Adi Shamir, l'un des pères de l'algorithme RSA, se range du côté du FBI
Et explique pourquoi Apple devrait coopérer
Le 2016-03-04 15:48:34, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
Durant l'édition 2016 de la RSA Conference, une série de conférences portant sur la sécurité de l'information principalement à l'intention des industriels, Adi Shamir, cryptologue reconnu comme l'expert le plus éminent en cryptanalyse (le « S » dans l'algorithme de chiffrement RSA) et lauréat du Prix Turing, a expliqué la raison qui le pousse à se ranger du côté du FBI dans l'affaire de San Bernardino.
« Il ne s'agit absolument pas de poser des trappes sur des millions de téléphones à travers le monde » , a-t-il argumenté. « Il s'agit d'un cas d'espèce où il est évident que ces personnes sont coupables. Elles sont mortes, par conséquent leurs droits constitutionnels ne sont pas impliqués. Ceci est un crime majeur qui a vu 14 personnes être tuées. Le téléphone est intact. Tous les éléments sont en faveur du FBI », a-t-il continué.
« Bien qu'Apple a aidé à d'innombrables reprises, ils ont décidé de ne pas le faire cette fois-ci. Mon conseil est qu'ils obtempèrent cette fois et attendent un meilleur cas où les éléments ne seront pas aussi clairement en faveur du FBI ».
Mais Apple a avancé à plusieurs reprises qu'il ne s'agit pas seulement d'un cas qui implique l'iPhone. Apple a estimé que si le FBI obtient gain de cause, rien ne pourrait l'empêcher, lui ou d'autres organismes d'application de la loi, d'exiger d'Apple le développement d'un logiciel pensé pour des besoins de surveillance. Argument qui a été appuyé par le juge fédéral James Orenstein qui estime que cette affaire pourrait créer un précédent pour des cas similaires.
À cet argument, Shamir réagit en avançant que « le FBI demande à Apple de faire quelque chose de très spécifique. Il s'agit ici d'un seul téléphone. Bien sûr que cela peut créer un précédent, je suis bien conscient de ça, mais si vous regardiez attentivement le problème, je pense qu'il s'agit là juste d'aider le FBI sur un cas particulier et un dispositif particulier, chose qu'Apple est en mesure de faire ».
Mais en même temps il blâme l'entreprise pour avoir un système d'exploitation mobile avec une faille qui est susceptible d'être exploitée. Il faut noter que, d'après des sources proches de la société et ce que des experts en sécurité auraient confié à The New York Times, Apple serait en train de travailler pour rendre plus difficile de pirater ses iPhone. Les ingénieurs d’Apple auraient en effet commencé à développer de nouvelles mesures de sécurité qui rendraient impossible pour le gouvernement d’accéder au contenu d’un iPhone verrouillé en utilisant des méthodes similaires à celles qui sont actuellement envisagées par le FBI, notamment :
D’après les experts en sécurité, avec une telle mise à niveau de la sécurité de ses dispositifs, Apple va créer un grand défi technique pour les agences du gouvernement qui devront trouver de nouvelles méthodes si elles veulent accéder au contenu d’un iPhone bloqué à l’avenir.
Ci-dessous la vidéo où Adir Samir avance ses arguments (à partir de 13 minutes 40 secondes)
Source : YouTube
« Il ne s'agit absolument pas de poser des trappes sur des millions de téléphones à travers le monde » , a-t-il argumenté. « Il s'agit d'un cas d'espèce où il est évident que ces personnes sont coupables. Elles sont mortes, par conséquent leurs droits constitutionnels ne sont pas impliqués. Ceci est un crime majeur qui a vu 14 personnes être tuées. Le téléphone est intact. Tous les éléments sont en faveur du FBI », a-t-il continué.
« Bien qu'Apple a aidé à d'innombrables reprises, ils ont décidé de ne pas le faire cette fois-ci. Mon conseil est qu'ils obtempèrent cette fois et attendent un meilleur cas où les éléments ne seront pas aussi clairement en faveur du FBI ».
Mais Apple a avancé à plusieurs reprises qu'il ne s'agit pas seulement d'un cas qui implique l'iPhone. Apple a estimé que si le FBI obtient gain de cause, rien ne pourrait l'empêcher, lui ou d'autres organismes d'application de la loi, d'exiger d'Apple le développement d'un logiciel pensé pour des besoins de surveillance. Argument qui a été appuyé par le juge fédéral James Orenstein qui estime que cette affaire pourrait créer un précédent pour des cas similaires.
À cet argument, Shamir réagit en avançant que « le FBI demande à Apple de faire quelque chose de très spécifique. Il s'agit ici d'un seul téléphone. Bien sûr que cela peut créer un précédent, je suis bien conscient de ça, mais si vous regardiez attentivement le problème, je pense qu'il s'agit là juste d'aider le FBI sur un cas particulier et un dispositif particulier, chose qu'Apple est en mesure de faire ».
Mais en même temps il blâme l'entreprise pour avoir un système d'exploitation mobile avec une faille qui est susceptible d'être exploitée. Il faut noter que, d'après des sources proches de la société et ce que des experts en sécurité auraient confié à The New York Times, Apple serait en train de travailler pour rendre plus difficile de pirater ses iPhone. Les ingénieurs d’Apple auraient en effet commencé à développer de nouvelles mesures de sécurité qui rendraient impossible pour le gouvernement d’accéder au contenu d’un iPhone verrouillé en utilisant des méthodes similaires à celles qui sont actuellement envisagées par le FBI, notamment :
- contourner ou désactiver la fonction d'effacement automatique qu'elle soit activée ou non ;
- permettre au FBI d'entrer des mots de passe sur le dispositif du terroriste pour des tests électroniques via le port physique du dispositif, le Bluetooth, le Wi-Fi, ou d'autres protocoles disponibles sur le dispositif en question ;
- s'assurer que lorsque le FBI entre des mots de passe sur le dispositif en question, le logiciel tournant sur le dispositif ne rallonge pas à dessein le délai d'attente entre les tentatives au-delà de ce qui est exigé pour le matériel d'Apple.
D’après les experts en sécurité, avec une telle mise à niveau de la sécurité de ses dispositifs, Apple va créer un grand défi technique pour les agences du gouvernement qui devront trouver de nouvelles méthodes si elles veulent accéder au contenu d’un iPhone bloqué à l’avenir.
Ci-dessous la vidéo où Adir Samir avance ses arguments (à partir de 13 minutes 40 secondes)
Source : YouTube
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ticNFAMembre confirméLes guillemets montre que tu es conscient de l'abus de langage, la mention de l'état d'urgence le confirme. Non, tout le monde ne trouve pas normal de défoncer une porte et les abus inhérents à l'état d'urgence montrent bien pourquoi.
En quoi c'est différent ? On va redire un élément incontournable : mettre une backdoor, c'est abaisser le niveau général de sécurité pour tout le monde. Je doute que la police ait des passes pour toutes les portes (ça doit peser lourd). Que penseriez-vous d'un fabricant de portes qui donnerait un passe à la police pour toutes ses portes ? Combien de temps pour que cela atterrisse chez d'autres ?
Comme le souligne Traroth2, qu'Apple puisse se poser en champion de la vie privée montre que nous sommes dans une époque tragicomique où le FBI peut se montrer d'une arrogance faussement stupide (un peu comme Trump).
Sur l'aspect mentionné par LSMetag, cela part du même principe, ne pas corriger une faille abaisse la sécurité pour tout le monde... y compris les services de renseignements. A barbouze, barbouze et demi. Et le dindon de la farce, c'est potentiellement nous.
Les services de renseignements sont des malwares géants.le 22/03/2016 à 22:56 -
transgohanExpert éminent@secuexpert > vous êtes fatiguant... Vous posez de nombreuses questions dont les réponses sont dans ce topic. Et ce sur un ton qu'il n'est pas bon de lire...le 30/03/2016 à 13:44
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pascaldmMembre actifPour répondre à plusieurs interrogations, le travail réalisé par Sergei Skorobogatov a pris plusieurs mois et mobilisé des compétences rares et des ressources humaines et matérielles non accessibles au premier venu.
