Non-rachat de Dailymotion : la France accusée d'anti-américanisme
Par la presse US, Fleur Pellerin calme le jeu tout en soutenant Arnaud Montebourg
Le 2013-05-06 12:26:56, par Gordon Fowler, Expert éminent sénior
La Ministre de l'économie numérique Fleur Pellerin a tenté de nuancer ce week-end les propos du ministre du redressement productif Arnaud Montebourg dans une interview au Journal du Dimanche autour du veto, opposé par le Gouvernement français, au rachat du site de vidéos Dailymotion par Yahoo ! à hauteur de 75 %.
Pour Fleur Pellerin, ce refus reste légitime dans le sens où l’état est actionnaire de référence d’Orange et qu’à ce titre il a son mot à dire pour préserver des emplois et garder la maîtrise, en France, de certaines technologies.
Sur la forme, néanmoins, la ministre admet que la négociation entre Arnaud Montebourg et Yahoo ! « aurait dû rester dans le secret ».
La Ministre précise également que le patriotisme économique ne doit pas aboutir à des entreprises « franco-françaises ». D’autant que le marché américain est une cible « prescripteur de tendances et incontournable » dans le secteur numérique pour faire grandir nos « pépites [qui] ont du mal à grossir ».
Fleur Pellerin, Ministre de l'économie numérique
Le refus d’Arnaud Montebourg et son explication par le Ministre du redressement productif (franche pour les uns, abrupte pour les autres) a suscité des accusations d’anti-américanisme outre-atlantique.
Pour le Wall Street Journal, « Yahoo! "n'aurait jamais dû porter son regard vers une entreprise française ». Pour le New York Times, dans notre pays « la souveraineté nationale prévaut souvent sur l'économie digitale ».
La Ministre Fleur Pellerin tente, elle, de calmer le jeu en rassurant les investisseurs potentiels et les journalistes étrangers.
« Notre idée n'est pas de partir en guerre contre les Américains. La presse anglo-saxonne a interprété cette affaire comme de l'antiaméricanisme, mais ce n'est pas le cas », tempère-t-elle. L'incompréhension serait donc surtout liée à une « communication [qui] n'était pas exactement alignée comme il aurait fallu qu'elle le soit ».
Problème sur la forme. Car sur le fond la Ministre rappelle que la France n’a pas vocation à brader ses entreprises, ni à faire preuve de naïveté face aux géants américains de l’IT. « Dans nos échanges avec les acteurs américains comme Google ou Apple, il y a une "tension amicale". […] L’économie numérique n'est pas un village gaulois. Mais, lorsqu'un deal ne nous convient pas et que nous sommes actionnaires, nous le disons ».
Pour elle, il ne s'agit donc pas de protectionnisme ou d'anti-américanisme mais bien de trouver des accords gagnant-gagnant. « Si cela passe par un tour de table avec des fonds de la Silicon Valley aux côtés d'Orange comme acteur de référence, cela ne me pose aucun problème », confirme-t-elle au JDD. Dans cette affaire, « le gouvernement a accordé à juste titre la préférence au développement industriel plutôt qu'à une plus-value et à un gain de cash rapide ».
Mais Fleur Pellerin est consciente que cette affaire Yahoo! – Dailymotion a pu envoyer un message brouillé à l’étranger.
Pour le clarifier, elle insiste, après le voyage du Président Hollande en Chine, sur l’ouverture de l’économie française. « Les investisseurs étrangers […] sont les bienvenus dans nos tours de table et sur nos territoires », conclue-t-elle.
Quoiqu’il en soit, comme le fait justement remarquer le journal dominical à la Ministre, la prochaine étape de la campagne « Say oui to France » auprès des investisseurs dans la Silicon Valley risque d'être (encore) plus compliquée que prévue.
Source : Le JDD, Les Echos (sur les réactions de la presse américiane)
Et vous ?
Que pensez-vous de toute cette affaire ?
Pour Fleur Pellerin, ce refus reste légitime dans le sens où l’état est actionnaire de référence d’Orange et qu’à ce titre il a son mot à dire pour préserver des emplois et garder la maîtrise, en France, de certaines technologies.
Sur la forme, néanmoins, la ministre admet que la négociation entre Arnaud Montebourg et Yahoo ! « aurait dû rester dans le secret ».
La Ministre précise également que le patriotisme économique ne doit pas aboutir à des entreprises « franco-françaises ». D’autant que le marché américain est une cible « prescripteur de tendances et incontournable » dans le secteur numérique pour faire grandir nos « pépites [qui] ont du mal à grossir ».
Fleur Pellerin, Ministre de l'économie numérique
Le refus d’Arnaud Montebourg et son explication par le Ministre du redressement productif (franche pour les uns, abrupte pour les autres) a suscité des accusations d’anti-américanisme outre-atlantique.
Pour le Wall Street Journal, « Yahoo! "n'aurait jamais dû porter son regard vers une entreprise française ». Pour le New York Times, dans notre pays « la souveraineté nationale prévaut souvent sur l'économie digitale ».
La Ministre Fleur Pellerin tente, elle, de calmer le jeu en rassurant les investisseurs potentiels et les journalistes étrangers.
« Notre idée n'est pas de partir en guerre contre les Américains. La presse anglo-saxonne a interprété cette affaire comme de l'antiaméricanisme, mais ce n'est pas le cas », tempère-t-elle. L'incompréhension serait donc surtout liée à une « communication [qui] n'était pas exactement alignée comme il aurait fallu qu'elle le soit ».
