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Procès API Java : la victoire de Google signifie la mort du logiciel libre et de la GPL

Estime Annette Hurst, avocate d'Oracle

Le 2016-05-28 00:30:52, par Michael Guilloux, Chroniqueur Actualités
Après quelques années de bataille entre Google et Oracle sur la copie des API Java dans Android, l’industrie du logiciel a accueilli hier la victoire du géant du Mountain View. Mais encore une fois, Oracle n’entend pas abandonner et envisage de faire appel pour remettre en cause cette décision.

Nombreux sont les observateurs qui ont estimé qu’une victoire d’Oracle aurait tué le monde du logiciel. S’exprimant à propos de la décision du tribunal, un porte-parole de la communauté des développeurs a déclaré que le verdict « représente une victoire pour l'écosystème Android, pour la communauté des développeurs Java, ainsi que pour tous les développeurs de logiciels qui se servent de langages de programmation ouverts et libres afin de développer des produits de consommation innovants ».

Mais Annette Hurst, avocate d’Oracle, ne le voit pas de cette manière. Pour cette dernière, c’est tout à fait le contraire. Après la défaite de son client, elle s’est exprimée sur LinkedIn à travers un article intitulé « La mort du logiciel libre … ou comment Google a tué la GPL ».

« Développeurs méfiez-vous. Vous pouvez penser que vous avez obtenu une victoire hier. Mais il est temps de penser à plus que vos désirs de copier librement quand vous vous asseyez devant un clavier », a-t-elle averti. Hurst poursuit en affirmant que le libre selon Google n’a pas le même sens que le libre qu’a toujours défendu Richard Stallman.

Annette Hurst estime en effet qu’avant de célébrer cette victoire, les développeurs devraient d’abord analyser la portée de la décision de justice. « Non seulement les créateurs de partout vont souffrir de cette décision si elle reste inchangée, mais le mouvement du logiciel libre lui-même fait face maintenant à une menace réelle, » dit-elle.

Remettant en cause la pertinence des arguments de Google, l’avocate d’Oracle estime que le récit de Google se résumait au fait que « parce que les API Java ont été ouvertes, toute utilisation était justifiée et les restrictions de licence devaient être ignorées ». Pour généraliser, elle conclut que si vous offrez un logiciel libre et ouvert, alors toute utilisation relève du fair use. Selon elle, la décision du jury suggère donc que l’on peut tout simplement faire fi des restrictions de licence. Et sur cette base, Annette Hurst estime que la GPL ne peut survivre et qu’on pourrait donc lui dire adieu.

Au-delà de la GPL et du libre, l’avocate d’Oracle croit également que ce sont les entreprises qui dépendent des licences de logiciels traditionnels qui sont en danger. Pour elle, ces entreprises seront donc obligées d’accélérer leur mouvement vers le cloud « où tout peut être contrôlé en tant que service », plutôt que de vendre des logiciels.

Source : Annette Hurst (LinkedIn)

Et vous ?

Que pensez-vous de ces déclarations ?
  Discussion forum
469 commentaires
  • defZero
    Membre extrêmement actif
    Pour l'analogie, breveter une API reviendrait dans le monde réelle à breveter un langage, puisque c'est la façon dont nous pouvons communiquer.
    Est-ce que la façon de communiquer peut être breveter ? Drôle de question à mon avis.
    Alors, oui, la communication est une invention géniale, maintenant si seul 1 ou 2 personnes peuvent l'utiliser, ça me parait perdre pas mal de son intérêt premier .

