En juin dernier, l’US Customs and Border Patrol (CBP), le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, a proposé au registre fédéral d’inclure désormais les informations relatives à la présence en ligne (comptes réseaux sociaux et pseudonymes) pour certaines catégories de visiteurs désireux d’entrer aux États-Unis. L’objectif derrière cette manœuvre est de permettre une enquête plus poussée concernant les activités de tous ceux qui entrent sur le territoire américain. L’analyse des comptes réseaux sociaux de chaque individu qui entre aux États-Unis va aussi aider le département de la sécurité intérieure américaine, le DHS, à mieux détecter les éventuelles menaces pouvant entraver la sécurité nationale.
Des propositions de mesures qui sont loin de faire l’unanimité. Lundi dernier, dans une lettre ouverte, une coalition formée par trois dizaines de groupes de défenseurs de la vie privée parmi lesquels American Civil Liberties Union, Electronic Frontier Foundation ou encore The Constitution Project, a appelé le gouvernement à abandonner cette proposition.
Pour la coalition, « cette demande va bien au-delà des questions habituelles du formulaire de dérogation de visa concernant le nom d'une personne, son adresse, ses antécédents criminels, son état de santé ainsi que la durée de son séjour. Les identifiants en ligne d'une personne sont des passerelles conduisant vers une énorme quantité de leurs expressions et associations en ligne, qui peuvent refléter des informations très sensibles sur leurs opinions, leurs croyances, leur identité ainsi que leur communauté. En outre, l'analyse des “activités et connexions” sur les réseaux sociaux de tous les candidats aux dérogations de visa va être une activité de renseignement difficile et très onéreuse, coûts qui ne sont pas reflétés dans la proposition ».
De plus, la coalition estime qu’il n’apparaît pas comment les identifiants des candidats pourront aider les agents du CBP à déterminer leur éligibilité. Néanmoins, elle est certaine d’une chose : les agents auront une porte grande ouverte sur la vie privée des candidats. « La “présence en ligne” des individus peut inclure leurs listes de lecture, leurs affinités politiques, leurs activités professionnelles ainsi que leurs hobbies. La perspective de voir scruter des profils en ligne relativement sensibles ou controversés pourrait emmener plusieurs candidats à s’autocensurer ou à fermer leurs comptes en plus d’avoir des conséquences sur les activités personnelles, d’affaires et touristiques ».
Le groupe craint également de voir naître des discriminations par exemple sur les membres des communautés arabes et musulmanes, « dont les noms d’utilisateurs, les publications, les contacts et le réseautage social feront l’objet d’un examen minutieux ». Il y voit également des barrières culturelles et linguistiques qui augmentent la possibilité de voir mal interprétées les activités sur les réseaux sociaux : « en plus d’affecter les voyageurs dans des pays éligibles pour des dérogations de visa, cet impact disparate va également avoir des répercussions sur les Arabo-Américains et les Américains musulmans dont les collègues, membres de famille, associés d’affaires et autres seront immédiatement exposés à un examen minutieux ou une surveillance continue. Ils pourront même se voir indûment refuser une dérogation de visa ».
Le groupe continue en qualifiant cette proposition d’extrêmement invasive et d’inefficace. « Bien que nous comprenons les problèmes de sécurité qui ont été à l’origine de cette proposition, nous pensons qu’il serait irresponsable de mobiliser des ressources du gouvernement pour un programme coûteux et inefficace qui envahit la vie privée des candidats à la dérogation de visa, mais également celle de leurs contacts ici aux États-Unis. Le prix d’un voyage d’affaires ou de vacances en famille aux États-Unis ne devrait pas inclure la pêche aux informations relatives aux listes de lectures, goûts, croyances et idiosyncrasies par des officiers du CBP ».
Source : lettre ouverte de la coalition
Visa pour les USA : demander les comptes des réseaux sociaux des voyageurs est une proposition extrêmement invasive
Et inefficace d'après un groupe
Visa pour les USA : demander les comptes des réseaux sociaux des voyageurs est une proposition extrêmement invasive
Et inefficace d'après un groupe
Le , par Stéphane le calme
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !