Les médias US fustigent l'ancien PDG de Mozilla Brendan Eich pour son navigateur antipub
Et dénoncent son modèle d'affaires « manifestement illégal »
Le 2016-04-12 14:11:59, par Michael Guilloux, Chroniqueur Actualités
Au cours du mois de janvier, Brave Software Inc., la startup fondée par le créateur de JavaScript et ancien CEO de Mozilla, Brendan Eich, a dévoilé un nouveau navigateur web. Baptisé Brave, le navigateur disponible pour les plateformes iOS, Android, et OS X / Windows / Linux, implémente une fonctionnalité qui bloque par défaut les annonces intrusives, le traçage ou encore les scripts d’analyse qui peuvent vous ralentir sur le web.
Brave ne vise toutefois pas à éliminer la publicité. D’après Brendan Eich, il bloque par défaut les annonces tierces, et les remplace par ses propres annonces qui se chargent plus vite et « protègent la souveraineté des données et l’anonymat » des utilisateurs en bloquant les traqueurs. Brave est toujours en développement et doit encore conquérir une certaine part de marché, mais l’industrie de la publicité en ligne le voit déjà comme une menace sérieuse.
En janvier, lors d’une conférence US sur la publicité en ligne, le directeur général de l'Interactive Advertising Bureau, Randall Rothenberg, s'en est pris à Brave et à son modèle d’affaires qui « non seulement enlève les annonces des pages des éditeurs, mais les remplace par ses propres annonces à but lucratif ». « C'est le vrai visage du blocage des publicités », a-t-il dit. Randall Rothenberg dénonce le fait que les bloqueurs de publicité se cachent derrière des expressions telles que « publicité raisonnable », « publicité responsable » et « publicité acceptable », « pour construire des sociétés à but lucratif dont les modèles économiques reposent sur l'entrave de la communication entre et parmi les producteurs et les consommateurs ».
Dans une lettre envoyée à l’ex-PDG de Mozilla, un groupe des plus grands éditeurs de journaux américains, y compris Dow Jones, le Washington Post et le New York Times, a également fustigé Brave Software, en évoquant un modèle d’affaires « manifestement illégal ». Ces éditeurs estiment que leurs droits sont violés par Brave Software et qu’ils ont l’intention de les faire pleinement respecter. Entre autres irrégularités relevées dans l’activité de la startup, les éditeurs notent que :
Ces éditeurs estiment donc qu’avec son plan de remplacement des publicités, Brave se fait responsable d’accès non autorisés à leurs sites web, de concurrence déloyale, entre autres. Ils affirment encore que le projet de Brave d’essayer de leur reverser une part de son chiffre d’affaires ne peut pas les indemniser pour la perte de leur capacité à financer leur travail en affichant leur propre publicité. Ils déclinent alors la compensation que Brave prévoit de leur offrir en exprimant leur intention de faire respecter tous leurs droits légaux pour protéger leurs marques et contenus.
En guise de réponse, Brendan Eich essaie avant tout d’abord de recadrer les assertions des médias qu’il n’estime pas tout à fait correctes. Il rejette d’abord l’affirmation selon laquelle tout navigateur qui bloque et remplace les annonces sur l’appareil de l'utilisateur du navigateur effectue de la « republication non autorisée » de contenu Web. Au contraire, il affirme que « les navigateurs peuvent bloquer, réorganiser et faire tout autre usage de tout contenu de toute source », en précisant que si Brave fait de la republication, alors « il en est de même avec le mode Lecteur de Safari, et la même chose est valable pour tout navigateur équipé d’un bloqueur de publicité, ou avec les lecteurs d’écran pour les malvoyants ».
Dans leur lettre, les médias US ont également critiqué le fait que le modèle d’affaires de Brave Software ne donne aucune précision sur le pourcentage du chiffre d’affaires qui leur reviendrait. L’ex-PDG de Mozilla revient donc sur ce point pour rappeler que dès le lancement de Brave en janvier dernier, l’entreprise a clairement indiqué que la « part du lion », c’est-à-dire 70 % des revenus, allait être reversée aux sites web (éditeurs et partenaires de publicité), alors qu’elle ne garde que 15 %. Les 15 % restants représentent la part des utilisateurs. Brendan Eich considère donc que la solution Brave peut être gagnant-gagnant. Raison pour laquelle, il a précisé avant de commencer que « Brave est la solution, pas l’ennemi. »
Il évoque aussi des attaques de malvertising sur les sites du New York Times et la BBC, dues à leur écosystème de publicité basé sur les traqueurs. Brendan Eich estime que le système de Brave permet de « réparer les dommages que les éditeurs ont de manière négligente permis à leurs partenaires de publicité de faire à leurs marques » avant de lancer un appel aux médias à s’asseoir et à discuter de la solution Brave.
Source : Business Insider
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
Voir aussi
Des médias membres du groupe GESTE passent à l'offensive contre les bloqueurs de pubs pour sensibiliser les utilisateurs sur l'importance de la pub
Brave ne vise toutefois pas à éliminer la publicité. D’après Brendan Eich, il bloque par défaut les annonces tierces, et les remplace par ses propres annonces qui se chargent plus vite et « protègent la souveraineté des données et l’anonymat » des utilisateurs en bloquant les traqueurs. Brave est toujours en développement et doit encore conquérir une certaine part de marché, mais l’industrie de la publicité en ligne le voit déjà comme une menace sérieuse.
En janvier, lors d’une conférence US sur la publicité en ligne, le directeur général de l'Interactive Advertising Bureau, Randall Rothenberg, s'en est pris à Brave et à son modèle d’affaires qui « non seulement enlève les annonces des pages des éditeurs, mais les remplace par ses propres annonces à but lucratif ». « C'est le vrai visage du blocage des publicités », a-t-il dit. Randall Rothenberg dénonce le fait que les bloqueurs de publicité se cachent derrière des expressions telles que « publicité raisonnable », « publicité responsable » et « publicité acceptable », « pour construire des sociétés à but lucratif dont les modèles économiques reposent sur l'entrave de la communication entre et parmi les producteurs et les consommateurs ».
Dans une lettre envoyée à l’ex-PDG de Mozilla, un groupe des plus grands éditeurs de journaux américains, y compris Dow Jones, le Washington Post et le New York Times, a également fustigé Brave Software, en évoquant un modèle d’affaires « manifestement illégal ». Ces éditeurs estiment que leurs droits sont violés par Brave Software et qu’ils ont l’intention de les faire pleinement respecter. Entre autres irrégularités relevées dans l’activité de la startup, les éditeurs notent que :
- Brave Software a l’intention d’exploiter le contenu de tous les éditeurs sur le Web pour vendre sa propre publicité. Et pour ces derniers, cela est comparable à voler leur contenu pour le publier sur son propre site. Ils considèrent cela comme de la republication non autorisée de leur contenu protégé et rappellent que cela est en violation de la loi sur les droits d'auteur et d'autres lois ;
- Brendan Eich n’est pas autorisé à utiliser leurs noms, marques et logos de quelque manière que ce soit dans le cadre de la promotion ou de l'exploitation de son entreprise. Ils estiment que cela « va dérouter les consommateurs, porter atteinte aux droits exclusifs des éditeurs dans leurs marques », mais également porter atteinte à leurs marques « très distinctives ».
Ces éditeurs estiment donc qu’avec son plan de remplacement des publicités, Brave se fait responsable d’accès non autorisés à leurs sites web, de concurrence déloyale, entre autres. Ils affirment encore que le projet de Brave d’essayer de leur reverser une part de son chiffre d’affaires ne peut pas les indemniser pour la perte de leur capacité à financer leur travail en affichant leur propre publicité. Ils déclinent alors la compensation que Brave prévoit de leur offrir en exprimant leur intention de faire respecter tous leurs droits légaux pour protéger leurs marques et contenus.
En guise de réponse, Brendan Eich essaie avant tout d’abord de recadrer les assertions des médias qu’il n’estime pas tout à fait correctes. Il rejette d’abord l’affirmation selon laquelle tout navigateur qui bloque et remplace les annonces sur l’appareil de l'utilisateur du navigateur effectue de la « republication non autorisée » de contenu Web. Au contraire, il affirme que « les navigateurs peuvent bloquer, réorganiser et faire tout autre usage de tout contenu de toute source », en précisant que si Brave fait de la republication, alors « il en est de même avec le mode Lecteur de Safari, et la même chose est valable pour tout navigateur équipé d’un bloqueur de publicité, ou avec les lecteurs d’écran pour les malvoyants ».
