Est-il préférable que les autorités locales optent pour des solutions propriétaire ou open source ? C’est une question qui suscite de vives réactions de la part de certains défenseurs au sein de ces deux camps. Tandis que certains parmi ceux qui se prononcent en faveur des solutions open source mettent en exergue les économies qui pourraient être réalisées en se débarrassant des coûts liés aux licences et en réduisant les frais liés à la gestion, les autres avancent que la courbe d’apprentissage des solutions propriétaires est moins longue et, de façon générale, embarque une pléthore de fonctionnalités.
Illustrons l’opposition de ces deux philosophies par des cas pratiques. Tout d’abord rendons nous en Italie, dans la municipalité de Pesaro où, entre 2011 et 2014, 500 employés ont été entraînés à l’utilisation d’OpenOffice. Pourtant, l’année dernière, elle a décidé de retourner à Microsoft et d’utiliser sa suite bureautique sur le Cloud Office 365. Une situation qui a également été observée dans la ville de Munich en Allemagne où était lancé le projet de migration LiMux ; 14 000 ordinateurs équipés de Windows NT devaient migrer vers LiMux (un système d’exploitation dérivé d’Ubuntu) mais également vers la suite bureautique LibreOffice. Le projet, qui a été motivé par les résultats d’une étude qui avançait que la ville aurait ainsi pu économiser des millions d’euros mais également gagner une indépendance vis-à-vis des éditeurs de solutions propriétaires, a officiellement vu ses objectifs atteints en 2013. Pourtant, la ville envisageait d’abandonner Linux pour revenir sur Windows.
Selon une étude récente commandée par la municipalité et Microsoft à Netics Observatory, l’administration aurait été en mesure d’épargner 80 pour cent du prix total en adoptant Office 365, un prix qui englobe le déploiement, le support TIC, et d’autres éléments encore.
Comment l’économie a-t-elle été réalisée ? L’étude avance que « le passage à l’open source, motivé par des raisons d’ordre financier et l’absence d’un coût en licence, a en effet donné lieu à des coûts imprévus de support informatique, de mise en œuvre et de formation, pour une dépense totale de plus de 300.000 € » sans compter le fait que « OpenOffice a été estimé à plus de 500 euros par utilisateur dans les dépenses annuelles, un montant beaucoup plus élevé que celui des dépenses annuelles d’Office qui était estimée à environ 118 euros par utilisateur ».
« Nous avons rencontré plusieurs obstacles et dysfonctionnements relatifs à l’utilisation de fonctionnalités spécifiques », a expliqué Stefano Bruscoli, chef du département Statistiques et Systèmes d’information de la municipalité. « Qui plus est, en raison de l’impossibilité de remplacer Access et partiellement Excel (différentes macros utilisées sur des dizaines de fichiers), nous avons décidé que nous devions garder une solution hybride, utilisant les deux solutions à la fois. Ce mélange a été dévastateur » a-t-il confié. Il faut dire qu’avoir à repaginer et modifier un certain nombre de documents à cause du manque de compatibilité entre les solutions propriétaires et open source s’est traduit par une perte de temps et de productivité considérable. La direction a estimé que, chaque jour, près de 300 employés devaient passer 15 minutes à résoudre ce genre de problème.
Il faut tout de même noter que cette étude n’est pas une étude comparative des deux solutions que sont OpenOffice et Office 365. Si la première solution fonctionne en local et n’a pas de fonctionnalité de collaboration intégrée / activée par défaut, la seconde fonctionne sur le Cloud.
D’après l’enquête « Panorama de l’usage des logiciels libres et open source dans les collectivités locales en France », réalisée par Markess, 25% du patrimoine logiciel des collectivités locales reposait en 2014 sur l’open source et représentait 15% des budgets des directions de l’informatique.
« Les positions sur l’open source évoluent, l’on n’y vient plus uniquement par militantisme mais pour la recherche d’interopérabilité par exemple. Le monde de l’open source s’est professionnalisé, il est sortie de sa phase expérimentale », avance Aurélie Courtaudon, analyste secteur public de Markess.
Dans l’édition 2015 du SILL (socle interministériel des logiciels libres), une liste proposée pour harmoniser l’emploi des logiciels libres au sein de la sphère publique (ministères, agences, collectivités…), Markess y voit une confirmation de l’Etat d’impulser les logiciels libres dans ces services : « les efforts se sont surtout portés sur les logiciels associés au poste de travail ces derniers mois (système d’exploitation, bureautique, navigateur web). La prochaine étape sera les serveurs, les bases de données et les environnements de développement. L’appropriation du libre est également favorisée par les besoins renforcés en sécurité des données face aux attaques extérieures, les solutions libres garantissant l’indépendance technologique » a expliqué Courtaudon.
Notons qu’en juillet dernier, le gouvernement français a apporté son soutien à hauteur de 10,7 millions d’euros dans le cadre d’un programme de R&D pour la compétitivité à un projet de plateforme collaborative à partir de plusieurs solutions open source : services d'édition collaboratifs en temps réel, réseau social d'entreprise, vidéoconférence et etc. La plateforme a aussi été pensée pour accueillir et faciliter la création d'applications. Cette plateforme collaborative, dénommée OpenPaaS, se positionnera en alternative aux solutions collaboratives de Google ou même Microsoft et ne manquera probablement pas de susciter l’intérêt des administrations françaises.
Source : SILL 2015, résultat d'enquête de Netics Observatory (Microsoft News Center Italy)
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Fonction publique : open source ou solution propriétaire ?
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Le , par Stéphane le calme
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