« Un fabricant ou un concessionnaire ne doit pas nommer une fonction d'automatisation partielle de conduite ou décrire une fonction d'automatisation partielle de conduite dans des documents publicitaires en utilisant un langage qui implique ou qui pourrait autrement amener une personne raisonnable à croire que la fonction permet au véhicule de fonctionner comme un véhicule autonome ou qu'elle possède une fonctionnalité qui n'est pas réellement incluse dans la fonction. Une violation de cette subdivision est considérée comme une publicité mensongère », lit-on.
Une nouvelle mise à jour pour les véhicules Tesla est disponible depuis la mi-parcours du mois qui tire à son terme. La nouveauté : Tesla lance Steam dans ses voitures avec des milliers de jeux. La manœuvre était venue raviver le débat autour de la terminologie mise en avant par le constructeur (Full Self-Driving, Autopilot , etc.) En effet, elle renforce l’idée du « Ne vous inquiétez pas, vous pouvez même jouer au volant, Tesla s'occupe de tout, vous n'avez rien à gérer et vous n'avez à penser à rien d'autre qu'au divertissement avant tout. » Cette question de sécurité en lien avec la distraction au volant intervient dans un contexte où le constructeur lui-même reconnaît que ses véhicules en sont encore au stade d’aide à la conduite. Pourtant, les utilisateurs les considèrent comme des voitures dotées de complète autonomie.
L’automatisation disponible dans les véhicules disponibles à l’achat aujourd’hui est considérée comme étant de niveau 1 ou 2. Elle s’applique aux systèmes capables d’exécuter une ou plusieurs parties de la tâche de conduite sous la supervision du conducteur. Ces systèmes sont loin de l’automatisation de niveau 5, dans laquelle toute la tâche de conduite peut être effectuée sans intervention humaine dans toutes les conditions.
Malgré les limitations des systèmes actuels, certains noms semblent trop surprenants quant à la capacité du conducteur de détourner son attention de la route. Une étude a révélé comment les noms utilisés par les fabricants pour ces systèmes peuvent envoyer les mauvais messages aux conducteurs en ce qui concerne leur degré d'attention. Une autre a révélé que les conducteurs ne comprenaient pas toujours les informations importantes communiquées par les écrans du système.
Un cas pratique est celui du nom "Autopilot”. Ce dernier est susceptible de conduire les gens à surestimer les capacités de la technologie d'assistance au conducteur de Tesla. Les critiques préviennent que certains clients vont supposer qu’un système appelé “Autopilot” (pilote automatique) est totalement autonome. Les défenseurs de Tesla répliquent en soulignant que les capacités de pilotage automatique des avions ne sont pas totalement autonomes. Les pilotes doivent encore surveiller leur fonctionnement et intervenir en cas de problème, et le système de pilote automatique de Tesla n'est pas différent.
Une enquête de l'Institut d'assurance pour la sécurité routière fournit des données précieuses utiles à ce débat. Le groupe a posé des questions aux conducteurs sur les capacités de cinq systèmes avancés d'assistance au conducteur (ADAS - advanced driver-assistance systems). Ils ont identifié les produits uniquement par leur marque : Autopilot (utilisé par Tesla), Traffic Jam Assist (Audi et Acura), Super Cruise (Cadillac), Driving Assistant Plus (BMW) et ProPilot Assist (Nissan). Les participants à l'enquête ne savaient pas quel constructeur fabriquait chaque produit et ils n'en connaissaient pas les capacités. Il y avait 2 000 répondants au total, mais chacun n'a été interrogé que sur deux systèmes sur cinq, donnant lieu à quelques centaines de réponses pour chaque produit.
Il faut préciser qu’aucun de ces systèmes ne gère de manière fiable le maintien de la voie et le contrôle de la vitesse dans toutes les situations. Tous exigent que les conducteurs restent attentifs, et tous sauf Super Cruise, avertissent le conducteur si leurs mains ne sont pas détectées sur le volant. Super Cruise utilise plutôt une caméra pour surveiller le regard du conducteur et émettra un avertissement si le conducteur ne regarde pas vers l'avant.
Pour chaque système ADAS, les conducteurs ont été interrogés sur la sécurité de diverses activités qui ne sont pas recommandées par les constructeurs automobiles (de l’acte consistant à enlever ses mains du volant à la sieste pendant la conduite). Un plus grand nombre de participants ont estimé que poser chacun de ces actes était sans conséquence avec Autopilot activé plutôt qu'avec l'un des quatre autres systèmes ADAS.
Par exemple, 48% des personnes interrogées ont déclaré qu’il était sans danger pour un conducteur d’enlever ses mains du volant quand Autopilot était activé, contre environ 33% pour ProPilot Assist et moins de 30% pour les autres systèmes nommés. Six pour cent des conducteurs ont déclaré qu'il était sans danger de faire la sieste dans une voiture avec Autopilot activé, tandis que seulement trois pour cent ont déclaré la même chose pour les autres systèmes ADAS.
Tesla vient pourtant d’annoncer le lancement de Steam dans ses véhicules au mépris de toutes ces données et donc renforce les craintes en lien avec la distraction au volant.
La distraction au volant est une cause majeure de l'augmentation du nombre de décès sur la route aux États-Unis. Au cours des six premiers mois de cette année, 20 160 personnes sont mortes dans des accidents de la route, selon les estimations du ministère des Transports. Il s'agit d'une augmentation de 18,4 % par rapport au premier semestre de 2020 et du chiffre le plus élevé depuis 2006. L'inattention du conducteur est officiellement citée comme la cause d'environ 10 % des décès sur la route, a déclaré Steve Kiefer, un cadre supérieur de General Motors qui dirige également une fondation dédiée à la lutte contre la distraction au volant. Mais lui et d'autres experts en sécurité pensent que le chiffre réel est beaucoup plus élevé parce que, selon eux, les enquêtes sur les accidents négligent souvent la distraction et citent d'autres causes, comme la conduite dangereuse. « Je pense que le chiffre est plus proche de 50 pour cent », a déclaré Kiefer.
La distraction au volant découle d'activités qui retirent les mains des conducteurs du volant, détournent leurs yeux de la route ou détournent leur attention de la tâche de conduite. Elle est souvent liée à l'utilisation d'un smartphone, comme l'envoi de SMS ou d'e-mails au volant, mais il arrive aussi que les conducteurs lisent des livres ou se maquillent. Certains États interdisent l'utilisation du téléphone portable en main au volant. Les constructeurs automobiles, Apple et Google ont développé des logiciels embarqués pour faciliter l'utilisation de commandes vocales pour envoyer des SMS et passer des appels téléphoniques, tout en gardant les mains libres, pendant la conduite.
Source : CLI
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Voir aussi :
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