Problème sur la forme. Car sur le fond la Ministre rappelle que la France n’a pas vocation à brader ses entreprises, ni à faire preuve de naïveté face aux géants américains de l’IT. « Dans nos échanges avec les acteurs américains comme Google ou Apple, il y a une "tension amicale". […] L’économie numérique n'est pas un village gaulois. Mais, lorsqu'un deal ne nous convient pas et que nous sommes actionnaires, nous le disons ».
Pour elle, il ne s'agit donc pas de protectionnisme ou d'anti-américanisme mais bien de trouver des accords gagnant-gagnant. « Si cela passe par un tour de table avec des fonds de la Silicon Valley aux côtés d'Orange comme acteur de référence, cela ne me pose aucun problème », confirme-t-elle au JDD. Dans cette affaire, « le gouvernement a accordé à juste titre la préférence au développement industriel plutôt qu'à une plus-value et à un gain de cash rapide ».
Mais Fleur Pellerin est consciente que cette affaire Yahoo! – Dailymotion a pu envoyer un message brouillé à l’étranger.
Pour le clarifier, elle insiste, après le voyage du Président Hollande en Chine, sur l’ouverture de l’économie française. « Les investisseurs étrangers […] sont les bienvenus dans nos tours de table et sur nos territoires », conclue-t-elle.
Quoiqu’il en soit, comme le fait justement remarquer le journal dominical à la Ministre, la prochaine étape de la campagne « Say oui to France » auprès des investisseurs dans la Silicon Valley risque d'être (encore) plus compliquée que prévue.
Source : Le JDD, Les Echos (sur les réactions de la presse américiane)
Et vous ?
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fregolo52Expert confirméC'est l'hôpital qui se fout de la charité !!!
Depuis quand la souveraineté nationale ne prévaut pas sur tout aux USA ?
Je n'ai pas tout suivi ni compris, mais c'est le PDG d'Orange qui menait les négos. Pourquoi il n'a pas eu de consignes de l'actionnaire qui est l'état. Il me semble qu'il y a eu aussi un couac, Mr Richard disait que les négos étaient en cours alors que Montebourg venait de dire qu'il n'y aurait pas de vente.le 06/05/2013 à 13:40 -
cameramanMembre à l'essaiOui en effet et c'est bien ce qui est inquiétant. Cette histoire est un révélateur du monde IT actuel. Beaucoup déplorent (et je les comprends) la mainmise américaine dans les domaines des réseaux sociaux, du cloud grand public, etc ...
Mais cette histoire nous montre qu'en Europe, on ne peut apparemment pas faire autrement que de se résigner. Les russes et les chinois arrivent encore à faire des choses sur leurs marchés nationaux, mais en Europe rien du tout. On n'a aucun réseau social comparable à FB ou Twitter, ni de fournisseur cloud comme GDrive ou Skydrive. Dailymotion est à peu près le seul de son espèce, mais pour combien de temps encore, car Youtube écrase tout sur son passage ?
Est-ce un problème de marché? Ou politique? Je ne sais pas mais en tout cas Dailymotion semble ne pas pouvoir concurrencer Youtube s'il ne se "vend" pas à une grande entreprise américaine.
Et en plus les américains en profitent pour se foutre de nous une fois de plus ...le 06/05/2013 à 14:26 -
J'ai l'impression que Dailymotion est sur la descendante comparé à Youtube qui lui montele 06/05/2013 à 14:55
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KearzMembre expert
A quoi bon vendre Dailymotion à une boîte qui, depuis plusieurs années, n'est plus un acteur majeur de cette économie...
Dailymation est a Youtube, ce que Yahoo est a Google.
Depuis quand la souveraineté nationale ne prévaut pas sur tout aux USA ?
Si un Français voulait (pouvait) racheter Google, Microsoft ou Apple j'ose pas imaginer la levé de bouclier des Américains.
N'empêche qu'une association Yahoo/Dailymotion serait vraiment quelques choses de positif. J'espère qu'il y aura un arrangement quand même.le 06/05/2013 à 14:07 -
lkrisNouveau membre du ClubJuste une petite supposition. Imaginons que le chinois Youku propose de racheter Youtube ? Comment réagiraient les américains ? Il faut rester prudent car ce cas de figure risque bien de se présenter à l'avenir.le 06/05/2013 à 15:54
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Caro999Membre confirméAh bon? C'est sorti dans les médias bien après que ça ait capoté, il me semble.
Extrait de la discussion sur Quora:
If tomorrow, 75% of Google were to be bought by France Télécom, what would the American people and Obama say? I doubt that they would be celebrating in the streets.le 06/05/2013 à 17:12 -
JaroddMembre expérimentéDans nos échanges avec les acteurs américains comme Google ou Apple, il y a une "tension amicale".le 06/05/2013 à 14:12
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Depuis quand la souveraineté nationale ne prévaut pas sur tout aux USA ?
Mais malheureusement on passe pour des cons, une fois de plus.le 06/05/2013 à 14:20 -
le 06/05/2013 à 14:30
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Gordon FowlerExpert éminent séniorBonjour,
Indépendamment du débat, je tiens à nuancer un peu cette affirmation.
Sur les réseaux sociaux, ok à 100 %. Mais nous nous faisons régulièrement écho sur Developpez de solutions de "Storage" française ou européenne avec centres de données sur le sol national.
Je pense notamment à Aruba Storage qui est vraiment très bien.
Pour en citer quelques autres, nous avons également parlé de IKeepinCloud (de Ikoula), ou de Oodrive (je crois d'ailleurs que des membres de Developpez travaillent dans cette entreprise). Sans même évoquer le futur Cloudwatt (Orange, Thalès) qui est un autre débat, ou Hubic (OVH).
Bref, quelques alternatives existent. J'espère que cela vous aura un peu remonté le moral
Amicalement à tous,
[Fin du HS]le 06/05/2013 à 14:53