La Chine voudrait que les entreprises étrangères lui remettent leurs clés de chiffrement
Dans ses nouvelles mesures en matière de cybersécurité
Le 2015-03-04 11:43:52, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
Le gouvernement chinois a annoncé qu’il compte prendre de nouvelles mesures en matière de cybersécurité qui requièrent que les entreprises technologiques lui remettent leurs clés de chiffrement et code source mais installent également des portes dérobées pour simplifier la mise en place d’opérations de surveillance. La proposition de loi, qui a été présentée fin 2014 et a déjà subi une première révision, est actuellement examinée au sein du parlement. Elle est susceptible d’être adoptée dans les semaines à venir.
Le texte initial a été publié l’année dernière par le Congrès National du Peuple (CNP), le plus haut organe de pouvoir d’Etat en Chine. Il exigeait des entreprises qu’elles gardent également ses serveurs et ses données utilisateurs en Chine, autorisant aux forces de l’ordre l’enregistrement des communications ainsi que la censure de contenu internet qui pouvait être liés au terrorisme.
D’ailleurs, en fin janvier, le gouvernement a adopté de nouvelles mesures pour les entreprises fournissant du matériel informatique aux banques locales : elles se voyaient contraintes de transmettre des codes source des logiciels employés, firmware compris, d’accepter des audits et de mettre sur pied des centres de R&D dans le pays. Des mesures qui avaient valu un appel à « un dialogue et une discussion urgente » de la part de la chambre de commerce américaine à la Chine.
C’est dans un entretien avec le quotidien Reuters qui a eu lieu ce lundi que le président américain Barack Obama explique avoir déjà échangé sur le sujet avec son homologue chinois Xi Jinping. « C’est un sujet que j’ai déjà abordé directement avec le président Xi » a-t-il confirmé avant de déclarer que « nous avons été très clair avec eux en leur faisant comprendre que c’est quelque chose qu’ils seront amenés à changer s’ils veulent faire des affaires avec les Etats-Unis ».
Sauf que dans la pratique, il faut bien s’avouer qu’il est difficile de renoncer à la manne chinoise qui représente un important marché de consommation, une économie en plein essor mais également des rendements financiers aux potentiels considérables. Plusieurs grandes puissances l’ont bien compris et font la cour à la Chine, alors il serait difficile de ne plus faire des affaires avec elle.
Ces lois « vont essentiellement obliger les entreprises étrangères, y compris les entreprises américaines, à remettre au gouvernement chinois des mécanismes qui vont leur permettre d’espionner et de garder une trace de tous les utilisateurs du service », a déclaré le président américain avant d’avancer que « comme vous pouvez vous en douter, les entreprises technologiques ne seront pas prêtes à le faire ».
Il faut dire que tandis que le gouvernement chinois peut voir en ces mesures des outils vitaux pour protéger l’Etat mais également les secrets industriels, les entreprises occidentales quant à elles y voient des exigences difficilement admissibles dans la mesure où toute collaboration à ce niveau avec les autorités chinoises pourrait effriter la confiance des clients d’autres pays, confiance qu’elles ont déjà du mal à regagner dans cette ère post-Snowden.
Pour Barack Obama, « ce genre de pratique restrictives pourraient ironiquement faire du tort à l’économie chinoise sur le long terme parce que je ne pense pas qu’une entreprise américaine ou européenne, toute multinationale pourrait s’en sortir en donnant accès à de gros volume de données, de données personnelles, à un gouvernement ».
Rappelons qu’au nom de l’espionnage US, la Chine a rajouté des produits de grandes enseignes technologiques américaines comme Apple, Cisco et Intel aux côtés de certains noms de produits Microsoft dans sa liste de produits interdits des achats de son administration.
Source : Reuters
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ? Partagez vous l'avis du président américain ?
Le texte initial a été publié l’année dernière par le Congrès National du Peuple (CNP), le plus haut organe de pouvoir d’Etat en Chine. Il exigeait des entreprises qu’elles gardent également ses serveurs et ses données utilisateurs en Chine, autorisant aux forces de l’ordre l’enregistrement des communications ainsi que la censure de contenu internet qui pouvait être liés au terrorisme.
D’ailleurs, en fin janvier, le gouvernement a adopté de nouvelles mesures pour les entreprises fournissant du matériel informatique aux banques locales : elles se voyaient contraintes de transmettre des codes source des logiciels employés, firmware compris, d’accepter des audits et de mettre sur pied des centres de R&D dans le pays. Des mesures qui avaient valu un appel à « un dialogue et une discussion urgente » de la part de la chambre de commerce américaine à la Chine.