    Globalement, si les idées de la cour suprême ce démocratise sur ce sujet, on aura plus de possibilités d'interconnexion de systèmes hétérogène, puisque tous les environnement devront devenir propriétaire pour exister.
    Et je ne crois pas que ce soit une bonne nouvelle pour qui que ce soit, Oracle compris.
  • Uther
    Expert éminent sénior
    Envoyé par gabriel21
    Si la cour suprême confirme la condamnation, ce sera un sacré bronx aux USA et par ricocher dans le monde.
    Et l'on pourra sans doute prédire la fin rapide de Java. Car il est fort probable que s'appuyant sur cette décision, Oracle fera du chantage aux entreprises utilisant Java sans support, pour qu'ils payent. Ce qui poussera de nombreux éditeurs à recoder dans un autre langage leurs applications métiers pour éviter de nouveaux procès.
    Dans ce cas, reste à savoir quel langage sera le grand gagnant de cette lutte aux dividendes...
    Encore une fois, ça n'a rien a voir : le procès de Google concerne uniquement la réimplémentation compmlète de la bibliothèque Java, pas son utilisation.
    L'utilisation du langage Java ou même une implémentation de Java basée sur l'OpenJDK sont complètement libres et garanties.

    Envoyé par TidiusFF
    Oracle traite déja Java comme un boulet mort depuis des années.
    C'est un peu l'inverse Oracle a mis des moyens pour relancer Java, là ou Sun n'avait pas réussi. Par contre il a pris beaucoup de retard par rapport à la concurrence.
  • marsupial
    Expert éminent
    10 ans et 6 procès plus tard, on en revient à la situation initiale et qui dure depuis des décennies. A savoir que les API sont soumises au fair use et ne sont monnayables que par des brevets. Il n'y a qu'Oracle pour intenter des procédures aussi longues...
  • Uther
    Expert éminent sénior
    Envoyé par Battant
    Pourquoi la gpl serait-elle tuée et que cela signifierait-il pour le logiciel libre ?
    Absolument rien. Le procès n'a rien a voir directement avec la GPL. C'est juste une menace en l'air de l'avocate d'Oracle qui soit ne comprend rien à ce qu'elle raconte, soit fait de la désinformation.

    Envoyé par Battant
    Est-ce que oui ou non des chercheur universitaires pourraient expertiser un code source ?
    Il faudrait préciser ce que tu entend par là, car la question est très vague.
    Mais si un code est disponible, sous une licence libre, (ou même propriétaire mais qui autorise la consultation des source), alors il est expertisable par n'importe qui.
  • Uther
    Expert éminent sénior
    C'est fou cette soudaine pluie de commentaires de désinformation, on pourait presque croire que c'est fait exprès.

    Envoyé par thelast
    l'avocate d'oracle a complètement raison. Malheureusement cela veut dire aujourd'hui que si je veux prendre n'importe lequel de vos codes sur github et m'en servir commercialement sans vous rétribuer, et bien, JE PEUX car jurisprudence.
    Absolument pas : la notion de fair-use, dans ce cas, se limite au droit d'utiliser dans son propre code le même nommage pour les éléments publics (classes, méthodes, ...), dans le but d'assurer la compatibilité. Il n'autorise en aucun cas à reprendre l'implémentation de ces éléments.

    Si on reprend un code sous GPL sans la respecter, on fait une infraction au copyright manifeste et il y a déjà eu plusieurs procès qui ont confirmé la validité de la GPL. Mais l’environnement Android est basé sur une réimplémentation complète de la JVM et des bibliothèques Java.

    Envoyé par Max Lothaire
    Est-ce que Google a repompé le code source des API d'Oracle ou a réimplémenté une autre API qui serait compatibles (même noms/paramètres/retours) ?
    Google a ré-implémenté (en s'appuyant sur le projet Apache Harmony), l'intégralité de la bibliothèque standard de Java

    Envoyé par Battant
    Pourquoi cela est-il décidé aux États-Unis alors que l'Europe et la suiss qui ont des chercheurs universitaires de pointe ne crée pas de telles entreprises high-tech qui respecteraient mieux la vie privée que les États-Unis ?
    Parce que ça n'a rien a voir avec la choucroute.
    Il y a un litige entre deux société privées américaines, c'est bien évidement jugé au états-unis. Et tout cela n'a absolument rien a voir avec le domaine universitaire.

