La NAA, l’association américaine des éditeurs de journaux, a elle aussi exprimé son ras-le-bol dans le même domaine, plus particulièrement contre l'accès payant aux listes blanches de certains éditeurs d'extensions logicielles à l’instar d’Eyeo, l’éditeur d’Adblock Plus. Elle a saisi l’organisme compétent, notamment la FTC (Federal Trade Commission), pour demander l’ouverture d’une enquête sur « des pratiques illégales de blocage des publicités » qui violeraient la section 5 de la Federal Trade Commission Act. Cette dernière interdit les pratiques commerciales injustes et trompeuses ainsi que les méthodes déloyales de concurrence.
« Les technologies de blocage de publicités sont des plugins navigateurs et des applications disponibles sur une variété de plateformes qui permettent au consommateur d’accéder au contenu éditorial en entier des sites des éditeurs (quelquefois en contournant les systèmes de souscriptions) tandis qu’ils bloquent toute la publicité acceptée par les éditeurs afin de continuer à fournir du contenu gratuit ou à moindre coût en ligne parce qu’ils sapent la capacité des éditeurs à financer l’entreprise de journalisme et menacent le gagne-pain des journalistes et d’autres créateurs de contenus », a avancé la NAA.
Dans sa plainte, la NAA dénonce :
- l’utilisation de listes blanches payantes d’Adblock Plus : elle rappelle que l’établissement d’une liste blanche payante est une pratique qui consiste à faire en sorte que les entreprises versent de l’argent aux bloqueurs de publicités pour être placé en liste blanche afin de s’assurer que leurs publicités atteignent les consommateurs. « Les bloqueurs de publicités font faussement croire à leurs utilisateurs qu’ils vont recevoir des publicités répondant à un standard objectif de “qualité” (ou pas de publicité du tout) quand les utilisateurs téléchargent l’application ou font usage du service. En réalité, les consommateurs reçoivent de la publicité parce que ceux qui possèdent Adblock Plus demandent des paiements des annonceurs ou des plateformes d’annonceurs pour passer leurs publicités aux consommateurs », a assuré la NAA ;
- le remplacement des publicités bloquées par les propres publicités des bloqueurs de publicité, de fausses allégations selon lesquelles les services d’abonnement permettent aux éditeurs d’amortir le manque à gagner et le contournement des « metered paywalls » (des systèmes n'autorisant la lecture que d'un nombre limité d'articles sur une période donnée) : « ces trois domaines trompent les consommateurs ou alors constituent une compétition injuste » clame la NAA. Elle estime que tout d’abord la substitution de publicité constitue une pratique commerciale trompeuse en faisant croire aux consommateurs que les éditeurs ont consenti à la substitution de leur propre publicité par de nouvelles vendues par les entreprises de blocage de publicités. Ensuite elle affirme que l’allégation selon laquelle les services d’abonnement sont censés compenser les dommages subis par les éditeurs est « fausse et trompeuse étant donné l’absence totale de preuve pour soutenir cette affirmation ». Et enfin les bloqueurs de publicités qui permettent de contourner les « metered paywalls » font usage à des méthodes déloyales de concurrence.
Concernant la compensation obtenue par les services d’abonnement, la NAA a évoqué le cas d’Optimal, une start-up spécialisée dans le blocage publicitaire qui propose une formule d'abonnement mensuel, facturée 5,99 dollars. La société promet de conserver une partie de ces revenus pour assurer son fonctionnement, mais également de redistribuer le reste entre ses éditeurs de contenus partenaires en fonction du trafic qu'ils génèrent.
Pour Rob Leathern, fondateur d'Optimal, cette solution permettrait « de compenser partiellement, voire complètement les pertes de revenus publicitaires causés par les dispositifs de blocage ». Pourtant, la NAA n’est pas de cet avis : « ces services clament que les éditeurs ne sont pas touchés par le blocage de leurs publicités grâce à ces modèles de paiement supposés. Mais ces annonces sont en fait, sans aucun fondement étant donné que ces bloqueurs détruisent des millions de dollars de revenus publicitaires (et de soutien au contenu gratuit) et leurs propriétaires n'ont fait aucune démonstration du moindre paiement qu'ils ont pu offrir aux éditeurs pour compenser leurs pertes dues au blocage publicitaire ».
La NAA a également évoqué le cas de Flattr Plus , développé par Flattr et Eyeo, dont le principe est de permettre à l’utilisateur de faire des microdonations au service qui les répartit ensuite entre les éditeurs grâce à « un algorithme intelligent qui distribue automatiquement les bons montants aux bons sites ». Pour la NAA, ces affirmations sont trompeuses et enfreignent la FTC Act.
Suite à ces observations, la NAA demande à la FTC :
- d’ imposer aux bloqueurs de publicités pratiquant le « paid whitelisting » de mettre fin à ce type de programmes ou bien de clarifier la nature de leurs services aux consommateurs ;
- d’imposer aux bloqueurs de publicités de cesser de substituer leurs publicités à celles diffusées par éditeurs ;
- d’imposer aux bloqueurs de publicités de cesser de faire des annonces trompeuses aux consommateurs ;
- d’empêcher les bloqueurs de publicités de contourner les limites imposées par les « metered paywalls ».
Source : lettre de la NAA (au format PDF)
Voir aussi :
Des médias membres du groupe GESTE passent à l'offensive contre les bloqueurs de pubs pour sensibiliser les utilisateurs sur l'importance de la pub
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