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La BCE fait appel à Amazon et à quatre autres sociétés pour développer des interfaces utilisateur potentielles pour l'euro numérique,

Chaque société se penchera sur un cas d'utilisation spécifique

Le 2022-09-17 19:42:26, par Bill Fassinou, Chroniqueur Actualités
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé vendredi qu'elle avait choisi la société technologique Amazon, la fintech Nexi, la banque numérique espagnole CaixaBank, la plateforme de paiement française Worldline et l'Initiative européenne pour les paiements, ou EPI, pour se concentrer chacune sur le développement d'un prototype d'interface utilisateur basé sur des cas d'utilisation spécifiques de l'euro numérique. La BCE a néanmoins précisé que ces prototypes d'interfaces utilisateur ne seront pas réutilisés dans les phases ultérieures du projet de monnaie numérique.

Comme l'explique la BCE elle-même, l'euro numérique serait comme les billets de banque en euros, mais numérique. Il s'agirait d'une forme de monnaie électronique, émise par l'Eurosystème (la BCE et les banques centrales nationales de la zone euro), et qui serait accessible à tous les citoyens et entreprises. L'euro numérique ne remplacerait pas les espèces, mais les compléterait. L'euro numérique donnerait aux gens un choix supplémentaire sur la manière de payer et faciliterait cette tâche, contribuant ainsi à l'accessibilité et à l'inclusion. L'UE prévoit d'achever la phase d'investigation de son projet d'euro numérique à l'automne 2023.

Le vendredi 16 septembre 2022, la BCE a annoncé qu'elle va commencer le prototypage et pour l'occasion, elle travaillera avec cinq entreprises technologiques qui développeront chacune une interface utilisateur potentielle pour l'euro numérique. L'espagnole CaixaBank, la française Worldline SA, l'italienne Nexi S.p.A., EPI, un consortium de banques et d'acquéreurs tiers, et le géant américain du commerce électronique Amazon sont les entreprises ciblées par la BCE. Elle a indiqué dans son communiqué que ces cinq sociétés ont été choisies parmi 54 fournisseurs de services frontaux qui ont soumis leur candidature en avril.



« L'objectif de cet exercice de prototypage est de tester le degré d'intégration de la technologie sous-jacente à l'euro numérique avec les prototypes développés par les entreprises », a précisé l'institution basée à Francfort. Chaque entreprise se concentrant sur une utilisation numérique spécifique de la monnaie de la zone euro. Le partage des tâches par la BCE se présente comme suit :

  • CaixaBank : paiements en ligne de pair à pair ;
  • Worldline : paiements hors ligne de pair à pair ;
  • EPI : paiements au point de vente initiés par le payeur ;
  • Nexi : paiements au point de vente initiés par le bénéficiaire ;
  • Amazon : paiements pour le commerce électronique.


La BCE sera probablement l'une des premières banques centrales des économies avancées à émettre une forme numérique de sa monnaie, les responsables prévoyant un lancement officiel possible au milieu de cette décennie. La BCE se trouve actuellement dans la "phase d'investigation" de deux ans du projet d'euro numérique et n'a pris aucune décision formelle quant au lancement d'un euro numérique. Bien que ces sociétés privées travaillent sur différents cas d'utilisation et intégrations pour l'euro numérique, la Banque centrale européenne est la seule responsable du développement du code et de l'infrastructure de l'euro numérique.

En outre, la BCE a précisé que les prototypes créés par ces cinq entreprises privées serviront uniquement à tester la fonctionnalité de l'euro numérique et ne seront pas réutilisés dans les phases ultérieures du projet. Roberto Catanzaro, directeur de la stratégie et de la transformation de Nexi Group et membre du groupe consultatif sur le marché de l'euro numérique, a déclaré dans un communiqué de l'entreprise que Nexi Group est fier que sa plateforme de paiement contribue au développement de l'euro numérique. L'espagnole CaixaBank s'est également félicitée sur Twitter de participer au développement de l'euro économique.

La BCE évalue également les risques liés au lancement de l'euro numérique. Selon certaines sources, la BCE craint que le lancement de l'euro numérique ne provoque une "fuite des dépôts dans les banques commerciales", raison pour laquelle elle travaille avec plusieurs fournisseurs de paiement de premier plan pour analyser les risques et les opportunités associés au lancement de la CBDC pour les particuliers et les entreprises. Il convient également de mentionner que les préoccupations de la BCE s'accompagnent du profond krach économique qu'a connu la Banco Popular espagnole en 2017.

Lors de cet événement, plusieurs entreprises et entités publiques ont retiré leurs fonds en moins de deux mois, faisant perdre tout leur argent à plus de 300 000 actionnaires mineurs. En outre, les responsables de la BCE ont récemment déclaré, lors d'un événement organisé par le Comité économique et social européen, que l'euro numérique sera destiné au commerce de détail, de sorte que son utilisation sera limitée à des types spécifiques de personnes, empêchant les entreprises de l'utiliser pour régler des factures ou pour effectuer des transactions sur des plateformes décentralisées.

Enfin, la BCE a déclaré que l'euro numérique serait sans risque et respecterait la vie privée et la protection des données. Mais tout le monde n'est pas convaincu. Selon des critiques, les monnaies numériques de banques centrales sont une initiative effrayante, car chaque instance de la monnaie a un identifiant, de sorte que le gouvernement pourrait suivre et contrôler la façon dont elles sont dépensées. Certains voient une valeur intrinsèque dans la vie privée ; d'autres craignent que la monnaie numérique ne soit détournée à des fins de discrimination des prix ou d'abus de surveillance.