    Envoyé par thelast
    Ba c'est pas compliqué je vais pomper les partitions de mozart, les livres de shakespear, les films de marvels, changer le titre et dire c'est de moi ya pas de soucis.
    parce que au final toutes ces œuvres sont aujourd'hui une série de 0 et de 1 que cela soit du signal pour l'audio, des pixels pour la video, ou de l'hexa pour les caractères.

    tout ça en disant que je suis parfaitement capable de jouer moi même du mozart ou d'écrire comme shakespear ou de jouer comme robert doney junior ...
    Exemple sympathique, sauf qu'en occurrence, c'est exactement l'inverse qui c'est passé : le contenu a été entièrement refait et on a gardé les anciens titres pour assurer la compatibilité.
  • nchal
    Membre expérimenté
    J'espère que Google va respecter son droit à l'oubli quand elle voudra faire déréférencer son torchon
  • Uther
    Expert éminent sénior
    Envoyé par darklinux
    Techniquement cela tuerais Java et donc l ' impôt d ' Oracle mais laisserais le champ libre à . Net , Kotlin , C++ pour l ' embarqué , ce serais une victoire à la Pyrrhus , serais ce un mal ? Cela va permettre de rebattre les carte , de ce débarrassé du legacy , donc d ' avoir un www efficient , car sans dette technique et abimerais sans doute Apple .
    Pour 99,9% des utilisateurs de Java, ça ne changerait rien du tout. Ça ne concernerait que les personnes qui veulent faire une ré-implémentation des bibliothèques Java à partir de zéro, c'est à dire en pratique plus personne. Même Google base les nouvelles version du SDK d'Android sur l'OpenJDK.

    Envoyé par walfrat
    Cela dit, il me semble que parmi les arguments mentionné par Oracle dans les articles précédent, une des reproche n'est pas d'avoir copier/coller l'API mais bien du code d'implémentation existant déjà et venant de chez Oracle.
    En dehors de l'interface de la bibliothèque Java, Oracle n'a pu prouver que 9 lignes de code recopiées (en plus complètement trivial) sur plusieurs millions. Autant dire que l'argument est plus que faible.
  • onilink_
    Membre émérite
    @Aiekick
    Sauf que la on parle de l'API java, pas de l'implémentation de java ni de l'implémentation de son API.
    Une API par principe ça ne se vend pas, c'est l'implémentation qui se vend.

    Tout comme tu ne vends pas les mots d'un dictionnaire, mais plutôt les textes écrits avec.

    Outre le fait que ça n'a aucun sens, si jamais Oracle finis par avoir le dernier mot, ça va être néfaste pour tout le monde car toute entreprise qui a crée une API pourra avoir un monopole dessus, et donc un monopole sur les interopérabilités, empêcher les implémentations open source, etc...
  • ClaudeBg
    Membre éprouvé
    tout le monde peut faire ce qu'il veut, et je trouve ça plus emmerdant encore.
    Un monde où les avancées sont récupérables par tous, et dans lequel on fait ce qu'on veut (en respectant les autres) est quand même un monde plus agréable à vivre que celui dans lequel chacun réinvente la roue et voit sa liberté limitée sous des prétextes commerciaux.

    Sinon, sur le principe, quid de la prétendue séparation des pouvoirs, lorsque le politique se mêle de décisions judiciaires?

    De plus, quand on voit l'ineptie à laquelle on est arrivé: Un système inventé par Sun et utilisable gratuitement, qui est racheté pour une boîte dont l'unique but est de faire payer ce qui était gratuit, ça montre les limites de ce système économique.

    Bref, moi je pisse autant sur Google que sur Oracle, qui représentent tout ce que je déteste dans notre société. Le seul intérêt que je vois à cette lutte féroce entre "frères d'armes", c'est qu'à force de rencontrer des problèmes de ce type, ce système de droits d'auteurs et de copyrights va s'auto-bloquer.
  • redcurve
    Membre extrêmement actif
    J'ai bien fait de ne pas m'impliquer dans cette techno quand elle est sortie le modèle de License m'a toujours semblé louche, et apte à exploser en plein vol des années plus tard. Le truc il est open-source/propriétaire/gratuit/payant simultanément mais tu ne sais pas trop qu'est-ce qui va dans chaque case .