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Grâce posthume pour le mathématicien britannique Alan Turing

59 ans après sa mort la reine Elisabeth II lui accorde le pardon royal

Le 2013-12-29 23:00:41, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
Sur proposition du ministre de la Justice Chris Grayling qui avait évoqué un «homme exceptionnel avec un esprit brillant», la reine d’Angleterre Elisabeth II a gracié, 59 ans après sa mort, Alan Turing, l’un des scientifiques les plus brillants de son époque. Le mathématicien, dont les travaux ont joué un rôle décisif pour casser le code utilisé par les sous-marins allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, avait été condamné pour homosexualité en 1952.


Au cours de sa vie, Alan Turing aura posé les fondations de l’informatique moderne et défini les critères de l’intelligence artificielle encore en vigueur aujourd’hui. Nous pouvons citer les CAPTCHA, terme qui désigne une famille de tests de Turing permettant de différencier de manière automatisée un utilisateur humain d'un ordinateur.

Au lendemain de la guerre, Turing avait été publiquement humilié et son métier lui était désormais interdit. Devant lui se présentait deux alternatives : l’incarcération ou la castration chimique, censée réduire à néant sa libido «déviante». Il a opté pour la castration chimique, traitement qui consiste en des injections massives d’hormones féminines dans son corps. Moins de deux ans plus tard, il se serait suicidé avec du cyanure. Depuis vingt ans, scientifiques et mouvements gays militaient pour sa réhabilitation et sa grâce.

«Sa condamnation que nous considérerions aujourd'hui comme injuste et discriminatoire, est désormais annulée», a expliqué le ministre de la justice. Rappelons que l'homosexualité n'est plus considérée comme illégale en Grande-Bretagne depuis 1967. «Alan Turing mérite que l'on se souvienne de lui pour sa contribution mythique à l'effort de guerre. Un pardon royal est digne de cet homme exceptionnel», a conclu Chris Grayling.

Source : BBC

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  Discussion forum
42 commentaires
  • nucle
    Membre régulier
    «Alan Turing mérite que l'on se souvienne de lui pour sa contribution mythique à l'effort de guerre. Un pardon royal est digne de cet homme exceptionnel»
    Un pardon est indigne. On pardonne une faute, et lui n'en a pas commise.
    C'est Elle qui devrait demander pardon.
  • Atem18
    Membre averti
    Envoyé par mekal
    ca laisse supposer que si les lois sur l'homo sexualité n'avaient pas changer il n'aurait pas été gracié
    Ou s'il n'avait pas aidé durant la guerre...
  • psykokarl
    Membre confirmé
    On ne gracie pas un martyr.

    On fait en sorte que sa mort ne soit pas vaine en veillant à ce que ce genre de tragédie ne se reproduise plus. Cette récupération d'une histoire tragique à des fins politiques est tout à fait obscène...

    Gracier un mort. Merci mon bon prince !
  • ticNFA
    Membre confirmé
    Envoyé par hn2k5
    61 ans pour le gracier... Elle faisait quoi la reine depuis le temps ?
    Elle donnait des prix (Queen Elizabeth Prize for Engineering).. mais pas à Turing, faut pas déconner (si tant est que ce prix existait à l'époque).
    Quand à l'évolution de la conscience humaine, il ne faudrait pas confondre ces vieux cerveaux perclus de préjugés et cette conscience humaine justement dont Turing y a pleinement sa place. S'il fallait attendre des reines croulantes et réactionnaires, on irait pas bien vite, voire à reculons.
    La reine octroie son pardon, comme dit plus haut mieux que moi [+1 nucle], outre que cela fait une belle jambe, quelle suffisance et quelle médiocrité.

    Gordon Brown l'avait dit quand il était 1er ministre, en substance : pardon du gouvernement britannique... mais dura lex sed lex. Ce qui était insuffisant et hypocrite.
  • dk
    Membre actif
    Il fallait présenter des excuses royales, et non pas donner un pardon pour une faute inexistante. En plus des vies brisées, qui sait toutes les avancées et découvertes qu'il aurait pu apporter de son vivant, c'est un triste gâchis à tous les niveaux.
  • Atem18
    Membre averti
    Envoyé par fcharton2
    Donc, à quoi servent ces excuses, maintenant
    À rien, puisqu'il ne s'agit pas d'une excuse, mais d'un pardon.

