GCHQ : « la vie privée n'est pas un droit absolu »
Pour le patron de l'agence d'espionnage britannique, qui condamne les géants du Web
Le 2014-11-05 13:04:34, par Hinault Romaric, Responsable .NET
L’agence de surveillance britannique, le GCHQ (Government Communications Headquarters), est le principal allié de l’agence de sécurité américaine (NSA) dans ses opérations d’espionnage à grande échelle d’Internet.
Les documents publiés par l’ex-consultant de la NSA, Edward Snowden, ont levé le voile sur des pratiques hors du commun, permettant de collecter des informations privées sur les internautes. Ces révélations ont engendré de vives critiques envers la NSA et le GCHQ. Les entreprises du Web se sont orientées vers l’accentuation de la sécurité de leur plateforme et de nouveaux outils de sécurité ont vu le jour.
Le nouveau patron du GCHQ, Robert Hannigan, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour critiquer avec véhémence les géants du Web, qui sont devenus « le centre de contrôle et de commandement préféré des terroristes et des criminels ».
« Pour ceux qui, comme nous, ont affaire au côté le plus déprimant de ce que font les humains sur Internet, il semble que parfois les grandes entreprises sont dans le déni de ce qui y est fait », assène le patron du GCHQ, dans sa première tribune depuis sa prise de fonction.
Dans sa note, Hannigan explique comment les terroristes exploitent les réseaux sociaux, notamment Facebook ou encore Twitter pour médiatiser leurs opérations. Il cite par exemple, l’utilisation de hashtags comme Ebola ou Coupe du monde pour s’insérer dans des fils de news plus importants, la propagation des vidéos de décapitation à travers Twitter, etc.
De plus, l’effet Snowden a permis à ces terroristes, selon le chef du GCHQ, d’avoir à leur disposition de nouveaux outils étiquetés « Snowden approved » pour encore mieux se cacher.
Hannigan s’est également aligné derrière les déclarations du directeur du FBI il y a un mois. Ce dernier s’était insurgé contre la politique de protection des données adoptées par Apple et Google, qui va constituer un frein lors des enquêtes visant à intercepter des pédophiles et des terroristes. Pour le patron du GCHQ, Apple et Google sont dans le déni total en pensant que l’intégration par défaut du chiffrement dans Android et iOS n’aidera pas les terroristes à planifier des attaques futures.
Le chef de l’agence d’espionnage britannique a par la suite appelé les entreprises du Web à une plus grande collaboration : « Le défi pour les gouvernements et leurs agences de renseignement est immense et ne peut être relevé qu’avec une plus grande coopération avec les sociétés de technologies ».
S’invitant dans le débat sur la protection de la vie privée, Hannigan a adopté une position radicalement opposée à la vision des défenseurs des droits des internautes. « La vie privée n’a jamais été un droit absolu et le débat autour de cela ne devrait pas devenir une raison pour décaler des décisions urgentes et difficiles », a affirmé celui-ci.
La tribune de Robert Hannigan a eu droit à un lot de critiques de la part des organismes de défenses des droits des internautes. Eva Galperin, de l'EFF (Electronic Frontier Foundation), a souligné le côté « hypocrite » de cette demande du GCHQ. « Si le GCHQ veut s'assurer la coopération d'entreprises américaines, il a déjà de nombreux moyens pour le faire. Le GCHQ est responsable de ce qu'on a appris des documents Snowden, à savoir le plus grand programme de surveillance que l'on ait jamais vu ».
Source : Financial Times
Les documents publiés par l’ex-consultant de la NSA, Edward Snowden, ont levé le voile sur des pratiques hors du commun, permettant de collecter des informations privées sur les internautes. Ces révélations ont engendré de vives critiques envers la NSA et le GCHQ. Les entreprises du Web se sont orientées vers l’accentuation de la sécurité de leur plateforme et de nouveaux outils de sécurité ont vu le jour.
Le nouveau patron du GCHQ, Robert Hannigan, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour critiquer avec véhémence les géants du Web, qui sont devenus « le centre de contrôle et de commandement préféré des terroristes et des criminels ».
« Pour ceux qui, comme nous, ont affaire au côté le plus déprimant de ce que font les humains sur Internet, il semble que parfois les grandes entreprises sont dans le déni de ce qui y est fait », assène le patron du GCHQ, dans sa première tribune depuis sa prise de fonction.
Dans sa note, Hannigan explique comment les terroristes exploitent les réseaux sociaux, notamment Facebook ou encore Twitter pour médiatiser leurs opérations. Il cite par exemple, l’utilisation de hashtags comme Ebola ou Coupe du monde pour s’insérer dans des fils de news plus importants, la propagation des vidéos de décapitation à travers Twitter, etc.