C’est dans un entretien avec le quotidien Reuters qui a eu lieu ce lundi que le président américain Barack Obama explique avoir déjà échangé sur le sujet avec son homologue chinois Xi Jinping. « C’est un sujet que j’ai déjà abordé directement avec le président Xi » a-t-il confirmé avant de déclarer que « nous avons été très clair avec eux en leur faisant comprendre que c’est quelque chose qu’ils seront amenés à changer s’ils veulent faire des affaires avec les Etats-Unis ».
Sauf que dans la pratique, il faut bien s’avouer qu’il est difficile de renoncer à la manne chinoise qui représente un important marché de consommation, une économie en plein essor mais également des rendements financiers aux potentiels considérables. Plusieurs grandes puissances l’ont bien compris et font la cour à la Chine, alors il serait difficile de ne plus faire des affaires avec elle.
Ces lois « vont essentiellement obliger les entreprises étrangères, y compris les entreprises américaines, à remettre au gouvernement chinois des mécanismes qui vont leur permettre d’espionner et de garder une trace de tous les utilisateurs du service », a déclaré le président américain avant d’avancer que « comme vous pouvez vous en douter, les entreprises technologiques ne seront pas prêtes à le faire ».
Il faut dire que tandis que le gouvernement chinois peut voir en ces mesures des outils vitaux pour protéger l’Etat mais également les secrets industriels, les entreprises occidentales quant à elles y voient des exigences difficilement admissibles dans la mesure où toute collaboration à ce niveau avec les autorités chinoises pourrait effriter la confiance des clients d’autres pays, confiance qu’elles ont déjà du mal à regagner dans cette ère post-Snowden.
Pour Barack Obama, « ce genre de pratique restrictives pourraient ironiquement faire du tort à l’économie chinoise sur le long terme parce que je ne pense pas qu’une entreprise américaine ou européenne, toute multinationale pourrait s’en sortir en donnant accès à de gros volume de données, de données personnelles, à un gouvernement ».
Rappelons qu’au nom de l’espionnage US, la Chine a rajouté des produits de grandes enseignes technologiques américaines comme Apple, Cisco et Intel aux côtés de certains noms de produits Microsoft dans sa liste de produits interdits des achats de son administration.
Source : Reuters
Et vous ?
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yahikoRédacteur/ModérateurCe qui est appréciable avec les Chinois, c'est que ce ne sont pas des hypocrites.
En substance ce qu'ils disent aux autres : "Rien à péter de la démocratie, de la vie privée, du libre-échange. On fait ce qu'on veut chez nous. Et si vous n'êtes pas contents, c'est la même chose".
Je n'approuve pas évidemment, mais voir les USA se faire rembarrer de la sorte, ça fait du bien de temps en tempsle 04/03/2015 à 13:03 -
NSKisEn attente de confirmation mailEst-ce qu'il vous aurez échappé que les USA ont très exactement le même politique?le 04/03/2015 à 13:36
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_skipExpert éminentPerso je pense que ça peut être bénéfique en fait.
Si les entreprises étangères en question doivent compromettre leurs secrets de fabrication, peut être que ça pourrait décourager les délocalisations? Même s'il reste malheureusement encore bien d'autres pays où pratiquer l'esclavage, je pense que c'est bien qu'on en revienne petit à petit de ce modèle là.
Quant à la gentille et vertueuse Amérique, évidemment elle dénonce, elle critique, elle oublie juste que le monde a eu des aperçus de son interprétation "plutôt large" de sa propre constitution dernièrement.le 04/03/2015 à 14:05 -
ThornaMembre éprouvéPour Barack Obama, « ce genre de pratique restrictives pourraient ironiquement faire du tort à l’économie chinoise sur le long terme parce que je ne pense pas qu’une entreprise américaine ou européenne, toute multinationale pourrait s’en sortir en donnant accès à de gros volume de données, de données personnelles, à un gouvernement »Si les entreprises étangères en question doivent compromettre leurs secrets de fabrication, peut être que ça pourrait décourager les délocalisations?est ce que vous pensez que les USA, l'Europe, et les grands producteurs de logiciels vont se priver du marché chinois?
Depuis des années, la politique de la Chine vis-à-vis des grandes entreprises étrangères qui veulent s’implanter chez elle a toujours été la même : "vous voulez nous vendre du XYZ ? Alors donnez-nous les plans du XYZ". (TGV, Airbus, etc.). Pourquoi pas ?