    En somme, comme l'a évoqué @nucle, ils lui pardonnent d'avoir été homosexuel, mais ne s'excusent absolument pas de ce qu'ils lui ont fait.

    Là, réside toute la nuance.
  • hn2k5
    Membre éclairé
    Bref, les mentalités (les consciences comme tu dis) ont évolué, et depuis longtemps.
    Moi je trouve que l'actualité ne cesse de nous prouver le contraire...
    Entre les ministres, les politiques ou le moindre quidam qui donnent leur avis sur tout et n'importe quoi sans savoir de quoi ils parlent, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Merci Andy pour ton fameux quart d'heure...

    Et ce ne sont sûrement pas les médias qui vont rattraper le coup. Réactifs dans certaines circonstances (i.e. quand leur corporation est concernée), je les ai trouvés incroyablement timides lorsque Mme Taubira a été comparée à un primate.

    Cdlmt
  • Traroth2
    Membre émérite
    Envoyé par fcharton2
    Tu joue sur les mots, et les faux amis...

    Non, c'est fondamental, au contraire. Dans un cas, on reconnait sa faute, dans l'autre on pardonne la faute de quelqu'un. Ici, il ne s'agit pas de pardonner, mais de demander pardon. C'est une simple nuance, ça ???

    Gracier un mort n'a aucun intérêt. Ca ne lui sert plus à rien. Demander pardon à un mort et reconnaitre ses erreurs, ça peut être très important, au contraire.
  • gueulederack
    Membre habitué
    A mon avis, ce n'est pas inutile, loin de là. Quand on voit quelques personnes qui font de l'apologie antisémite, il faut aussi leur rappeler à ce que ça a conduit. Quitte à rappeler encore et encore des faits simples, certes c'est répétitifs, ça peut devenir lassant mais il faut le rappeler. Donc rappeler encore aujourd'hui les crimes qu'ont subi les homosexuels, les noirs ou les juifs, je ne pense pas que c'est une perte de temps, ni enfoncer des portes ouvertes.
  • fcharton2
    Membre averti
    Envoyé par Atem18
    En somme, comme l'a évoqué @nucle, ils lui pardonnent d'avoir été homosexuel, mais ne s'excusent absolument pas de ce qu'ils lui ont fait. Là, réside toute la nuance.
    Tu joue sur les mots, et les faux amis...

    Le "royal pardon", c'est l'équivalent de notre grâce présidentielle (ce n'est pas un hasard, d'ailleurs...). On annule la sentence, pour services rendus à la nation. En français, je crois qu'on parlerait de réhabilitation, et cela revient bien à s'excuser pour le traitement qu'il a subi (même si ça ne change rien au résultat). C'est même à peu près la seule chose que les autorités britanniques puissent faire.

    Maintenant, on ne lui "pardonne" pas son homosexualité. Ca n'aurait aucun sens, d'ailleurs, car ce n'est pas du ressort de la justice ou des autorités, qui peuvent tout au plus revenir sur les peines.

    Et c'est bien là que je trouve cette histoire un peu absurde. Turing, dans les années 50, était soumis aux lois de son temps (qui d'ailleurs étaient moins dures envers les homosexuels qu'on aime le raconter de nos jours, je crois que dans son cas, un des problèmes a été la jeunesse de son partenaire, mineur à l'époque). Les lois ont depuis évolué, avec les mentalités, et c'est pour cela que cette affaire nous apparait aujourd'hui comme tragique.

    Maintenant, s'indigner du fait que telle ou telle loi ancienne, qui a depuis changé, ne nous convient pas, et vouloir que les gouvernements actuels, qui ont voté ces nouvelles lois à la place des anciennes, s'en excusent rétrospectivement, sachant que ces excuses ne satisferont jamais les militants de telle ou telle cause (dont le but est d'entretenir le souvenir des persécutions, et qui donc ne peuvent accepter des excuses qui fermeraient le dossier). Ca me parait un rien ridicule, et ça montre une relation un peu perverse au passé, et au présent.

    Parfois, on a l'impression que les "leçons de l'histoire" ne servent qu'à nourrir les revendications actuelles. Et comme ce genre de raisonnement nous a déjà valu deux guerres mondiales, cela valide la formule de je ne sais plus qui : "le propre des leçons de l'histoire, c'est qu'on ne les apprend jamais".

    Francois