
Et que les profils soient publics
Les ambassades des USA renforcent leurs exigences en matière de visa. Elles requièrent désormais que les futurs demandeurs de certaines catégories de visa divulguent tous les noms d'utilisateur des médias sociaux ainsi que de toutes les plateformes qu'ils ont utilisées au cours des cinq dernières années sur leur formulaire de demande de visa. Elles exigent en sus que les profils correspondants soient publics. Les autorités US évoquent des raisons en lien avec la sécurité pour la mise à contribution de ladite mesure qui n’est pas nouvelle et que certains observateurs jugent excessive.
Cette disposition s'applique à tous les demandeurs de visas de non-immigrant F, M et J. Le visa de non-immigrant J est le plus connu de ces visas. Il permet de travailler aux États-Unis pendant une période limitée, tandis que son équivalent J1 permet aux étudiants et aux diplômés de l'enseignement supérieur d'entrer aux États-Unis pendant l'été pour y travailler et y voyager.
Le visa de non-immigrant F permet aux ressortissants étrangers d'entrer temporairement aux États-Unis pour y poursuivre des études universitaires dans certains établissements. Le visa de non-immigrant M est similaire, mais il couvre l'éducation dans des domaines non académiques, ou professionnels, tels que les études techniques ou culinaires. Les nouvelles mesures n'affectent pas les visas ESTA (Electronic System for Travel Authorization).
Les autorités américaines évoquent des raisons en lien avec la sécurité depuis plusieurs années
En plus des profils de réseaux sociaux, certains responsables américains de la Sécurité intérieure ont proposé de rendre obligatoire, pour certains demandeurs de visa, la fourniture des mots de passe leur permettant d'accéder aux différents réseaux sociaux. Cette mesure ciblait en particulier les ressortissants de sept pays à majorité musulmane à savoir l'Iran, la Syrie, la Libye, l'Irak, la Somalie, le Soudan et le Yémen. Les procédures de contrôle au sein de ces pays sont considérées comme étant très faibles par les autoités US. L'application d'une telle décision devrait permettre aux autorités compétentes des États-Unis de faire des vérifications très poussées sur l'identité des demandeurs de visas ainsi que sur leurs activités sur la toile.
Ces mesures ont toujours été considérées comme excessives par certains observateurs
En 2016, une coalition formée par trois dizaines de groupes de défenseurs de la vie privée parmi lesquels American Civil Liberties Union, Electronic Frontier Foundation ou encore The Constitution Project, a appelé le gouvernement à abandonner une proposition similaire.
Elle avait mis en avant que « ce type de demande va bien au-delà des questions habituelles du formulaire de dérogation de visa concernant le nom d'une personne, son adresse, ses antécédents criminels, son état de santé ainsi que la durée de son séjour. Les identifiants en ligne d'une personne sont des passerelles conduisant vers une énorme quantité de leurs expressions et associations en ligne, qui peuvent refléter des informations très sensibles sur leurs opinions, leurs croyances, leur identité ainsi que leur communauté. En outre, l'analyse des “activités et connexions” sur les réseaux sociaux de tous les candidats aux dérogations de visa va être une activité de renseignement difficile et très onéreuse, coûts qui ne sont pas reflétés dans la proposition ».
De plus, la coalition avait estimé que le lien entre les identifiants et l’éligibilité des delandeurs n’était pas clair. Elle avait par contre souligné que les agents ont ainsi une porte grande ouverte sur la vie privée des candidats. « La “présence en ligne” des individus peut inclure leurs listes de lecture, leurs affinités politiques, leurs activités professionnelles ainsi que leurs hobbies. La perspective de voir scruter des profils en ligne relativement sensibles ou controversés pourrait amener plusieurs candidats à s’autocensurer ou à fermer leurs comptes en plus d’avoir des conséquences sur les activités personnelles, d’affaires et touristiques ».
Le groupe craignait en sus de voir naître des discriminations par exemple sur les membres des communautés arabes et musulmanes, « dont les noms d’utilisateurs, les publications, les contacts et le réseautage social feront l’objet d’un examen minutieux ». Il y voyait également des barrières culturelles et linguistiques qui augmentent la possibilité de voir mal interprétées les activités sur les réseaux sociaux : « en plus d’affecter les voyageurs dans des pays éligibles pour des dérogations de visa, cet impact disparate va également avoir des répercussions sur les Arabo-Américains et les Américains musulmans dont les collègues, membres de famille, associés d’affaires et autres seront immédiatement exposés à un examen minutieux ou une surveillance continue. Ils pourront même se voir indûment refuser une dérogation de visa ».
Le groupe avait continué en qualifiant de telles propositions d’extrêmement invasives et d’inefficaces. « Bien que nous comprenons les problèmes de sécurité qui ont été à l’origine de cette proposition, nous pensons qu’il serait irresponsable de mobiliser des ressources du gouvernement pour un programme coûteux et inefficace qui envahit la vie privée des candidats à la dérogation de visa, mais également celle de leurs contacts ici aux États-Unis. Le prix d’un voyage d’affaires ou de vacances en famille aux États-Unis ne devrait pas inclure la pêche aux informations relatives aux listes de lectures, goûts, croyances et idiosyncrasies par des officiers du CBP ».
Et vous ?

Voir aussi :



Vous avez lu gratuitement 113 articles depuis plus d'un an.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.