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France : la police pourrait avoir accès à l'électronique embarquée dans les véhicules

Suite à une disposition adoptée dans un projet de loi

Le 2016-05-27 20:32:22, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
L’électronique embarquée dans les véhicules pourrait bientôt être interrogée par les forces de police ou les gendarmes en cas d’accidents afin d’en décrire les circonstances et de déterminer les responsabilités (pénale qui conduit à sanctionner l’auteur de l’infraction, civile qui oblige à indemniser la victime).

C’est ce que prévoit un amendement du gouvernement dans le projet de loi sur la modernisation de la justice du XXIe siècle. L’amendement CL 180, qui a été adopté en commission des lois au début du mois, dispose que « Art. L. 311‑2. – Les agents compétents pour rechercher et constater les infractions au présent code, dont la liste est fixée par décret en Conseil d’État, ont accès aux informations et données physiques et numériques embarquées du véhicule afin de vérifier le respect des prescriptions fixées par le présent code.

Le fait que ces opérations révèlent des infractions autres que celles visées au premier alinéa ne constitue pas une cause de nullité des procédures incidentes ».

En clair, cet article autorise aux agents, désignés par décret, à avoir un plein accès aux données physiques et numériques de votre véhicule. Si, lors de l'analyse des données, les policiers ou gendarmes remarquent une infraction, antérieure à l'accident (par exemple vous avez commis un excès de vitesse sur plusieurs kilomètres) ou même sans rapport direct avec le code de la route, des poursuites pourront être engagées.

Pour rappel, selon l'article L110-1 du Code de la route, « le terme "véhicule à moteur" désigne tout véhicule terrestre pourvu d'un moteur de propulsion, y compris les trolleybus, et circulant sur route par ses moyens propres, à l'exception des véhicules qui se déplacent sur rails ». Les motos sont donc elles aussi concernées.

Le gouvernement a expliqué que ces dispositions tendent à améliorer la répression de certaines infractions routières. Dans ce cas précis, elles le font en permettant aux agents, dont la liste est fixée par décret en Conseil d’État et notamment aux forces de l’ordre, dans le cadre du contrôle du respect des dispositions techniques liées aux véhicules, d’accéder aux données et informations du véhicule et notamment aux systèmes de diagnostic embarqués.

Concernant cet amendement, le garde des Sceaux a déclaré « le comité interministériel de sécurité routière propose un certain nombre de mesures : affiner la connaissance statistique des accidents de la route afin d’améliorer leur prévention ; permettre aux agents, dont la liste sera fixée par décret en Conseil d’État, et notamment aux forces de l’ordre, dans le cadre du contrôle et du respect des dispositions techniques liées aux véhicules, d’accéder aux données et informations du véhicule et notamment aux systèmes de diagnostic embarqués ; exiger la désignation d’une personne titulaire du permis de conduire correspondant au type de véhicule à immatriculer pour procéder à l’immatriculation de ce véhicule. Il permettra ainsi de lutter contre les contournements de la loi en matière de contrôle automatisé. Cette mesure assure l’égalité de tous les usagers devant la loi pénale afin que l’infraction commise par le conducteur d’un véhicule aboutisse effectivement au paiement de l’amende et au retrait des points  ».

Le Syndicat de la magistrature s'inquiète en revanche des dérives que permet la dernière phrase de l'article 311-2 et pointe en effet les dangers d'un contrôle plus large que celui demandé par les vérifications pour l'infraction recherchée. Surtout pour les véhicules connectés qui, de plus en plus nombreux, pourraient être interrogés à distance. Selon lui, une telle extension « ne saurait être ainsi avalisée, sans aucun contrôle de nécessité ou de proportionnalité, ni procédure encadrant ces accès ».

Le 24 mai 2016, le projet de loi de modernisation de la justice du XXIe siècle a été adopté en première lecture, avec modifications, par l’Assemblée nationale.

Source : amendement CL180, Assemblée nationale, article L110-1 (Code de la route), projet de loi modernisation de la justice du XXIe siècle
  Discussion forum
9 commentaires
  • CoderInTheDark
    Membre émérite
    Utiliser l'historique pour coller des 'amendes , automatiquement, je trouve ça dangereux.
    Je ne suis pas certains que se soit toujours fiables.
    Mon père s'est fait volé ses papiers, il reçoit plein d'amendes, et au début c'était dur de contester.
    Il peut y avoir de plus en plus de vole d'identités.
    Donc des gens sans permi sans raison.