Selon eux, l'exploitation des données de transaction sensibles associées à la monnaie numérique aurait un effet paralysant sur la liberté individuelle et la vie publique. Ainsi, lorsqu'elle décidera d'introduire un euro numérique, la BCE devra examiner des considérations juridiques, telles que la base juridique de l'émission d'un euro numérique, la question de savoir si un euro numérique peut avoir cours légal, les questions de droit privé, le risque cybernétique, l'application des règles de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, ainsi que les aspects liés à la protection de la vie privée et des données.

Sources : La Banque centrale européenne, Nexi Group (PDF), CaixaBank

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  Discussion forum
24 commentaires
  • HaryRoseAndMac
    Membre extrêmement actif
    La BCE, qui fait appel à une boite non Européenne, pour développer un truc Européen ...

    Comment veux tu après que les boites Européenne donne du crédit à l'Europe si déjà à cet échelon l'Europe ne les respectes pas.
  • pierre-y
    Membre chevronné
    On demande a Amazon pour un interface utilisateur? Je veux monter une fabrique de poulet, je vais demander a Peugeot?

    "Comme l'explique la BCE elle-même, l'euro numérique serait comme les billets de banque en euros"
    Et surtout bien plus traçable et blocable.
  • RxB2038
    Membre régulier
    La monnaie numérique c'est la porte ouverte au contrôle social.

    Une autorité centrale peur la valider, l'invalider, la valider pour certaines opérations, ou seulement dans une zone géographique prédéterminée (qui peut se limiter à une région, une ville, voire un quartier, pourquoi pas). Il peut avoir une valeur données pour une durée donnée (genre ton fric expire, ou sa valeur diminue).

    Une autorité centrale peut décider que ta monnaie n'est pas valide pour certains achats, ou dans certains commerces (au bon vouloir de l'orientation du gouvernement en place dans ton pays). et je ne parle même pas de la mendicité, des dons de la main à la main.

    Les sociétés sans cash c'est un rêve humide néo libéral en marche depuis déjà un moment.

    Ça va de pair avec le crédit social, les identifiants numériques uniques (et mondiaux).

    Les néo libéraux, faut pas dire que du mal, ils ont tous lu 1984, le seul souci, c'est qu'il l'ont compris comme un manuel d’instructions.

    Je sais, je sais, je suis parano, on en reparlera dans vingt ans
  • Coeur De Roses
    Membre actif
    Envoyé par HaryRoseAndMac
    La BCE, qui fait appel à une boite non Européenne, pour développer un truc Européen ...

    Comment veux tu après que les boites Européenne donne du crédit à l'Europe si déjà à cet échelon l'Europe ne les respectes pas.
    Oui c'est ce que je me suis dit, j'ai plutôt penser que la BCE était du genre à vouloir renforcer la puissance européene niveau entreprise.
  • OrthodoxWindows
    Membre émérite
    Ah mince, la CNIL devient complotiste .
  • kain_tn
    Expert éminent
    Envoyé par Bruno

    Pensez-vous que la monnaie numérique pourra tuer le cash ? Sinon, comment peut-elle coexister avec le cash ?
    J'espère que non.

    Envoyé par Bruno

    Quels peuvent être les avantages et les inconvénients de la monnaie numérique pour les citoyens, les entreprises et les autorités publiques ?
    Les avantages et inconvénients de quel point de vue?

    Du point de vue de l'UE, c'est parfait! Toutes les transactions deviennent associées à une personne. Pas de blanchiment possible sans la complicité de l'UE.

    C'est le citoyen lambda qui va porter tous les inconvénients: vu qu'il n'y a rien de physique, c'est facile d'empêcher quelqu'un de dépenser et de bloquer tous ses accès ou de favoriser ses créanciers en fin de mois, même s'il s'agit d'une erreur et que la personne n'a plus rien à se mettre sous la dent.

    Quel magnifique avenir!
  • OrthodoxWindows
    Membre émérite
    Envoyé par RxB2038
    Je sais, je sais, je suis parano, on en reparlera dans vingt ans
    Tu ne l'est pas. Il y a encore un an, évoquer la fin du liquide été complotiste

    Certaines personne sont dans le déni de l'arrivé du contrôle social et considèrent que ce qui n'est pas annoncé officiellement n'existe pas.
    Et quand ça arrive "ben on pouvait pas le prévoir ".
  • mith06
    Membre expérimenté
    L'euro numérique ne remplacerait pas les espèces, mais les compléterait
    Evidemment! Les députés et autre membres de la commission européenne ont besoin de garder un moyen de paiement en liquide pour dissimuler les pots de vin des lobbyistes.

    https://www.hatvp.fr/lobbying/actualites/la-regulation-du-lobbying-au-niveau-de-lunion-europeenne/
  • pierre-y
    Membre chevronné
    La même ue qui envoit nos données personnel au usa? C'est ça sa protection numérique de nos données. Quel escroquerie.
  • mith06
    Membre expérimenté
    Tant que c'est centralisé et qu'ils peuvent l'imprimer à l'infinie, le citoyen se sentira sera protégé.