Facebook condamne les employeurs qui exigent les identifiants des candidats
Même les sénateurs américains s'en mêlent
Facebook condamne les employeurs qui exigent les identifiants des candidats
Même les sénateurs américains s'en mêlent
Le , par Sarah Mendès
Les personnes à la recherche d'un emploi sont confrontées à un tout autre problème depuis peu aux Etats-Unis. En postulant, le candidat doit envisager la possibilité de fournir à l'employeur lors de son entretien d'embauche ses identifiants Facebook !
Cette pratique a été jugée scandaleuse par des spécialistes des questions de la vie privée comme le professeur de droit à l'Université George Washington, Orin Kerr, qui déclarait récemment à l'agence de presse Reuters qu'il s'agit d'« une violation éhontée de la vie privée. Cela équivaudrait presque à demander à une personne les clés de son logement sans autre forme de procès ». Si certains candidats refusent catégoriquement de fournir leurs identifiants, d'autres acceptent sans réfléchir dans le but de décrocher un emploi.
Le réseau social Facebook a lui aussi réagi par la voix de Erin Egan, l'avocate recrutée au poste de responsable de la confidentialité.
Elle a posté sur le site un long message mettant en garde les entreprises qui jugeraient bon de réclamer les identifiants des candidats. D'après elle, ce genre de pratique « porte atteinte à la vie privée de l'utilisateur et de ses amis ». En outre, il peut « causer des problèmes que les employeurs ne peuvent pas anticiper. Par exemple, si un employeur voit sur le site que quelqu'un est membre d'un groupe protégé, il peut s'ouvrir à des allégations discriminatoires qui vont entrainer la non-embauche de cette personne », rajoute Erin Egan.
Facebook entend également prendre des mesures pour stopper cette pratique en ayant recours à la justice.
« Il est important que tout le monde comprenne que sur Facebook, c'est un droit de conserver son mot de passe pour soi, et nous ferons de notre mieux pour conserver ce droit », a conclu l'avocate du groupe.
Des sénateurs américains ont eux aussi décidé de réagir à ce problème en réclamant une enquête.
C’est le cas de Richard Blumenthal, sénateur du Connecticut, qui s’est engagé à déposer « dans un avenir très proche » un projet de loi visant à interdire aux organismes publics et aux employeurs privés de demander des informations liées à l’usage des réseaux sociaux à des tiers.
Le sénateur démocrate de l'Etat de New York, Charles Schumer, travaille aussi dans ce sens. Il a fait valoir, dans un article publié par l’agence d’Associated Press, que cette pratique était inacceptable. D’autres états américains comme l’Illinois, le Maryland ou encore le New Jersey, travaillent sur un projet similaire.
Dans ce dernier état, le député John Burzichelli a décidé de s’attaquer à ce problème de façon plus large. Il interdit entre autres aux employeurs « d’exiger d’un employé actuel ou d’un futur collaborateur de divulguer son nom d’utilisateur, mot de passe ou d’autres moyens pour accéder à un compte personnel ou à un service grâce à un dispositif électronique de communication ». Il interdit aussi aux employeurs toutes représailles ou toute discrimination à l’encontre de ceux et celles qui déposeraient une plainte ou qui accepteraient de témoigner dans une affaire de violation de cette loi. L’employeur ne devra en aucun cas exiger de son employé de renoncer ou de limiter toute protection accordée en vertu de ce projet de loi. Chaque infraction est passible d’une amende de 1 000 dollars et peut monter plus haut.
D’après Catherine Crump, avocate spécialisée dans les libertés civiles américaines, le débat initié par ces projets de loi devrait durer un certain temps. « Je pense que ça va prendre quelques années pour que les tribunaux décident si les Américains, à l’ère numérique, ont les mêmes droits en matière de vie privée », a-t-elle déclaré à l’Associated Press.
Source : Facebook, Associated Press, Assemblydems
Et vous ?
Selon vous, ce débat traversera-t-il les frontières ?
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