La filiale britannique du groupe publicitaire français Havas, sixième groupe publicitaire mondial, a annoncé vendredi 17 mars qu'il retirait ses publicités de Google et YouTube au Royaume-Uni à l’issue d’une polémique sur des bannières et vidéos publicitaires placées dans des contenus inappropriés ou choquants.
Havas UK, qui dépense environ 500 millions de £ par an sur toutes les formes de publicité, compte parmi ses clients Dominos, Emirates et la BBC. La filiale britannique a expliqué que la liste noire s'applique aussi bien à la publicité YouTube qu’à tout affichage numérique sur le réseau de Google. « Nous avons le devoir d'assurer à nos clients que leurs marques sont placées sur le marché britannique dans le bon contexte et qu'ils puissent être certains que cet environnement est sûr et régulé », a expliqué Paul Frampton, responsable de Havas au Royaume-Uni dans une interview accordée au quotidien britannique The Guardian.
« Notre position restera inchangée tant que nous n'aurons pas confiance dans la capacité de la plateforme YouTube et de Google Display Network d'offrir des standards que nous et nos clients sommes en droit d'attendre », a-t-il continué.
Cependant, quelques heures plus tard, la maison mère à Paris est revenue sur cette décision par le biais de son PDG, Yannick Bolloré : « cette décision ne correspond pas du tout à la position du groupe », s’est-il défendu. Rappelant que Havas a un « partenariat très fort avec Google », le PDG a assuré ne pas avoir été tenu au courant de cette décision. « À titre personnel, je trouve ça très bien de proposer aux clients au cas par cas » de retirer des publicités, « mais je trouve ça un peu extrême de le faire à leur place », a-t-il poursuivi. Selon lui, le groupe va mener une enquête « pour essayer de comprendre ce qui s’est passé dans notre filiale UK ».
« La décision de notre équipe britannique de faire une pause dans les activités avec notre partenaire Google est une initiative temporaire prise par notre équipe locale pour le compte de nos clients britanniques et de leurs besoins spécifiques », a précisé dans la soirée le groupe dans une déclaration transmise à Reuters.
« Le groupe Havas ne prendra pas de telles mesures à une échelle globale », est-il indiqué dans le communiqué, ajoutant que le groupe travaille avec Google pour reprendre leur collaboration.
Havas n’est pas le seul à demander des comptes à Google. En effet, le gouvernement britannique a pris une décision similaire ce vendredi : ses publicités, parmi lesquelles la campagne pour le recrutement militaire et celle pour les dons du sang ont été temporairement suspendues sur YouTube.
À ce sujet, une porte-parole du gouvernement a déclaré que « la publicité numérique est un moyen rentable pour le gouvernement d'engager des millions de personnes dans des campagnes vitales telles que le recrutement militaire et le don de sang ».
« Google est responsable de veiller à ce que les normes élevées appliquées à la publicité gouvernementale soient respectées et que les annonces ne soient pas accompagnées d'un contenu inapproprié. Nous avons placé une restriction temporaire sur notre publicité YouTube en attendant des assurances de Google que les messages gouvernementaux peuvent être livrés de manière sûre et appropriée ».
Aussi, le conseil des ministres a convoqué Google pour des discussions qui ont pour but de s’assurer que ses messages soient délivrés de manière « cohérente » dans le futur, et qu’ils « n’apparaissent pas à côté d’un contenu inapproprié », d’après la porte-parole.
Le journal The Guardian ainsi que Channel 4 et la BBC ont également annoncé qu'ils retiraient leurs publicités de YouTube et Google. Des publicités pour le Guardian avaient été placées sur des contenus extrémistes comme des vidéos d'Américains suprématistes ou d'un prêcheur islamiste controversé, a indiqué le journal en annonçant sa décision sur son site.
« ;Il reste encore beaucoup à faire pour protéger la réputation des annonceurs sur les plateformes digitales ;», a expliqué Phil Smith, le directeur général d’Isba. Sir Martin Sorrel, le directeur général de WPP, numéro un mondial de la communication, est aussi monté au créneau, mais continue de négocier avec Google : « nous avons toujours dit Google, Facebook et d'autres sont des sociétés de médias et ont les mêmes responsabilités que toute autre société de médias [...] ils ne peuvent pas se faire passer pour des entreprises technologiques, surtout lorsqu'ils font de la publicité ».
De son côté, Ronan Harris, le directeur général de la filiale britannique de Google, a expliqué que son groupe « ;a commencé à réviser sa politique publicitaire et qu’il va effectuer des changements dans les semaines à venir afin de donner plus de contrôle aux marques pour leur exposition sur YouTube et Google Display Network ;».
Source : The Guardian, The Times, Reuters
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Parce que certaines ont été placées dans des contenus choquants
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Le , par Stéphane le calme
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