
au sujet de la santé mentale de leurs enfants
Plus de 2 000 familles poursuivent en justice des entreprises de médias sociaux comme Meta, TikTok, Snapchat, YouTube et Roblox pour les effets négatifs de leurs plateformes sur la santé mentale des enfants. La lanceuse d’alerte Frances Haugen, une ancienne employée de Facebook, qui a divulgué des milliers de pages de documents internes montrant que l’entreprise savait que ses produits, notamment Instagram et Facebook, avaient des effets négatifs sur le bien-être des jeunes utilisateurs et qu’elle ne faisait pas assez pour les atténuer.
Frances Haugen donne la parole à certaines familles qui accusent les médias sociaux d’avoir entraîné leurs enfants dans la dépression, les troubles alimentaires ou le suicide. Elle expose aussi les arguments des entreprises de médias sociaux qui affirment qu’elles prennent des mesures pour protéger les utilisateurs et qu’elles ne sont pas responsables des contenus générés par les utilisateurs. La lanceuse d’alerte souligne que les procès sont difficiles à mener en raison du bouclier juridique dont bénéficient les médias sociaux aux États-Unis.
Lorsque Frances Haugen a levé le voile sur Facebook à l'automne 2021, des milliers de pages de documents internes ont révélé des signes troublants montrant que le géant des médias sociaux savait que ses plateformes pouvaient avoir un impact négatif sur les jeunes, et qu'il ne faisait pas grand-chose pour y remédier efficacement. Avec des millions et des millions d'adolescents sur les médias sociaux, les parents en ont pris note.
Aujourd'hui, des familles poursuivent les médias sociaux en justice. Depuis que les médias ont rapporté cette histoire en décembre dernier, le nombre de familles ayant intenté des actions en justice s'élève à plus de 2 000. Plus de 350 procès devraient être intentés cette année contre TikTok, Snapchat, YouTube, Roblox et Meta, la société mère d'Instagram et de Facebook.
Plusieurs familles accusent les médias sociaux d’avoir contribué à la dépression, aux troubles alimentaires ou au suicide de leurs enfants. Ils racontent notamment l’histoire d’Alexis Spence, une jeune fille qui a développé une anorexie après avoir été exposée à des contenus pro-ana (promouvant l’anorexie) sur Instagram alors qu’elle n’avait que 11 ans. Ils évoquent aussi le cas de Carson Bride, un adolescent qui s’est suicidé après avoir été victime de cyberharcèlement sur Snapchat. Ils mentionnent également le drame de Landon Fuller, un garçon de 12 ans qui s’est donné la mort après avoir vu une vidéo sur TikTok montrant comment se pendre.
"They're holding our children hostage and they're seeking and preying on them," said Kathleen Spence.
— 60 Minutes (@60Minutes) June 5, 2023
The Spence family is suing social media giant Meta. They say Instagram led their 12-year-old daughter into depression and to an eating disorder. https://t.co/L2QXCXnlum
En mars 2021, il a été fait état des projets de Facebook de développer un produit destiné aux personnes trop jeunes pour s'inscrire officiellement sur Instagram, la plateforme exigeant que les utilisateurs aient au moins 13 ans. Facebook affirmait que cela permettrait à l'entreprise de se concentrer sur la confidentialité et la sécurité des enfants.
Un mois après, une coalition internationale de défenseurs de la santé des enfants, réunie par Campaign for a Commercial-Free Childhood, une organisation à but non lucratif basée à Boston, a écrit une lettre ouverte à Zuckerberg, le directeur général de Facebook, propriétaire d'Instagram pour lui demander de renoncer à ses projets. « Bien que la collecte de précieuses données familiales et la culture d'une nouvelle génération d'utilisateurs d'Instagram puissent être bonnes pour les résultats de Facebook, cela augmentera probablement l'utilisation d'Instagram par les jeunes enfants qui sont particulièrement vulnérables aux fonctions de manipulation et d'exploitation de la plateforme », pouvait-on y lire.
Instagram pour les enfants : l’ambition démesurée de Facebook face à la réalité des usages
Stephanie Otway, une porte-parole de Facebook, avait déclaré qu'Instagram en est aux premières étapes du développement d'un service pour les enfants dans le cadre d'un effort visant à garder les moins de 13 ans hors de sa plateforme principale. Bien qu'Instagram exige que les utilisateurs aient au moins 13 ans, de nombreux enfants plus jeunes ont menti sur leur âge pour créer des comptes : « Les enfants sont déjà en ligne et veulent se connecter avec leur famille et leurs amis, s'amuser et apprendre. Nous voulons les aider à le faire d'une manière sûre et adaptée à leur âge, et trouver des solutions pratiques au problème permanent de l'industrie des enfants qui mentent sur leur âge pour accéder aux applications ».
« Nous travaillons sur de nouvelles méthodes de vérification de l'âge pour empêcher les moins de 13 ans d'accéder à Instagram, et nous venons de commencer à explorer une expérience Instagram pour les enfants, adaptée à leur âge et gérée par les parents. Nous convenons que toute expérience que nous développons doit donner la priorité à leur sécurité et à leur vie privée, et nous consulterons des experts en développement de l'enfant, en sécurité des enfants et en santé mentale, ainsi que des défenseurs de la vie privée. Nous ne montrerons pas non plus de publicités dans toute expérience Instagram que nous développons pour les personnes de moins de 13 ans », avait-elle ajouté.