De plus, l’effet Snowden a permis à ces terroristes, selon le chef du GCHQ, d’avoir à leur disposition de nouveaux outils étiquetés « Snowden approved » pour encore mieux se cacher.
Hannigan s’est également aligné derrière les déclarations du directeur du FBI il y a un mois. Ce dernier s’était insurgé contre la politique de protection des données adoptées par Apple et Google, qui va constituer un frein lors des enquêtes visant à intercepter des pédophiles et des terroristes. Pour le patron du GCHQ, Apple et Google sont dans le déni total en pensant que l’intégration par défaut du chiffrement dans Android et iOS n’aidera pas les terroristes à planifier des attaques futures.
Le chef de l’agence d’espionnage britannique a par la suite appelé les entreprises du Web à une plus grande collaboration : « Le défi pour les gouvernements et leurs agences de renseignement est immense et ne peut être relevé qu’avec une plus grande coopération avec les sociétés de technologies ».
S’invitant dans le débat sur la protection de la vie privée, Hannigan a adopté une position radicalement opposée à la vision des défenseurs des droits des internautes. « La vie privée n’a jamais été un droit absolu et le débat autour de cela ne devrait pas devenir une raison pour décaler des décisions urgentes et difficiles », a affirmé celui-ci.
La tribune de Robert Hannigan a eu droit à un lot de critiques de la part des organismes de défenses des droits des internautes. Eva Galperin, de l'EFF (Electronic Frontier Foundation), a souligné le côté « hypocrite » de cette demande du GCHQ. « Si le GCHQ veut s'assurer la coopération d'entreprises américaines, il a déjà de nombreux moyens pour le faire. Le GCHQ est responsable de ce qu'on a appris des documents Snowden, à savoir le plus grand programme de surveillance que l'on ait jamais vu ».
Source : Financial Times
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Traroth2Membre émériteLes déclarations du GCHQ comme celles du FBI ressemblent furieusement à du storytelling pour essayer de nous faire croire que Google, Apple et Facebook essayent de protéger nos vies privées...
Dans 5 ou 10 ans, il y aura un autre lanceur d'alerte, et on s'apercevra avec surprise (!) que rien n'a changé et que la NSA a toujours accès aux bases de données de ces sociétés !le 05/11/2014 à 13:43 -
LSMetagExpert confirméLe FBI, la CIA et le GCHQ oublient qu'ils ont des outils comme LA LOI pour faire leur travail. Demander des droits aux opérateurs sous couvert de mandats, pouvoir mettre "sur écoute" des gens soupçonneux (avec un mandat),...Ils oublient aussi qu'il faut enquêter (genre se créer un compte sur 4Chan et s'infiltrer)...
On les empêche d'espionner tout un chacun. On ne les empêche pas de faire leur travail d'investigation et de pouvoir espionner des suspects, sur demande.
Et oui mon petit monsieur, Google-NSA, c'est fini. Il va falloir faire votre métier maintenant.le 05/11/2014 à 14:03 -
ErrataMembre régulier"La vie privée n’a jamais été un droit absolu"
J'aimerais renvoyer le monsieur vers un petit texte de loi, un peu désuet aujourd'hui mais tout de même sympa, ça s'appelle "Déclaration universelle des droits de l'homme".
Citation : "Article 12 - Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes."
Voila, voila...le 05/11/2014 à 16:38 -
_skipExpert éminentOu alors au prochain attentat sanglant, on nous expliquera que c'est parce qu'il y a trop de vie privée que c'est arrivé. Comme ça la surveillance généralisée sera validée démocratiquementle 05/11/2014 à 17:57
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ZirakInactifj'ai ri...
Tout ce foin sur la vie privée, avec Snowden et compagnie, au départ, ils ont dénoncés les organismes américains, qui espionnaient la terre entière, faudrait ptet voir à pas venir nous faire croire que ce sont eux les victimes des méchants chinois maintenant...
La NSA espionne autant voir plus les américains qu'ils ne le sont par la Chine.le 05/11/2014 à 14:26 -
DonQuicheExpert confirméLe terme "absolu" fleure bon les éléments de langage mais la vérité est que la vie privée est allègrement et systématiquement bafouée pazr les services de renseignement sans aucune réserve raisonnable. Il ne s'agit pas de défendre un "droit absolu" à la vie privée, il s'agit de revenir à davantage que les quelques miettes qui demeurent aujourd'hui.
Or, oui, elle est un droit essentiel :
* Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948: "Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. "
* Convention européenne des droits de l'homme : "Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance."
