure visibilité.
Le problème avec ce dispositif, c’est qu’il suffira qu’un service de comparaison des prix s’arrange à proposer les montants les plus élevés à chaque enchère pour qu'il puisse systématiquement être classé en tête de liste dans les résultats de recherche. Une solution qui permettrait probablement de limiter la généralisation de ce genre de dérive serait d'obliger le comparateur à reverser une part fixe de ces montants aux revendeurs. Il serait également intéressant de voir dans quelle mesure ce système pourrait être compatible avec la recherche du prix le plus bas sur Internet.
Les concurrents de Google Shopping qui ont soutenu la décision des autorités de régulations européennes contre la filiale d'Alphabet ne cachent pas leur appréhension vis-à-vis des solutions proposées par la firme de Mountain View. Selon Richard Stables, PDG de Kelkoo, cette solution serait pire que celle de 2013, permettant à des fournisseurs de contenus de ne plus apparaître dans Shopping, et levant quelques restrictions contractuelles. Le comparateur britannique Foundem estime qu’il s’agit du « retour de l’enchère mort-vivante ».
Source : Bloomberg
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