Developpez.com

Le Club des Développeurs et IT Pro

L'incompréhension du logiciel par la Cour suprême américaine

Serait à l'origine des guerres de brevets

Le 2014-06-23 03:17:35, par Arsene Newman, Expert éminent sénior
« La guerre des brevets n’en finit pas aux Etats-Unis et serait même un frein à l’innovation technologique dans le domaine de l’IT et du développement logiciel ». C’est le triste bilan que l’on pourrait tirer de la situation actuelle aux Etats-Unis.

Mais comment est-on arrivé à cela ? Petit rappel des faits : la première demande de brevet a été effectuée par AT&T en 1972. A cette date, la législation en vigueur émise par la Cour suprême était claire : une idée abstraite ne peut être brevetée, ce qui est exactement le cas des algorithmes mathématiques et donc du logiciel.

Face à la multiplication des demandes de brevets, une Cour d’appel spéciale a vu le jour en 1982 (Federal Circuit Appeals). Dès lors, cette dernière devient la meilleure amie des brevetaires et des patents trolls, à cause de sa vision du logiciel opposée à celle de la Cour suprême et au laxisme de cette dernière.
Cette prise de position devient claire lorsqu’en 1998, la Cour d’appel a breveté pour la première fois l’utilisation d’un logiciel pour la gestion de fonds, tout en ignorant la législation en vigueur. Ce geste fort a alors été interprété comme un feu vert pour la multiplication des brevets et par la même occasion des litiges juridiques.


C’est alors que certaines entreprises (surnommées patent-trolls) ont commencé à cumuler les brevets et à attaquer en justice quiconque qui les utilise, ce qui leur a permis de gagner rapidement de l’argent grâce aux sanctions juridiques et aux redevances. Voyant en cela un bon moyen pour contrecarrer leurs concurrents et de faire des profits, les géants de l’IT se sont vite intéressés aux patent-trolls, ce qui a débouché à la situation de blocage et de frein de l’innovation actuelle.

Au final, le problème des patent-trolls pourrait facilement être réglé quand on sait que la Cour d’appel va à l’encontre de la loi et profite d’une absence juridique. La Cour suprême pourrait alors amender la loi et demander son application effective. Mais, son manque de volonté, son incompréhension du logiciel ainsi que la pression des géants de l’IT font obstacle. Il est donc normal de conclure par un « longue vie aux patent-trolls ».

Source : vox.com

Et vous ?

Que pensez-vous des patent-trolls ?

Selon vous la Cour suprême ne comprends elle pas le logiciel ou plutôt ne souhaite pas le comprendre ? Pourquoi ?
  Discussion forum
20 commentaires
  • anykeyh
    Membre confirmé
    La notion de société "patent-trolls" à contrario du commentaire de mon voisin est pertinente, elle vise les société qui ont pour actifs uniquement des brevets, ne souhaites pas les mettre en oeuvre mais juste les acheter, profiter de royalties et attenté des procès aux véritables société innovatrices.

    C'est exactement le même principe que ces fonds spéculatifs qui utilise les options en bourse pour dégager des profits, là où (la bonne) idée des options a été inventée pour lisser et prévoir les coups d'achat / vente de matière premières. Dans les deux cas, ces société parasites des outils qui ont été crée pour protéger les sociétés qui les utilisent de manière légitime.

    Une des solutions effectivement serait de supprimer ces outils, ou de les régulariser d'une manière plus stricte.
  • Saverok
    Expert éminent
    Que pensez-vous des patent-trolls ?
    Je rejoins le point de vue de Traroth2
    Les brevets, dans leur version actuelle, ne sont ni plus ni moins que des actions boursières.
    Un patent-troll ne serait donc que l'équivalent d'un fond de pension
    Cela n'a rien d'illégal, c'est le système qui permet ça