Le reverse engineering de la mémoire flash de l'iPhone 5c a consisté à :
- obtenir le diagramme et la schématique du circuit du SoC A6 de l'iphone 5c qui n'est pas disponible publiquement. Le composant de mémoire flash utilisé dans le package LGA60 n'est pas documenté par les fabricants (Toshiba, SK hynix, Samsung et SanDisk).
- Sergei a mis en évidence qu'Apple utilise un contrôleur mémoire dédié avec un brochage de la puce NAND modifié pour qu'une tentative de reverse endommage la puce (permutation des broches VCC et GND).Le protocole a du être reversé par écoute du bus et acquisition des commandes.
L'analyse montre que l'accès aux composant NAND sur la carte est protégé par des écrans métalliques soudés, par une résine epoxy et enfin par une proximité de 0,05 mm avec le PCB. Cela rend le déssoudage de la NAND délicat à cause du risque d'endommager la puce mémoire. Là il faut des compétences et du savoir-faire. Le processus a été complexe.
Ensuite, il a fallu connecter les broches de la NAND avec des straps au PCB. L'iPhone plantait car une distorsion des signaux de communication provenait du parasitage de la capacitance et de l'inductance à cause du déport des broches avec des fils. Les problèmes à ce stade ont été nombreux. La source d'horloge du SoC a aussi requis l'insertion de résistance sur les lignes du signal.
Un circuit imprimé spécifique a été construit pour connecter un oscilloscope et un analyseur logique aux broches de la NAND pour l'écoute du bus.
Une rétro-ingénierie du protocole a permis d'implémenter les commandes pour la lecture, l'effacement et l'écriture de la mémoire flash. Ce reverse a requis la construction d'un programmateur de circuit intégré pour débuguer les commandes avec la puce NAND et comprendre l'agencement des blocs et unités d'informations.
Le backup de la puce NAND a été effectué sur une autre puce NAND identique provenant d'un autre iPhone grâce à une carte de test spécialement conçue à base de microcontroleur PIC PIC24EP512GP806. Le backup de 8 Go a duré 1h20...
Après le backup, la puce NAND a été reconnectée à l'iPhone. Après le boot (35 sec), 6 mots de passe sont entrés puis l'iPhone est éteint car à partir du 7ème mots de passe infructueux, le délai d'attente s'incrémente trop. Il faut encore attendre 10 sec avant de retirer la NAND et la brancher sur la carte de test. Un balayage de la NAND comparé au backup permet de trouver les blocs à effacer puis à réécrire. La mémoire NAND est éteinte puis reconnectée à l'iPhone et on continue à tester les mots de passe par 6. Il faut environs 40 heures pour un passcode de 4 digits (cela devient prohibitif pour 6 à 8 digits). Comme la méthode ne tient pas compte du wear levelling, une usure prématurée de la mémoire flash peut la rendre inutilisable, il a donc fallu pouvoir la cloner.
Le clonage a eu aussi son lot de surprise, le processus a permis de créer un clone de la NAND (y compris pour des pages mémoires fantômes supérieures à 16 Go!). L'iPhone a réussi à démarrer depuis le clone de la NAND.
En conclusion, il sfaut comprendre qu'il s'agit d'un PoC dans un cadre académique. La méthode n'est donc pas automatisée et requiert des interventions manuelles (beaucoup de branchement/débranchement de la puce NAND). Avec un passcode >= 6 digits, les tests deviennent trés long.