Et qu'on ne me parle pas des exceptions nécessaires : ce sont les communications de l'ensemble des citoyens anglais qui sont violées par le GCHQ et donnent lieu à un profilage systématique. On ne parle pas de la vie privée d'une poignée de suspects avec autorisation d'un juge. Et que dire du fait que la GCHQ se rend coupable de l'espionnage de centaines de millions d'individus ni anglais ni américains et ne résidant pas sur ces territoires ?le 05/11/2014 à 17:36 -
abriotdeMembre chevronnéGoogle ou Apple ne veulent pas empêcher les perquisitions des polices mais empêcher que n'importe qu'elle hacker/service d'espionnage obtienne toutes les données qu'ils veulent sans en demander l'autorisation. Que le CHSQ fasse des demande précise et ils l'obtiendront mais la Chine ne pourra pas continuer d'espionner les américains a leur insu...le 05/11/2014 à 13:43
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Simara1170Membre éprouvé"La vie privée n’a jamais été un droit absolu et le débat autour de cela ne devrait pas devenir une raison pour décaler des décisions urgentes et difficiles ", a affirmé celui-ci.le 07/11/2014 à 9:33
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Matthieu VergneExpert éminentPour ce qui nous concerne, il suffit de s'en référer à la constitution française, qui se base notamment sur la Déclaration des Droits de l'Homme qui stipule que :
Art. 5. La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.
[...]
Art. 8. La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.
Art. 6. La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.
Art. 9. Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.
Art. 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi.
http://www.ted.com/talks/glenn_green...rivacy_matters
Et de manière bien plus explicite, comme d'autres l'ont mentionné avant, on a l'article 8 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme qui parle directement de la vie privée. Donc sans polémiquer sur son côté discutablement absolu, on peut au moins garantir que c'est un droit, n'en déplaise à ce cher monsieur.
Et une fois qu'on a compris ça, les experts peuvent dire ce qu'ils veulent, comme c'est à la Société de décider, encore faut-il qu'ils soient convaincant pour que cette Société les suive. Et ils en ont, des arguments ô combien convaincant : le terrorisme et la pédophilie ! Quelques données :
http://presumeinnocent.com/objection...-et-en-europe/ (article de 2013 sur un rapport de Europol de 2011)
il y a eu 219 attentats terroristes commis en Europe, faisant 17 victimes en tout.
La majorité des actes considérés comme terroristes en France … viennent en réalité de « terroristes régionaux ». Beaucoup d’attentats ont été commis en Corse ou au Pays Basque.
http://www.ajib.fr/2011/01/islam-terrorisme-etude/ (article de 2011 sur plusieurs rapports Europol)
0,4 % des attaques terroristes survenues en Europe en 2009 provenait d’actes terroristes « islamistes ».
En 2006, sur 498 attentats ou tentatives en Europe, 1 aurait été attribué au terrorisme islamiste. En 2009 sur 294 attentats ou tentatives, 1 aurait été attribué au terrorisme islamiste.
En 2006 sur les 294 attaques qu’a connu la France, 283 ont eu lieu en Corse. [tableau] Malgré ces chiffres la France a arrêté en 2006 139 personnes dans le cadre de la lutte contre le « terrorisme islamiste ». [tableau] En 2007, aucun acte de terrorisme islamistes mais environ 91 arrestations. [tableau] En 2008, pas d’attaque terroriste islamiste en France mais 78 arrestations. [tableau] Enfin en 2009 [tableau qui montre 37 arrestations pour 0 attentats islamistes, 255 arrestations pour 89 attentats séparatistes, pour un total de 95 attentats]
Pour répondre à d'autres :
Pour identifier un juste milieu, il faut pouvoir évaluer l'ampleur des dégats. Et c'est là qu'ils pèchent : on nous rabache que "c'est important" mais on n'amène aucune donnée chiffrée. Comment veux-tu pouvoir te faire ton propre avis dans ces conditions ? Avec les rapports Europol, tu devrais mieux voir que finalement, l'importance est toute relative et loin de justifier autant de bruit, d'efforts et surtout autant d'argent.le 17/11/2014 à 18:56 -
psychadelicExpert confirméJe suis partagé,
D’un coté on à des fous furieux de la sécurité qui, s’il le pouvaient, mettraient une puce sur chaque être humain pour savoir ce qu’il pense, ce qu’il fait, ou il se trouve, etc…
De l’autre coté on à des dingues qui veulent foutre en l’air la planète et pour lesquels internet et toutes les technos sont de formidables « outils » pour arriver à leurs fin.
Le réseau Tor est pourri par des trafiquants de drogue, d’armes, on y côtoie des tueurs à gages, des proxénètes et autres dingues.
Et c’est vrai qu’on les trouve aussi sur facebook…
Sans oublier dernièrement les événements au Canada: des individus isolés qui se sont mis à jouer aux terroristes… (Difficile de les calculer à l’avance et de préparer un « mandat »).
Je ne sais pas s’il peut y avoir un juste milieu, je trouve que les nouvelles technologies on considérablement compliqué le questionnement démocratique.le 05/11/2014 à 23:32