    Selon vous la Cour suprême ne comprends elle pas le logiciel ou plutôt ne souhaite pas le comprendre ? Pourquoi ?
    Les lobbyistes font très bien leur boulot
    Tous les grands groupes tirent parti de ce système
    En publique, ils s'en plaignent tous mais dans certains cas c'est très favorable à l'un (et il défendra ce système bec et ongle car il gagne des milliards) et le lendemain, le même acteur a un retour de bâton et s'en plaint (car il perd des millions)
    Mais bon, en gagnant des milliards d'un côté et en perdant des millions de l'autres, la balance reste positive donc autant s'en contenter...
    Bref, capitalisme de merde
  • Simara1170
    Membre éprouvé
    Le problème, c'est que poser un brevet, s'est se mettre à l'abri pour 50 ans je crois, après quoi le brevet devient libre, et tout le monde peut l'utiliser (donc dans 15-20 ans Apple pourra avoir 2 boutons sur ses souris ).
    Du coup beaucoup de boîte passent par d'autre système de protection des informations (mise au secret avec original chez le notaire, etc.), et c'est là que les patent-troll entrent en jeu: elles fonctionnent à grand renfort d'espionnage industriel et déposent des brevets sur des trucs qui sont parfois en production depuis plus de 10 ans, forçant la société qui a inventé le concept à payer pour sa propre idée... Si y'en a qui trouve ça normal, moi en revanche je trouve ça immoral...
  • gabriel.klein
    Membre régulier
    Les idées sont toujours basées sur les idées des autres que l'on prend, que l'on remixe, que l'on modifie.

    L'enfant imite les autres, c'est un processus naturel d'apprentissage. L'adulte fait de même. Ensuite il "innove" en remixant ses connaissances.

    L'iPhone reprend certaines idées d'android, et vice-versa.

    La propriété intellectuelle est un gros problème. On pense protéger ses idées et ses découvertes, mais par cette protection on met un droit aussi sur la contribution d'autres personnes. Hors cette contribution nous appartient pas.

    La propriété intellectuelle se retrouver être une forme de vole. Si on est une dizaine à venir prendre des champignons dans un endroit, que quelqu'un vient mettre une barrière et empêche les autres d'accéder en disant "c'est ma propriété", il vole aussi un droit aux autres personnes. Il vole un droit de libre accès aux connaissances.

    La propriété intellectuelle revient donc à déposséder d'autres personnes de leur droits.
  • Pierre GIRARD
    Expert éminent
    Le plus beau brevet que je connaisse est celui qui a fait la fortune de Singer : "Une aiguille avec le chat du côté de la pointe" ... On a retrouvé de telles aiguilles ... en os ... datant de la préhistoire.

    Mais bon, ceux qui ont accepté ce brevet ne connaissaient pas ces aiguilles préhistoriques.
  • eilgin
    Nouveau membre du Club
    "(...)en 1998, la Cour d’appel a breveté pour la première fois l’utilisation d’un logiciel pour la gestion de fonds(...)"

    Tu m'étonnes que c'est devenu l'eldorado si la cour elle-même se met à émettre des brevets logiciels alors qu'elle n'est pas experte en la matière !

    Sinon dans l'article original on peut lire ça :
    "A turning point came in 1998, when the Federal Circuit approved a patent that claimed the concept of using software to manage mutual funds."
    Là ça devient tout de suite plus clair.
  • Saverok
    Expert éminent
    Envoyé par Simara1170
    Le problème, c'est que poser un brevet, s'est se mettre à l'abri pour 50 ans je crois, après quoi le brevet devient libre, et tout le monde peut l'utiliser (donc dans 15-20 ans Apple pourra avoir 2 boutons sur ses souris ).
    Du coup beaucoup de boîte passent par d'autre système de protection des informations (mise au secret avec original chez le notaire, etc.), et c'est là que les patent-troll entrent en jeu: elles fonctionnent à grand renfort d'espionnage industriel et déposent des brevets sur des trucs qui sont parfois en production depuis plus de 10 ans, forçant la société qui a inventé le concept à payer pour sa propre idée... Si y'en a qui trouve ça normal, moi en revanche je trouve ça immoral...
    As-tu des exemples ?
    Il me semble qu'il n'est pas possible de breveté un concept déjà en production
    Le dépôt de brevet peut être fait uniquement à priori et non à posteriori