Dans leur lettre, les médias US ont également critiqué le fait que le modèle d’affaires de Brave Software ne donne aucune précision sur le pourcentage du chiffre d’affaires qui leur reviendrait. L’ex-PDG de Mozilla revient donc sur ce point pour rappeler que dès le lancement de Brave en janvier dernier, l’entreprise a clairement indiqué que la « part du lion », c’est-à-dire 70 % des revenus, allait être reversée aux sites web (éditeurs et partenaires de publicité), alors qu’elle ne garde que 15 %. Les 15 % restants représentent la part des utilisateurs. Brendan Eich considère donc que la solution Brave peut être gagnant-gagnant. Raison pour laquelle, il a précisé avant de commencer que « Brave est la solution, pas l’ennemi. »
Il évoque aussi des attaques de malvertising sur les sites du New York Times et la BBC, dues à leur écosystème de publicité basé sur les traqueurs. Brendan Eich estime que le système de Brave permet de « réparer les dommages que les éditeurs ont de manière négligente permis à leurs partenaires de publicité de faire à leurs marques » avant de lancer un appel aux médias à s’asseoir et à discuter de la solution Brave.
Source : Business Insider
Et vous ?
Voir aussi
-
zecreatorMembre expertNous sommes tous d'accord sur un point. La pub fait vivre les sites. Sans pub, pas de site. Ce qu'il faut combattre c'est le coté intrusif de la pub sur le net, le pistage, le traçage... Ceux sont des méthodes de voyous, comme le pied du VRP qui bloque ta porte pour te vendre une encyclopédie. C'est le sentiment de harcèlement permanent qui est néfaste et dont les internautes ne veulent plus. Certains sites refusent carrément de fonctionner si ils détectent un bloqueur de pub. C'est un peu de la vente forcée.
Supprimer le pub n'est pas la solution, mais la limitée et garder le contrôle de sa diffusion me semble une bonne idée.
Zecreatorle 15/04/2016 à 11:08 -
Traroth2Membre émériteCette histoire est dangereuse. Derrière Brave (qui ne bloque donc pas la pub, si on regarde de près), il s'agit de criminaliser les bloqueurs de pub. Si ces sociétés arrivent à faire condamner Brave, elles n'en resteront pas là.
J'en viens à me demander quels sont les motivations de Eich. Son logiciel est une véritable provocation, dont les utilisateurs ne tirent aucun bénéfice (il y a toujours de la pub) et que les éditeurs de site et les publicitaires ne peuvent tout simplement pas laisser passer. Il est presque en train de supplier qu'on l'attaque en justice, là...le 12/04/2016 à 15:11 -
Pierre Louis ChevalierExpert éminent séniorTu as entendu parler d'un truc qui s'appelle "l'offre et la demande" ?
On ne trouve pas de commerciaux parce que c'est un job de merde, car le job consiste à lécher le cul des clients.
Par contre journaliste tous le monde veux faire ça, même gratuitement (voir sur le net des centaines de millions de blogs faits par des "journalistes" bénévoles auto proclamés).
Donc pour avoir un commercial dans un service pub ou partout ailleurs il faut le payer un max pour qu'il accepte de faire un travail aussi merdique, c'est pas spécifique à l'informatique.
Si tu es frustré parce que tu penses être sous payé tu as qu'à le faire le job de commercial, il doit y avoir 100 000 postes à pouvoir, rien que dans le secteur informatique, si tu avais des c...
Tu as pas l'air au courant que la presse web contrairement à la presse écrite n'est pas subventionnée, que contrairement à la presse écrite elle à pas de taux de tva réduite, et que plus de 90% de sites avec de vrais journalistes (qui coutent très chers avec les charges) sont en déficit et qu'une flopée de sites à déjà déposé le bilan...
Ceux qui ont du fric c'est des sites de merde gérés par des régies genre webédia, donc avec 90% de pubs intrusives et le reste des pubs déguisées, mais dans ce genre de sites il n'y à même plus de vrais journalistes...