Face à l’inquiétude des parents, la multinationale américaine Apple, qui conçoit et commercialise les produits électroniques grand public, a lancé Screen Time, une fonctionnalité pour iPhone, iPad ou iPod touch qui permet de connaître le temps que vos enfants consacrent aux applications, aux sites Web, de définir des limites et de gérer les périphériques de vos enfants.
Malheureusement, force est de constater que contourner les contrôles parentaux d'Apple par les adolescents est relativement aussi simple que se prêter à un jeu sur mobile. En effet, sur les réseaux sociaux, les enfants partagent des astuces qui leur permettent de contourner Screen Time. Ils téléchargent des logiciels spéciaux capables d'exploiter les failles de sécurité d'Apple, de désactiver Screen Time ou de déchiffrer les mots de passe de leurs parents.
En octobre 2021, Facebook a annoncé la suspension de ses plans de lancement d'Instagram Kids après que des législateurs et d'autres personnes ont exprimé des inquiétudes quant aux effets de la plateforme de partage de photos sur la santé mentale des jeunes. Adam Mosseri, le responsable d'Instagram, application appartenant à Facebook, a déclaré que le service de réseaux sociaux mettait en pause ses travaux afin de pouvoir écouter les préoccupations et faire davantage pour démontrer la valeur de la version pour enfants, qui devait être dépourvue de publicité et permettre aux parents de surveiller l'activité des enfants.
Adam aurait nié que la décision de « mettre en pause » le travail de développement sur Instagram Kids était un aveu que le concept était une mauvaise idée. Il a également ajouté que c'était toujours la « bonne chose à faire » de construire une application autonome qui offre aux parents plus de contrôle et de supervision. « Je reste fermement convaincu que c'est une bonne chose de créer une version d'Instagram qui est fiable pour les préadolescents, mais nous voulons prendre le temps de parler aux parents, aux chercheurs et aux experts en sécurité et parvenir à un consensus sur la manière d'aller de l'avant », avait déclaré Adam Mosseri.
Une enquête du Wall Street Journal révèle que les propres recherches internes de l'entreprise ont révélé qu'Instagram était dangereux pour un pourcentage important de jeunes utilisateurs, en particulier les adolescentes qui ont des problèmes d'image corporelle. Instagram aurait détérioré l'image corporelle d'une adolescente sur trois. Ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à l'impact de l'application de partage de photos sur la santé mentale des adolescents. Instagram aurait également augmenté les taux d'anxiété et de dépression des adolescents.
La vérification de l’âge en ligne : une solution efficace pour certains et une atteinte à la vie privée pour d'autres
L'article a suscité une audience du Sénat sur le sujet. « Nous aggravons les problèmes d'image corporelle d'une adolescente sur trois », indique une présentation de 2019, résumant les recherches sur les adolescentes qui connaissent ces problèmes.
La secrétaire d'État britannique à la culture a déclaré qu'elle n'excluait pas de modifier le projet de loi sur la sécurité en ligne afin de permettre aux régulateurs de poursuivre les patrons de médias sociaux qui n'auraient pas protégé la sécurité des enfants. Le projet de loi sur la sécurité en ligne vise à réprimer toute une série de contenus en ligne qui, selon les ministres, causent un préjudice grave. Michele Donelan a déclaré qu'elle était ouverte aux changements demandés par des dizaines de députés conservateurs, et qu'elle adopterait une « approche raisonnable » de leurs idées.
Parmi les 36 députés qui ont signé l'amendement figurent l'ancienne ministre de l'Intérieur Priti Patel et l'ancien ministre du Travail et des Retraites Iain Duncan Smith. Les travaillistes ont également confirmé qu'ils soutiendraient l'amendement, augmentant ainsi la pression sur le Premier ministre. Parmi les autres changements apportés au projet de loi, figure la modification des plans précédents visant à s'attaquer aux contenus vus par des adultes qui sont préjudiciables, mais se situent en dessous du seuil de criminalité, tels que la cyberintimidation et les contenus sexistes et racistes.
En Australie, la commissaire à la cybersécurité, Julie Inman Grant, a proposé une « feuille de route » sur la sécurité en ligne. Elle décrit un moyen d'empêcher les mineurs d'accéder à des contenus pour adultes en s'assurant que les sites hôtes ont vérifié l'âge des utilisateurs. Le système de vérification de l'âge en ligne, nécessitant l'utilisation d'une pièce d'identité serait « invasive et risquée », selon des groupes de défense de la vie privée.
« La vérification de l'âge est une combinaison terrible d'invasivité et de risque, tout en étant inefficace pour l'objectif qu'elle est censée atteindre. Les méthodes qui sont moins invasives pour la vie privée sont facilement contournées par les enfants férus de technologie, et celles qui sont plus susceptibles de fonctionner pour limiter l'accès à la pornographie créent des risques massifs et disproportionnés pour la vie privée et la sécurité numérique », a déclaré Samantha...
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