Lisa Jackson, vice-présidente des politiques et initiatives sociales d’Apple, a participé à un événement qui s’est déroulé il y a quelques jours à San Francisco. Cependant, c’est surtout en sa qualité de responsable de la division environnement dans la firme de Cupertino qu’elle a répondu aux questions qui lui ont été posées durant cet événement. Elle a notamment apporté des précisions sur la vision qu’avait son groupe (Apple) par rapport aux problèmes de réparabilité des smartphones et tablettes qu’il produit.
« ;Je ne pense pas que la réparabilité soit une notion qu’on peut superposer à la longévité ;», a déclaré Lisa Jackson. « ;La réparation semble être la réponse pour ceux qui opèrent dans ce secteur d’activité. Mais en fait, lorsqu’on conçoit un produit, il faut surtout tenir compte de son cycle de vie. Nous mettons l’accent sur la “durabilité” de nos produits en exploitant l’idée selon laquelle nos produits anciens achetés par les consommateurs devraient demeurer fonctionnels et conserver une certaine valeur même après que nous ayons mis sur le marché de nouveaux modèles plus performants. ;»
Au regard des propos tenus par Lisa Jackson, le message du fabricant d’iPhone et iPad au public serait le suivant : Apple ne fabrique pas ses produits dans l’optique de les faire réparer, mais plutôt pour mettre en avant leur « ;durabilité ;». Toutefois, l’entreprise technologique américaine estime que si une réparation s’avérait réellement nécessaire, elle devrait absolument être effectuée dans un atelier de réparation agréé. Il faut signaler que la localisation de ces ateliers de réparation agréés ne facilite pas vraiment la tâche des utilisateurs qui ont besoin de faire réparer leurs appareils. De plus, la firme de Cupertino interdit formellement à ces sous-traitants d’effectuer des réparations « ;complexes ;» surtout lorsqu'il s'agit d'un iPad.
D’après Lisa, la première chose qu’Apple voudrait faire comprendre à ses clients lorsqu’ils achètent un iPhone ou un iPad, c’est qu’ils « ;n’auront pas besoin de le réparer ;». Et s’il faut absolument le faire, Lisa estime que cela doit être une procédure abordable et facilement accessible pour les clients de la marque à la pomme. De son point de vue, les iPad et autres iPhone sont des appareils assez complexes et il ne faudrait pas les confier à n’importe qui lorsqu’éventuellement des réparations s’imposent. Une très jolie façon de dire que les réparateurs tiers qui ne sont pas des partenaires officiels de la marque ne devraient pas être sollicités pour réparer des produits Apple.
Le propriétaire d’un centre de réparation indépendant a déclaré : « ;si le programme fonctionnait bien, je l’aurais rejoint il y a longtemps déjà ;». Malheureusement, Apple ne permet pas à ses partenaires agréés de réparer autre chose que des « ;écrans et des batteries ;». Il est actuellement impossible de réparer une caméra cassée, un bouton, un port de charge ou de réaliser une microsoudure qui pourrait facilement résoudre le problème d’un client.
Apple ne pratique pas non plus un recyclage efficace de ses appareils détruits. Aucun composant (mémoire, connecteur, circuit imprimé, etc.) n’est récupéré pendant cette étape. Les appareils sont simplement déchiquetés et transformés en granulés, puis revendus en l’état sans qu’aucune forme de réutilisation ou de revalorisation des composants bruts récupérés dans la chaine de production ne soit effectuée alors qu'il pourrait être remis facilement à neuf par des employés humains. La société demande aux personnes qui recyclent ses produits de signer une clause « ;must shred ;», ce qui signifie que tout matériau recyclé au nom d’Apple doit être détruit (rien ne doit être récupéré).
La société souhaite assoir son monopole même dans le secteur de la réparation et développe ses activités de lobbying auprès du gouvernement américain dans ce sens. Grâce à son programme « ;Authorized Service Provider ;», la société Apple décide seule de la politique tarifaire à adopter ainsi que de la répartition géographique des sites de réparations autorisés. Ce dernier point est important puisqu’en fonction de la localisation d’un centre de réparation agréé par rapport à la position du client, il peut être relativement pénible et couteux pour celui-ci de faire réparer son appareil.
Cette situation est incompréhensible quand on sait que l’extension de la vie d’un téléphone de un ou quatre ans en plus est susceptible de « ;diminuer son impact environnemental d’environ 40 % ;». Elle semble être en contradiction avec les déclarations d’Apple lorsque la société affirme vouloir rendre moins couteuses et plus accessibles les opérations de réparation pour ses clients. Ce genre de pratiques pourrait facilement remettre en cause l'image d'entreprise écologique que le fabricant d'iPhone a voulu se donner au fil des années.
Source : Motherboard Vice
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Le , par Christian Olivier
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