Ecrire "pub = Bénéfices" est une affirmation totalement grotesque, par exemple si un site à 20 journalistes, ça va couter environ 120 000 euros par mois avec les charges, et avec tous les autres couts (services rh, juridique, compta, pub, informatique, direction, actionnaires, emprunts, ...) généralement le cout des sites arrivent à plus de 200 000 euros par mois, et le site doit faire passer une belle tonne de pub intrusive avant d’être capable de payer une somme aussi colossale. Donc pour finir le cours de rattrapage en économie : Le bénef il y en à seulement quand tu as payé tous les couts (dont généralement plus de 50% de charges, taxes et impôts divers à l'état, c'est en fait l'état le plus grand "bénéficiaires" du travail entreprises privées...). Hors c'est bien de "jalouser" quelques réussites "hou le vilain directeur du service pub il reçois un salaire c'est une honte !", mais personne ne parles des centaines de milliers de sites ou de startups qui déposent le bilan...le 16/04/2016 à 2:24 -
damien27000Membre régulieril bloque par défaut les annonces tierces, et les remplace par ses propres annoncesalors qu’elle ne gardait que 15%Les 15% restants représentent la part des utilisateurs.
Bref un navigateur "antipub" basé sur le business model de la pub, un peu bizarre comme concept^^le 12/04/2016 à 14:33 -
BugFactoryMembre chevronnéQuestion subsidiaire : qui va installer Brave dans ces conditions?le 12/04/2016 à 15:43
-
Kirisute GomenMembre à l'essaiLe capitalisme n'autorise pas le vol (ou le viol de la propriété intellectuelle). Là, ce que fait Brave, c'est comme télécharger une vidéo youtube existante pour la ré-uploader sur sa chaine avec sa pub. Non seulement c'est immoral, mais en plus c'est illégal, peu importe que l'auteur original soit crédité ou non. C'est là le problème.le 12/04/2016 à 19:49
-
Traroth2Membre émériteMouais. Je pense plutôt qu'un cas d'école comme ça offre un angle d'attaque idéal contre les bloqueurs. Une fois cette bataille facile remportée, les éditeurs de contenu vont utiliser ce précédent pour expliquer que, dans le principe, les bloqueurs de pub modifient leurs précieuses pages de la même manière et ils essaieront d'obtenir leur interdiction.le 13/04/2016 à 10:48
-
UtherExpert éminent séniorLa question c'est qu'est ce qu'apporte Brave de nouveau a part un modèle publicitaire controversé. Pour ce qui est de la vitesse, l'argument ne tient pas vraiment car il restera plus lent qu'un navigateur équivalent avec un bloqueur de publicité.
Par contre l'aspect rémunération est pour le coup un vrai problème. Brave détourne les publicités et promet de reverser une part au site, sauf que c'est un intermédiaire qui s'impose de force avec ces propres conditions. Bref c'est juste un nouvel Adblock Plus.le 13/04/2016 à 11:58 -
CarhibouxExpert éminent séniorC'est le modèle même de la publicité sur internet qui est ingérable. Si tu as du contenu de qualité, tu fais payer. La gratuité est une illusion qui ne durera qu'un temps.
N'est-ce pas déjà ce que font toutes les régies publicitaires lorsque tu vas consulter une page pleine de pub qui s'imposent de force si on n'a pas de bloqueur de pub? La seule différence, c'est qu'il y a un mec plus malin que les gens qui ont pensé à mettre les pubs dans les sites webs en mettant les pubs encore plus près de l'utilisateur, dans son navigateur.
Et je ne vois pas ce qu'il y a d'illégal là dedans dans l'absolu. D'ailleurs, on suppose que des juristes ont du étudier la question avant de rendre le produit disponible.
Sauf, bien sur, à décréter qu'on doit afficher et lire TOUT le site web, mais ca serait un peu comme si on obligeait l'acheteur d'un journal papier à lire TOUTES les pubs de son journal avant de lire le moindre article (à ce propos, lors d'un récent week end chez mes parents, j'ai été assez choqué par le JDD, en page 2 et 3, une belle double page de pub avant même le moindre article! alors que le lecteur à payé!). Bien sur que ce n'est pas plausible. Chaque lecteur est libre de lire ou regarder tout ou partie du journal. Avec ou sans les pubs. Donc pourquoi un navigateur ne pourrait pas faire de même? Surtout qu'il ne s'en cache pas.le 13/04/2016 à 15:54 -
UtherExpert éminent séniorLors de l'annonce de Brave, j'étais très surpris que personne ne semble relever ce détournement manifeste de revenus publicitaires, alors qu'ils ne s'en cachaient pas vraiment. Il semble que les gens commencent à s'en rendre compte seulement maintenant.
Le business model de la société est clairement douteux pour moi.le 12/04/2016 à 15:11