    On pourrait aussi l'utiliser comme boîte noire.
    Ca peut aussi insiter les conducteurs à s'autoréguler.
    Mais ça existe déjà pour les poids lourds.
    Et je me demande si c'est vraiment éfficace.
    Certains chauffeurs trafiquent leur mouchard.

    Pour l'instant c'est pas vu pas pris.
    Mais si dans le cadre d'une enquête ça peut servir pour condamner les chauffards, et comme circonstance agravantes.

    Chez mes parents c'est une belle ligne droite
    Il y a une maternelle , un collège et une école primaire.
    Et tout le monde foncent et surtout les tarés fans de Tuning, j'ai pas de compassion pour ces danger de la route.
    Surtout en quand que piéton non-voyant.

    Si déjà les policiers pouvaient verbaliser les scooters et les motos garés sur les trotoires et les crétins garés sur les passages piétons, ça m'aiderait beaucoup.

    Pour l'instant je me fais justice moi même à grand coup de canne blanche
  • Bonjour,

    C'est un "secret de Polichinelle*".
    La question n'est pas "si", mais "quand".

    Le fait est que que les gens n'ont pas conscience qu'à partir de moment où ils exposent leur vie sur les réseaux sociaux, leur vie "privée" ne l'est plus.

    Avec les objets connectés, ce sera pire.
  • CoderInTheDark
    Membre émérite
    Au mieux c'est une boîte noire.
    Au pire c'est un mouchard.

    Pour moi, la plus grosse dérive possible, c'est qu'on relève à intervalles réguliers les mesures, et qu'on sanctionne de façon automatique.

    Et comme déjà actuellement ce n'est pas facil de contester, même quand on n'est dans son droit.
  • Squisqui
    En attente de confirmation mail
    Envoyé par jreaux62 
    C'est un "secret de Polichinelle*".
    La question n'est pas "si", mais "quand".[/COLOR][/I]

    Il y a tout de même un problème de taille, qui transforme le « quand » en « comment ».
    Les contraventions ont l'air d'être distribuées au propriétaire du véhicule et non pas au conducteur. Le problème est le même que l'HADOPI qui distribue des lettres au locataire d'une adresse IP plutôt qu'à l'internaute qui télécharge illégalement.

    Les vieilles caisses dépourvues d'électroniques et de turbo-compresseur vont être encore plus recherchées.
  • deletme
    Membre confirmé
    Si, lors de l'analyse des données, les policiers ou gendarmes remarquent une infraction, antérieure à l'accident (par exemple vous avez commis un excès de vitesse sur plusieurs kilomètres) ou même sans rapport direct avec le code de la route, des poursuites pourront être engagées.
    C'est ici que je vois une dérive possible... Pourquoi ne pas se cantonner aux données qui seraient en lien avec un hypothétique accident plutôt que de vouloir sanctionner à tout va ?
  • Christophe P.
    Membre expérimenté
    Envoyé par deletme
    C'est ici que je vois une dérive possible... Pourquoi ne pas se cantonner aux données qui seraient en lien avec un hypothétique accident plutôt que de vouloir sanctionner à tout va ?
    Parce que ça rapporte (amende) ?
  • transgohan
    Expert éminent
    Etant donné que les "boites noires" des constructeurs ne suivent aucune règle ni aucun contrôle je m'y oppose fortement.
    Qu'est ce qui nous prouve que ces données sont fiables ? Rien du tout...
    Ce ne sont que des données de debug, voir peut être commerciales pour les plus évoluées.
  • ABCIWEB
    Expert éminent sénior
    Salut,

    De toutes façons la pertinence d'une poursuite sur les excès de vitesse à postériori à partir de la boite noire ne peut s'envisager que si elle a enregistré l'identité du conducteur au moment de l'infraction. Et c'est valable pour toutes les infractions relatives au conducteur.

    Pas étonnant que la magistrature se soit inquiétée d'un texte aussi foutraque, sans doute pondu par des stagiaires ?

    Enfin bon ils auront bientôt beaucoup plus de temps pour réfléchir à peaufiner leur copie, et pour le même prix avec la nouvelle loi travail
    A moins qu'ils soient déjà en zone limite mais c'est normal étant donné que pour donner plus de "respiration aux employeurs" (selon les termes employés), il est permis d'asphyxier encore plus les employés. Grande et noble idée une fois de plus, à l'image des premières moutures de ce texte sur l'exploitation des données de la boite noire des véhicules : il semble évident que leur priorité est de trouver tous les moyens pour faire ch* le peuple, sans réfléchir aux conséquences