PRISM : La NSA aurait aussi espionné l'Union Européenne
Les responsables européens choqués par les révélations
Le 2013-07-01 10:26:27, par Stéphane le calme, Chroniqueur Actualités
Mise à jour du 01/07/2013
Traqué par le gouvernement américain, Edward Snowden, en cavale, continue à déballer son sac et à lui donner des sueurs froides.
L’auteur des fuites sur l’un des plus vastes programmes de cybersurveillance révèle que l’espionnage de l’Europe était également compris dans le projet PRISM.
Selon les documents révélés par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et fournis par Edward Snowden, ancien consultant pour le compte de la NSA, l'agence décrit dans un rapport comment elle espionnait la représentation diplomatique de l'UE à Washington en 2010. Des micros installés dans les bâtiments jusqu'à une infiltration du réseau informatique pour lire les courriels et documents internes, l'agence n'a pas lésiné sur les moyens de surveillance. À plusieurs reprises d'ailleurs, l'agence a fait explicitement des Européens des « cibles à attaquer », comme au sommet de l'ONU où elle a usé des mêmes stratagèmes pour surveiller la représentation de l'UE.
Il est possible que ces opérations se soient étendues jusqu'à Bruxelles. Der Spiegel révèle qu'il y a cinq ans, les experts en sécurité de l'UE avaient découvert un système d'écoutes sur le réseau téléphonique et internet du bâtiment Justus-Lipsius, principal siège du Conseil de l'Union Européenne, et qui remontait jusqu'au quartier général de l'Otan dans la banlieue de Bruxelles.
En 2003, l'UE avait confirmé la découverte d'un système d'écoutes téléphoniques des bureaux de plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne.
« Si les rapports sont vrais, cela rappelle les méthodes utilisées par nos ennemis pendant la guerre froide », estime Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, ministre de la Justice allemande. Avant de poursuivre que cela « signifierait que les Américains ont agi en violation ouverte de la Convention de Vienne qui défend l'inviolabilité des ambassades. »
Avec 500 millions de communications interceptées par jour, l'Allemagne serait classée par la NSA comme « un partenaire de troisième classe ». La France s'en sort mieux avec deux millions de connexions surveillées. La Grande-Bretagne, quant à elle, est épargnée puisqu'elle ne fait l'objet d'aucune surveillance. Concernant les ambassades, celles de France, d'Italie et de Grèce à Washington font partie des 38 ambassades sous la surveillance de la NSA.
Le ministre luxembourgeois des Affaires Étrangères, Jean Asselbron, estime que l’espionnage américain est « hors de contrôle » et que « les États-Unis feraient manifestement mieux de surveiller leurs services de renseignement plutôt que leurs alliés ».
La Commission Européenne a demandé des explications à son partenaire américain qui n'a pu que garder un silence embarrassé. Les réactions des politiques européens fusent et n'ont d'égal que leur virulence. Nombreux sont ceux qui incitent à une riposte contre Washington.
Mais certains appellent aussi à relativiser cet incident. Le Ministre de l'Intérieur français, Manuel Valls, avait insisté sur « l'excellente coopération » entre Américains et Français, faisant comprendre implicitement que les Européens profitaient de PRISM. Il avait reconnu que les Européens avaient eux aussi leurs programmes de surveillance, « de moindre ampleur », sans donner de détails.
« Tout le monde espionne tout le monde », commente Sean West, de l'Eurasia Group jugeant « ridicule » l'émoi des Européens et estimant que « tout mariage qui marche a besoin de renseignements ».
Source : Der Spiegel
Et vous ?
Au moment où sont entamées des négociations entre l'Europe et les États-Unis pour une zone de libre-échange commercial transatlantique, ces révélations pourraient-elles avoir des conséquences rédhibitoires ?
En collaboration avec Hinault Romaric
Traqué par le gouvernement américain, Edward Snowden, en cavale, continue à déballer son sac et à lui donner des sueurs froides.
L’auteur des fuites sur l’un des plus vastes programmes de cybersurveillance révèle que l’espionnage de l’Europe était également compris dans le projet PRISM.
Selon les documents révélés par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et fournis par Edward Snowden, ancien consultant pour le compte de la NSA, l'agence décrit dans un rapport comment elle espionnait la représentation diplomatique de l'UE à Washington en 2010. Des micros installés dans les bâtiments jusqu'à une infiltration du réseau informatique pour lire les courriels et documents internes, l'agence n'a pas lésiné sur les moyens de surveillance. À plusieurs reprises d'ailleurs, l'agence a fait explicitement des Européens des « cibles à attaquer », comme au sommet de l'ONU où elle a usé des mêmes stratagèmes pour surveiller la représentation de l'UE.
