
À partir des années 2011, le commerce de la drogue s’est largement développé avec la création de Silk Road, le marché de la vente de drogues sur le dark web. En l’espace de trois ans, Silk Road a connu un essor remarquable avec plus de 1,5 million de transactions réalisées avec la participation de plusieurs milliers de comptes de commerçants et plus de 100 000 comptes d’utilisateurs. Vers la fin de l’année 2013, l’auteur de Silk Road, Ross Ulbricht, a été arrêté puis condamné en 2015 à la prison à vie.
En dépit de l’arrestation de M. Ulbricht et de la fermeture de Silk Road, plusieurs autres sites ont proliféré à sa suite en suivant le même modèle que Silk Road. Et depuis un bout de temps, les autorités américaines observent une montée en flèche de la vente des opioïdes au niveau national. Dans le domaine médical, un opioïde s’apparente à un médicament qui soulage la douleur. C’est une substance opiacée psychotrope de synthèse ou peptidique dont les effets sont similaires à ceux de l'opium sans en être chimiquement proches. Lorsqu’un opioïde est consommé de manière abusive, il peut entraîner la dépendance, la surdose, voire la mort.
Selon le New York Times, les opioïdes synthétiques sont devenus la cause la plus rapide de surdosage à l’échelle nationale américaine. Ce phénomène est grandissant, car les consommateurs qui peuvent être de tous les âges utilisent les outils d’anonymisation comme le navigateur Tor Browser (utilisant un protocole sécurisé pour chiffrer les données) et les VPN (Virtual Private Network ou Réseau Privé Virtuel en français) pour accéder aux différents sites de vente de ces opioïdes et autres drogues sur la toile. Et pour régler leur facture sans laisser de traces, ils font usage du bitcoin, la monnaie cryptographique rattachée à un système de gestion décentralisé des transactions.
En considérant les outils utilisés par les acheteurs, cela devient très difficile pour les autorités d’endiguer ce phénomène de surdosage qui prend des élans de crise nationale, dépassant même l’héroïne dans certaines régions, rapporte le New York Times. Comme opioïdes vendus sur le dark web, nous avons par exemple le fentanyl qui est un puissant analgésique opioïde en principe obtenu sur ordonnance. Son potentiel analgésique est environ 80 fois supérieur à celui de la morphine. Mais avec la prolifération de ces vendeurs de drogues sur le dark web, toute personne qui y a accès peut s’en procurer aisément. Et le plus difficile, rappellent les forces de l’ordre américaines, c’est que ces ventes sont difficiles à contrôler, car ces drogues sont expédiées en petits paquets comme des courriers ordinaires.
Contrairement à l’héroïne et aux analgésiques, qui sont relativement volumineux lorsqu’on souhaite approvisionner un grand nombre de personnes, une quantité de fentanyl pour 50 000 personnes peut correspondre à une enveloppe standard, ce qui permet d’atteindre assez facilement une grande proportion de personnes et de faire un grand nombre de victimes. Grant Seaver et Ryan Ainsworth, deux jeunes adolescents âgés de 13 ans et vivant dans l’Utah, aux États-Unis, ont fait les frais de ces drogues après avoir acheté sur le dark web un opioïde synthétique et utilisé le Bitcoin pour la transaction. Après avoir consommé cette substance connue sous le nom de U-47700 ou Pinky, ces adolescents sont morts. Alors que ces jeunes auraient pu avoir des craintes à aller vers un vendeur de drogue caché au coin de la rue ou dans un local peu recommandable, l’accès à internet a facilité l’achat et la mise à disposition de cette substance.
Selon les analyses des autorités américaines, ces nouveaux canaux de distribution favorisés par le dark web pourraient être même plus efficaces que les cartels. AlphaBay, par exemple, un marché de vente d’opioïdes sur le dark web, contient à lui seul plus de 21 000 listes d’opioïdes et plus de 4100 articles pour le fentanyl et drogues similaires. Les consommateurs y font leur marché à cœur joie, mais finissent fréquemment leurs courses joyeuses aux urgences ou dans un état d’évanouissement. Un consommateur rapporte qu’il a injecté un tiers de la substance achetée d’un coup, mais la chose suivante qu’il a constatée à son réveil est trois ambulanciers au-dessus de lui. Un autre indique que si ses ronflements n’avaient pas alerté les personnes environnantes, il serait probablement mort étouffé avec sa langue qui tombait dans sa gorge.
Source : New York Times
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