La question du chiffrement des communications continue de faire couler beaucoup d’encre de par le monde. Amber Rudd, la Secrétaire d’État à l’Intérieur britannique, vient de faire une sortie pour expliquer une nouvelle fois quelle est la position de son parti à ce sujet. Une phrase illustre son propos : « Qui utilise l’application WhatsApp parce qu’elle chiffre les communications de bout en bout plutôt que parce qu’il s’agit d’un moyen extrêmement convivial et peu coûteux de rester en contact avec amis et famille ? »
« Les gens ordinaires préfèrent souvent la facilité d’utilisation et un accès à une panoplie de fonctionnalités qu’à une sécurité sans faille », a-t-elle déclaré. Voilà qui donne plus ou moins clairement la réponse à la question posée précédemment. Autrement dit, les applications de communication sont choisies par les gens ordinaires pour leur convivialité, l’aspect sécurité étant relégué au second plan, sinon pas du tout pris en compte.
« Les entreprises sont constamment en train de faire des compromis entre sécurité et utilisabilité. C’est à ce niveau que nos experts pensent qu’il y a des opportunités », a-t-elle ajouté. La Secrétaire d’État à l’Intérieur met donc ces deux notions face à face et compte bien exploiter cette piste pour pousser les entreprises technologiques à affaiblir le chiffrement sur la base de l’affirmation selon laquelle les gens ordinaires portent un intérêt secondaire à la sécurisation de leurs communications.
« Les propos d’Amber Rudd n’ont rien de surprenant – tout ceci fait partie d’un grand complot auquel on assiste depuis un certain temps contre le chiffrement – et sont basés sur une incompréhension fondamentale de la technologie et de la notion de vie privée elle-même. D’un point de vue technologique, elle perd de vue que le fait de créer des portes dérobées pour les forces de l’ordre et les services secrets crée également des failles pour tous types d’individus », a déclaré Paul Bernal, un enseignant de l'université d'Anglia.
Paul Bernal est également d’avis que seuls les gens ordinaires souffriront de l’absence d’un chiffrement fort puisque les terroristes, en plus de pouvoir profiter des portes dérobées mises à disposition des forces de l’ordre, peuvent appliquer un chiffrement personnalisé à leurs communications.
« L’affirmation selon laquelle les gens ordinaires n’accordent pas d’importance au chiffrement de leurs communications est dangereuse et trompeuse. Certaines personnes veulent s’évader de la surveillance de leur entreprise, employeur ou conjoint envahissant. D’autres, travaillant dans des pays où il n’y a pas de respect pour les droits de l’homme pourraient s’inquiéter pour la confidentialité de leurs données. Ce n’est pas le rôle du Secrétaire d’État de dire à la population qu’elle n’a pas besoin du chiffrement », a lancé Jim Killock, directeur de l’Open Rights Group.
Source : BI
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Les gens ordinaires sont plus en quête d'usabilité de leurs applications que de chiffrement
D'après la secrétaire d'État à l'Intérieur britannique
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Le , par Patrick Ruiz
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