Il est possible que ces opérations se soient étendues jusqu'à Bruxelles. Der Spiegel révèle qu'il y a cinq ans, les experts en sécurité de l'UE avaient découvert un système d'écoutes sur le réseau téléphonique et internet du bâtiment Justus-Lipsius, principal siège du Conseil de l'Union Européenne, et qui remontait jusqu'au quartier général de l'Otan dans la banlieue de Bruxelles.
En 2003, l'UE avait confirmé la découverte d'un système d'écoutes téléphoniques des bureaux de plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne.
« Si les rapports sont vrais, cela rappelle les méthodes utilisées par nos ennemis pendant la guerre froide », estime Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, ministre de la Justice allemande. Avant de poursuivre que cela « signifierait que les Américains ont agi en violation ouverte de la Convention de Vienne qui défend l'inviolabilité des ambassades. »
Avec 500 millions de communications interceptées par jour, l'Allemagne serait classée par la NSA comme « un partenaire de troisième classe ». La France s'en sort mieux avec deux millions de connexions surveillées. La Grande-Bretagne, quant à elle, est épargnée puisqu'elle ne fait l'objet d'aucune surveillance. Concernant les ambassades, celles de France, d'Italie et de Grèce à Washington font partie des 38 ambassades sous la surveillance de la NSA.
Le ministre luxembourgeois des Affaires Étrangères, Jean Asselbron, estime que l’espionnage américain est « hors de contrôle » et que « les États-Unis feraient manifestement mieux de surveiller leurs services de renseignement plutôt que leurs alliés ».
La Commission Européenne a demandé des explications à son partenaire américain qui n'a pu que garder un silence embarrassé. Les réactions des politiques européens fusent et n'ont d'égal que leur virulence. Nombreux sont ceux qui incitent à une riposte contre Washington.
Mais certains appellent aussi à relativiser cet incident. Le Ministre de l'Intérieur français, Manuel Valls, avait insisté sur « l'excellente coopération » entre Américains et Français, faisant comprendre implicitement que les Européens profitaient de PRISM. Il avait reconnu que les Européens avaient eux aussi leurs programmes de surveillance, « de moindre ampleur », sans donner de détails.
« Tout le monde espionne tout le monde », commente Sean West, de l'Eurasia Group jugeant « ridicule » l'émoi des Européens et estimant que « tout mariage qui marche a besoin de renseignements ».
Source : Der Spiegel
Et vous ?
En collaboration avec Hinault Romaric
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Traroth2Membre émériteNon, c'est exactement l'inverse. Dénoncer le comportement d'un gouvernement qui met en danger la liberté des citoyens est un acte de patriotisme. On ne le répétera jamais assez : Être un citoyen, ce n'est pas simplement fermer sa gueule !le 02/07/2013 à 11:18
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calvaireExpert confirméDire que ce héros a été refusé partout dans les soi-disant pays démocratiques… qui sont en fait tous des vassaux de l’impérialisme américain et qui ont trop peur de la réaction de l’oncle Sam…
La Russie, qu’on aime ou pas, c’est souverain… Ce qui est loin d’être notre cas.le 27/09/2022 à 10:11 -
r0dExpert éminentDans cette histoire, tout le monde parle d'intérêt de pays. D'un état.
Il faut faire attention car d'une part, l'intérêt d'un pays ce n'est pas très clair. J'aurais tendance à dire que l'intérêt d'un pays, en vérité, c'est l'intérêt de la classe dominante dudit pays. Pensez-vous que les élites gouvernent dans l'intérêt du peuple ou selon ses propres intérêts?
D'autre part, l'intérêt d'un pays c'est bien beau, mais ne serait-il pas plus important de se préoccuper de l'intérêt de tout le monde, de tous les pays?le 09/07/2013 à 15:03 -
r0dExpert éminentJe suis internationaliste, et pourtant contre un gouvernement mondial. A vrai dire, je trouve que 60 millions de personnes c'est déjà trop pour un seul et unique gouvernement.
Le problème se situe dans la définition de gouvernement ainsi que dans l'échelle de grandeur (pas besoin de l'idée de nation dans mon raisonnement). La définition qui est la mienne est celle des lumières, et en particulier celle de Montesquieu: l'état est un outil qui applique les décisions prises par le peuple; l'état ne décide rien, il administre. Aujourd'hui c'est l'inverse, ona l'illusion qu'onchoisit des représentants qui prennent les décisions pour nous.
Or, pour que le peuple soit capable de prendre les décisions, il faut que:
1/ il soit parfaitement informé.
2/ l'échelle de l'état ne soit pas trop grande.
Car en effet, on ne peut pas trancher un problème dont on ne connait pas les tenants et les aboutissants. Et de même, à mon avis, on ne peut pas prendre une décision à 60 millions de personnes. Déjà que c'est difficile de se mettre d'accord quand on est deux...le 09/07/2013 à 16:27 -
NeckaraInactifDonc si mon gouvernement décide d'assassiner des journalistes dérangeants dans d'autres pays, je ne dis rien et je laisse couler, ce n'est pas à moi, simple citoyen du pays X, d'annoncer que mon gouvernement est responsable ?
Je dois donc me faire complice de ces meurtres ?
Ce type de raisonnement ne tient pas. De plus, si on le laisse faire, il continuera et le jour ou cela sera découvert, les tensions seront bien plus vives. C'est comme une épée de Damoclès qui grossirait et s'alourdirait au fils des années.
Puisque tu nous offre une comparaison avec un enfant de 5 ans, continuons alors :
J'ai 5 ans, mes parents enferment ma grande sœur dans une cage, la battent tout les jours et finissent par la tuer. Je ne dit rien, je ne vais tout de même pas dénoncer mes parents et finir à la rue.
Mes parents continuent alors avec ma petite sœur avec le même résultat.
Puis c'est finalement mon tour, mais il n'y a plus personne pour me sauver.
Si on laisse faire au gouvernement ce qu'il veut à l'étranger, on lui laisse une porte grande ouverte pour qu'il puisse faire ce qu'il veut dans son propre pays.
De plus, si on fait cela, les citoyen d'un autre pays peuvent également penser la même chose, ainsi on ouvre aussi une porte aux autres gouvernements à faire ce qu'ils veulent dans notre propre pays.le 10/07/2013 à 9:34 -
MuchosMembre expertJe suis fatigué de croire en mon action citoyenne et de dissuader mes proches de céder devant « le complot ». J'y crois encore, parce que je sais que le modèle actuel ne peut pas tenir, mais je suis fatigué…le 17/01/2014 à 18:42
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sevyc64ModérateurSi le langage est de plus en plus codé comme avec l'exemple du SMS, notre vocabulaire s’appauvrit de plus en plus. On utilise de moins en moins de mot différents dans la vie de tous les jours (la plus intéressante pour les espions).
J'ai entendu un linguiste dire, y a pas longtemps, qu'avec le langage sms, on n'utiliserait guère plus de 600 mots différents.
Avec l'appauvrissement du vocabulaire, il y a aussi l'appauvrissement des formules syntaxiques. On fait des phrases de plus en plus simple, de plus en plus courtes. Phénomène justement encore plus amplifié en sms.
Aussi paradoxal que ça puisse paraitre, si le sms est parfois difficile à comprendre pour nous humains, il serait au contraire bien plus facile à décoder et comprendre par des algorithmes que le langage naturel du fait même de sa pauvreté.le 18/01/2014 à 11:02 -
Ryu2000Membre extrêmement actifEdward Snowden et Julien Assange ont demandé à plusieurs pays de les accueillir, mais il n'y a que la Chine et la Russie qui ont eu le courage de le faire, les autres pays sont probablement terrorisé par les USA, donc ils n'ont pas voulu prendre le risque de protéger ces lanceurs d'alertes.
Pourquoi la demande d'asile d'Edward Snowden en France a peu de chance d'aboutir
L'Assemblée nationale refuse d'accorder l'asile en France au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange
L'état US est un bourreau. Peu de pays osent ne pas constamment aller dans son sens.
En ce moment les USA sont en train de perdre leur leadership, du coup ils deviennent plus agressif que d'habitude.le 27/09/2022 à 10:04 -
chivRédacteurLe fait que les américains espionnent tout le monde n'est pas vraiment une surprise et la réaction offusquée de nos dirigeants est assez grotesque. Comme si on ne s'en doutait pas auparavant.
Ce que je trouve plus choquant par contre c'est que depuis quelques semaines que PRISM fait parler de lui, nos dirigeants européens avaient bien peu réagis au fait que les américains espionnent l'ensemble des citoyens européens mais font un scandale quand ils découvrent que les bâtiments officiels sont sur écoute.
Alors comme ça des micros dans vos bureaux à Bruxelles c'est un scandale mais qu'on espionne 360 Millions de citoyens quotidiennement vous vous en foutez ? Hmm…le 01/07/2013 à 11:54 -
Traroth2Membre émériteEncore une fois, tu compares des choses différentes. Non, dénoncer son propre gouvernement parce que ce sont des tricheurs et des menteurs, ce n'est pas comme de livrer ses parents à la police alors qu'on a 5ans dans un pays où on sait qu'ensuite on se retrouves à la rue. Après un gouvernement, il y a un autre gouvernement. La stabilité à tout prix, ça justifie toutes les horreurs.
D'après ton raisonnement, Andrei Sakharov et les autres dissidents du bloc de l'Est pendant la guerre froide sont des salopards, en gros...le 10/07/2013 à 16:46