Le coût "réduit" ne concerne que la quincaillerie électronique nécessaire pour reproduire le PoC. Le coût réelle du reverse et de l'analyse est très différent. L'étude nécessite un oscilloscope, un analyseur logique, une station de soudage de précision, un PC, des iPhones, un microscope électronique, sans parler des 4 mois de jours/hommes de plusieurs experts. La facture réelle se chiffre en centaines de K€. Pour que la méthode soit industrielle, il faudrait monter un banc de test automatisé évitant les interventions manuelles. Ce n'est pas l'objet de ce très bon travail académique, il s'agissait de démontrer la faisabilité ce qui a été fait, dont acte !
La video de démo par Sergei sur Youtube:le 22/09/2016 à 17:46 -
Gabin FMembre du ClubBonsoir,
si vous aviez parcouru la source fournie de prime abord, vous auriez lu dès le premier paragrapheEnvoyé par New York Times
Ce qui est encore appuyé au second paragrapheEnvoyé par New York Times le 29/03/2016 à 22:09 -
LSMetagExpert confirméC'est pas un scoop que le FBI ait fait appel à des hackers professionnels. Que ce soit une boîte Isrëlienne ou des particuliers ne fait aucune différence. Et je pense que c'est la bonne solution et que ça aurait dû être fait dès le départ. Le FBI et la NSA sont des services secrets. Leurs méthodes sont secrètes et doivent rester secrètes (pour le bien de tous). Qu'Apple corrige par la suite une vulnérabilité qui court-circuite le hack n'a rien à voir avec une opposition aux autorités. Les autorités devront juste de nouveau faire appel à des professionnels, ou alors en embaucher.
Ca s'arrête là. Le FBI, avec cette procédure judiciaire, n'a fait qu'afficher une certaine incompétence qui justement a données des pistes à des bandits pour se protéger. Au diable les lois liberticides et les polémiques judiciaires. On développe comme on veut et comme on peut. On sait qu'il y aura toujours plus fort que nous. Aux autorités d'en tirer partie sans nous faire ch...le 14/04/2016 à 10:37 -
MédinocExpert éminent séniorLa réponse est pourtant simple: Avant, Appel gardait un double des clés, et les fournissait au FBI sur simple "demande". Suite au tollé qui a suivi diverses révélations liées, Apple a modifié la fonctionnalité de cryptage des données d'iOS 9 pour qu'il soit entièrement côté client. Apple n'en a donc plus les clés, et il n'ont plus d'autre moyen pour satisfaire une demande du FBI que de saboter le système (ce qui fragiliserait la sécurité de tous les téléphones sous iOS 9), ce qu'ils ont refusé de faire.le 22/04/2016 à 14:21
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AoCannailleExpert confirméJe les vois bien faire un sondage :
"1. êtes vous un criminel ?"
"2. Utilisez vous un iPhone?"le 07/03/2016 à 16:34 -
Matthieu VergneExpert éminentQue ce soit véridique ou pas, ce n'est pas parce qu'un outil est utilisé à des fins criminelles qu'il faut l'interdire. Autrement il faudrait interdire les couteaux de cuisine, les battes de base-ball, et que sais-je encore. En s'en prenant à l'outil, encore une fois, c'est le singe qui se focalise sur le doigt quand on montre la lune. Interdisez l'iPhone ou même ce que vous voulez, vous n'arrêterez pas les criminels : ils se tourneront vers autre chose, voire feront leurs propres outils. On se contente de retarder l'inévitable plutôt que de s'attaquer à la source du problème. Et c'est qui qui paye le plus ? C'est la personne lambda, pour un avantage des plus limités.le 07/03/2016 à 18:51
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kain_tnExpert éminentLes shérifs américains sont des officiers élus. Le gars veut faire parler de lui, comme bon nombre de nos députés ces derniers temps en racontant tout et son contraire.le 15/03/2016 à 20:39
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Chuck_NorrisMembre émériteN'est-il pas un peu tard pour étouffer l'affaire après que chacune des parties ont crié à qui veut l'entendre leur différent, et à de nombreuses reprises ? Quand on a tout fait, des deux côtés, pour mettre la machine communication en place, on ne peut pas la faire disparaître d'un coup de faille spatio-temporelle.le 22/03/2016 à 17:25