    Note :
    Le vrai vice du dépôt de brevet sont les concepts très flous ou avec un tas d'obstacles techniques non solutionnés.
    Ce problème pourrait être facilement solutionné en imposant l'exploitation industrielle des brevets
    Ainsi, un brevet non exploité pendant X années (5 ans ?), tomberait immédiatement dans le domaine publique.
    Ainsi, impossible de déposer un brevet d'un concept non immédiatement réalisable et fin des patent troll qui ne deviendrai que des "courtiers" du brevet (se charegant uniquement d'acheter et revendre des brevets)
    De même, il ne devrait pas être possible d'attaquer en justice pour violation de brevet sur un brevet non exploité...

    Ce ne sont là que des idées macros mais voilà un peu l'idée
    ==> soutenir la création en permettant son exploitation
    ==> se prémunir des abus
    ==> éviter / limiter la spéculation sur les brevets
  • Pierre GIRARD
    Expert éminent
    Et que penser de : "La société X rachète la société Y".
    • Pour récupérer ses produits ...? Non, les produits de la société Y n'ont souvent aucun intérêt pour la société X.
    • Pour récupérer ses programmeurs ...? Encore moins, la société X a déjà suffisamment de personnel.
    • Pour récupérer les brevets ...? Ah OUI, ça au moins, ça rapporte un maximum. Pas de personnel supplémentaire à payer, pas de nouveau produit à vendre, rien qu'à faire raquer ceux qui utilisent ces brevets.

    C'est aussi ça, la guerre des brevets, et espérer que ça favorise la recherche et l'innovation me semble assez illusoire. Maintenant, est-ce à cause de "L’incompréhension du logiciel par la cour suprême américaine" ? Je n'en ai strictement aucune idée.
  • Pierre GIRARD
    Expert éminent
    Si quelqu'un vient ramasser des champignons chez moi sans m'en demander la permission et/ou sans l'avoir obtenue, soit il décampe immédiatement sans faire d'histoires, soit j’appelle les flics. Aucun rapport avec les brevets logiciels.

    D'ailleurs, un logiciel est déjà (normalement) protégé par un Copyright. Le brevet est une sur-couche.
  • gabriel.klein
    Membre régulier
    >> Si quelqu'un vient ramasser des champignons chez moi sans m'en demander la permission et/ou sans l'avoir obtenue, soit il décampe immédiatement sans faire d'histoires, soit j’appelle les flics. Aucun rapport avec les brevets logiciels.
    Dans notre cas c'est vous qui avez défini votre "chez-vous".... Il y avait un espace commun, et vous êtes arrivé avec 4 piquets pour prendre possession d'un lieu.

    C'est une idéologie de conquérant. Je découvre quelque chose, je dit que c'est à moi et j'empêche ceux qui m'ont permis par leur recherche cette découvert de passer plus loin sans me payer une certaine somme. C'est comme les colons aux Etats-Unis qui venaient poser 4 poteaux et définissait qu'un lieu leur appartenait.

    Si j'avais fait cette découverte tout seul... je serais en droit de poser un droit dessus. Mais une découverte maintenant est basée sur la connaissance, sur l'éducation, sur l'information. Hors empêcher ceux qui m'ont aidé à faire cette découverte (ou d'autres) est du vole.

    Par exemple en lisant mon texte, vous en tirez des idées. Mon texte est aussi basé sur d'autres idées.
    Si vous vous dites: "tiens je fais faire une platforme pour mieux gérer la compréhension du transfert des connaissances". Je vais mettre un droit dessus. Vous m'empêchez de profiter de mes propres idées. Vous vous basez sur certaines bases que j'ai construites sans me reverser de l'argent, ni même me citer et citer les gens sur lesquels mes idées sont construites. Finalement en posant votre droit... vous m'empêchez d'appliquer mon propre droit: "Ahhh j'étais la avant toi, donc c'est à toi de me payer".