Et que font les entreprises ? Elles donnent leurs plans, c'est-à-dire leur propriété intellectuelle, les résultats d'années de recherche et de millions (milliards) d'euros d'investissement. Ce à partir de quoi elles font du fric ! Il faut dire que le marché chinois, c'est quelque chose !
Alors, pour quelques lignes de code qui ne rapportent rien ou presque directement en comparaison, qui coutent peut-être des dizaines (centaines ?) de milliers d'euros... Hum ?le 04/03/2015 à 20:09 -
NSKisEn attente de confirmation mailEt c'est là où vous vous trompez!!!
L'espionnage industriel est une politique du gouvernement chinois. Aucune activité provenant de sociétés occidentales sur sol chinois y échappe: Airbus avec son centre d'assemblage, le TGV allemand vendu aux Chinois (après le refus de la France de vendre son TGV avec le transfert de technologie), les centrales nucléaires, les fabriquants d'automobile, les fabriquants de machines industriels, tous y passe...
Pour l'anecdote, un producteur de roses (les fleurs) français qui a "inventé et déposé" plusieurs nouvelles variétés de fleurs s'est vu piraté par les chinois... Les chinois produisent en commercialisent des variétés de roses sans lui payer les royalties auxquels il a droit...
Mais bon, je m'égarre... Je suis loin du thème de l'informatiquele 05/03/2015 à 17:56 -
el_slapperExpert éminent séniorOui, enfin l'université de Shenyang qui a mis au point la fabrique de longerons par impression 3D intéressait Airbus comme fournisseur pour des pièces détachées sur leurs vieux modèles qui n'ont plus d'outillage pour refaire la pièce... Personne en occident ou en Russie n'avait osé faire ça. C'est plus compliqué que "l'occident innove, la Chine copie", hein, même si c'est parfois vrai. D'ailleurs, la clope électronique est une invention chinoise récente.le 05/12/2016 à 15:47
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rmakerMembre expérimentéMerci pour l'actualité qui est très intéressante.
C'est évidemment inadmissible comme attitude politique. Ca sent plus le besoin de la Chine pour monter en compétence sur des produits qu'elle ne maitrise pas que le besoin de contrôler. Ce serait le plus grand cambriolage de l'histoire de l'informatique, mais c'est très peu probable. C'est peut être une belle opportunité pour l'open source. La possibilité de mettre en avant des projets un peu novateurs et qui concurrenceraient les géants mentionnés? Ou au contraire, un embargo massif sur les produits chinois pour leur faire comprendre la notion de propriété intellectuelle?
Bref, à suivrele 04/03/2015 à 12:59 -
talapogaMembre régulierJe ne sais pas si je suis le seul à y penser, mais ces backdoors réclamées à corps et à cri par des irresponsables de sécurité (Chine aujourd'hui, NSA, FBI et consorts hier ...) deviendront fatalement la cible de cyberdélinquants.
Déjà que c'est limite quand Google, Apple et MS parlent de sécurités des données privées, eux qui concoivent leur OS de manière à vous espionner le plus possible !le 04/03/2015 à 13:34 -
psychadelicExpert confirméIntéressant…
Et affligeant, inquiétant, délirant….
C’est 2 conceptions différentes du monde qui s'affrontent.
Et aujourd'hui, elles entrent en opposition !
Je ne vois pas de conciliation possible.
Ce qui est étrange, c’est que les occidentaux, et les américains en tête, sont ceux qui ont permis à la Chine de se forger dans cet esprit, et visiblement, cela ne les effleure même pas !
- Je vois mal les entreprises occidentales, et surtout américaines, renoncer à leur main mise sur le contrôle du monde,
- Je vois mal la Chine renoncer et fonctionner sans son système état-pouvoir-corruption.
ça va friter !
Un genre de guerre froide économique et cybernétique ??le 06/03/2015 à 0:41 -
el_slapperExpert éminent séniorIl y a certaines choses intéressantes dans ta tirade, mais j'aimerais quand même une source sur :
Parce-que de mémoire, et à ma connaissance, les seuls à avoir demandé les plans du rafale sont les Indiens et les Brésiliens, et ils ont laissé tomber(je n'ai pas deux heures devant moi pour expliquer pourquoi). Les chinois ont leur propres conceptions, plus d'inspiration Russe, d'ailleurs(ce qui n'a rien de mauvais gout dans ce domaine), mais avec leurs spécificités à eux.le 06/12/2016 à 10:14